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Pandémie : quand l’humain résiste au changement

Illustration d'une tête qui contient des pensées tandis qu'autour de la tête se trouve un champ de négativité qui bloque des pensées externes.

La pandémie actuelle a bousculé le quotidien de plusieurs, ce qui peut provoquer une plus grande résistance aux changements.

Photo : Radio-Canada / Simon Blais

Radio-Canada

Quand il est désiré, le changement peut s’avérer heureux et positif. Mais que se passe-t-il lorsque la transformation, en plus d’être imposée, touche tout le monde? Trois experts se prononcent sur la capacité d’adaptation des gens en contexte pandémique.

Le philosophe René Villemure, la psychologue Catherine Petit et le sociologue Marc Lesage s’entendent sur une chose : l’être humain vit bien le changement lorsqu'il a eu le temps de l’apprivoiser, voire de le planifier, comme lors d’une naissance ou d’un déménagement, par exemple.

Naturellement, l’être humain est doté de capacités d’adaptation lui permettant de s’accoutumer aux modifications dans son environnement, font valoir les trois spécialistes. C’est plutôt quand il fait face à un imprévu que son cerveau reptilien déclenche réflexes innés et instinct de survie.

La pandémie actuelle a bousculé le quotidien de plusieurs, pouvant ainsi provoquer une plus grande résistance aux changements, observent MM. Lesage et Villemure ainsi que Mme Petit.

René Villemure, philosophe

D’emblée, le philosophe René Villemure rappelle que le changement est omniprésent dans la vie humaine. Il cite en exemple le temps qui passe et le vieillissement. Même l’évolution rapide des technologies dans les dernières décennies, un bouleversement pourtant notoire selon lui, s’est faite graduellement.

De l’avis de M. Villemure, la nature du changement crée la résistance : plus il est rapide et envahit différentes sphères du quotidien, plus l’humain risque de se braquer.

Profondément, on vit d’une manière totalement différente de celle dont on vivait l’année passée, donc il y a quelque chose de brutal là-dedans.

Une citation de René Villemure, philosophe

Selon le philosophe, comme la pandémie a des répercussions sur les individus à l’échelle planétaire, personne ne peut prétendre y être indifférent.

On regarde dans la rue et on sait qu’il se passe quelque chose, note-t-il. Notre côté animal et reptilien le ressent, ce changement-là. Donc, même si on se disait : "ça ne me dérange pas", bien, ce n’est pas vrai.

René Villemure prétend que pour cesser de résister au changement, il faut le comprendre, c’est-à-dire saisir l’ensemble des éléments qui le composent.

On essaie de comprendre quelque chose dont on n’a pas tous les éléments en main, détaille-t-il, en faisant référence à la nouveauté relative du virus. On est devant cette résistance-là au changement parce qu’on ne le comprend pas. Ça nous affecte directement et on n’en voit pas la fin.

Catherine Petit, psychologue

La psychologue Catherine Petit fait valoir que face à un changement radical, imprévu et imposé, la réaction la plus commune est la résilience, une stratégie développée pour faire face aux tensions.

Il faut s’ouvrir à l’inconnu, laisser surgir le positif et accepter que, dans l’adversité, il peut y avoir de très belles choses qui viennent.

Une citation de Catherine Petit, psychologue

Parfois, remarque-t-elle, certaines personnes se mettent à déployer leur potentiel d'adaptation de façon exponentielle, tant elles embrassent le changement auquel elles sont confrontées.

La personne va exploser et briller dans un domaine en trouvant des réponses à sa difficulté du moment tout à fait surprenante, mais généralement aussi brillante, décrit la psychologue. On ne s’attendait pas à ça, rien ne permettait de suggérer que ce domaine-là allait se développer chez cette personne.

Mme Petit reconnaît également que le cerveau humain a peur de l’inconnu et sent sa sécurité menacée s’il perd le contrôle. Il déploie alors des ressources adaptatives pour se protéger, mais ces dernières peuvent rapidement être épuisées par un changement de grande envergure.

On est submergé, puis c’est à ce moment-là que peuvent arriver l’anxiété et la dépression, prévient la psychologue.

Marc Lesage, sociologue

Marc Lesage constate de son côté que les humains ont des comportements sociaux différents comparativement à il y a un an, notamment quand ils croisent une connaissance dans un lieu public. La proximité, le langage corporel et même la nature des conversations ont changé.

Ce sont les humains qui se protègent contre quelque chose qu’on ne voit pas, qui est pourtant là, qui est présent dans pratiquement toutes nos relations.

Une citation de Marc Lesage, sociologue

Comme la pandémie perturbe le fonctionnement de grandes institutions sociales telles que l’école et les hôpitaux, le sociologue fait un parallèle avec une situation de guerre : Ce ne sont pas des bombes qui nous tombent sur la tête, mais il y a quand même beaucoup d’êtres humains qui en sont tués et ça transforme complètement notre système, évoque-t-il.

Une crise comme l'actuelle pandémie marque par ailleurs, souligne M. Lesage, le retour de l’« État-providence » qui tendait à disparaître, avec la mondialisation des deux dernières décennies.

La bonne nouvelle, à travers tout ça, c’est que dans l’ensemble des états démocratiques, l’accent a été mis – et est encore mis – sur l’idée de sauver les vies humaines, fait-il valoir.

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