Vers un Noël sans chorale
Le temps des Fêtes représente la moitié des revenus annuels de nombreuses chorales amateurs.

Une église vide
Photo : iStock
Depuis la deuxième vague, des chorales amateurs ont été de nouveau réduites au silence, après un retour timide pour certaines, cet été.
L'Alliance chorale du Québec, qui regroupe 250 chœurs, estime que moins de la moitié d'entre eux se sont tournés vers les répétitions en ligne.
Les autres continuent à communiquer entre eux, mais ils ont cessé leurs activités en septembre. La deuxième vague a un peu démotivé certains
, relate Marie-Élène Lamoureux, directrice générale d'Alliance chorale du Québec.
« On a un sentiment de tristesse. Le plus difficile, c'est que les gens ne puissent pas chanter ensemble. »
La pause des activités entourant le chant choral a aussi un impact financier. La période de Noël représente la moitié de nos revenus. Certains chœurs n'ont pu se permettre d'embaucher un chef cet automne
, ajoute Marie-Élène Lamoureux.
« Je crois qu'il va y avoir une certaine nostalgie pendant les messes de Noël, vu qu'il n'y aura pas de chant choral »
De son côté, Louise-Marie Pelletier dirige les Petits chanteurs de Beauport. Elle a fondé sa chorale il y a 40 ans cette année. En moyenne, près d'une cinquantaine de choristes âgés de 9 à 17 ans s'inscrit annuellement .Cette ancienne professeure de musique au primaire a véritablement le chant choral gravé sur le cœur.
En période de pandémie, c'est important de maintenir le lien entre les choristes et de continuer à nourrir le plaisir de chanter chez les enfants
, raconte Louise-Marie Pelletier des Petits chanteurs de Beauport.
Comme d'autres chorales, Louise-Marie Pelletier a dû mettre fin aux répétitions en présentiel dès le début de la crise sanitaire.
Cet automne, elle a mis en place une plateforme numérique. Vingt-cinq enfants se sont inscrits. Les répétitions se tiennent un soir par semaine.
Les objectifs sont différents. On n'est pas dans la performance de haute qualité sonore. Je leur dis : "Écouter ma voix, puis essayer de chanter en même temps que moi." Je sais exactement quelle mesure va être difficile, où je dois faire répéter. Je m'arrête et je dis : "Faites attention, il y a ici un saut d'octave"
, illustre Louise-Marie Pelletier.
« Le plus grand défi, c'est que je ne les entends pas. Si je n'avais pas l'expérience comme cheffe de chœur je ne pourrais pas faire ça. »
Pendant le temps des Fêtes, la chorale de Madame Pelletier offrait différentes prestations soit à la messe de Noël, dans des centres d'hébergement pour personnes âgées ou encore en plein air dans des lieux publics.
C'est la première année qu'on ne pourra pas. C'est une grande tristesse. On apporte du réconfort dans les CHSLD. Pour moi, les voix des enfants, c'est un canal extraordinaire pour propager l'harmonie, la paix intérieure
, ajoute Louise-Marie Pelletier.
Un baptême pas comme les autres
Marianne Lapointe, 9 ans, est choriste chez les Petits chanteurs de Beauport. C'est sa première année d'expérience.
Je trouve que c'est quand même le fun par Zoom et c'est mieux que rien. Ne pas chanter dans une chorale à Noël, je vais me sentir un peu triste
, relate Marianne Lapointe.
De son côté, Olivia Desgagné, âgée de 15 ans, est en est à sa 6e année de chant choral. La vie en chorale lui manque.
C'est comme une deuxième famille. À chaque Noël, on chantait à la messe avec nos aubes. Mais je suis certaine que l'an prochain, on va reprendre cette tradition là
.
Il va y avoir sûrement une personne qui va chanter seule dans certaines messes de Noël. C'est très beau, mais c'est sûr que ce ne sera pas la même magie qu'avec un choeur
, croit Marie-Élène Lamoureux.