COVID-19 : des remises en question positives

Difficile d'avoir des pensées positives pendant cette période, mais certains en ont tiré profit.
Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La pandémie malmène la santé mentale des gens, mais certains ont pu ressortir du positif et même des opportunités de tous ces bouleversements. Voici quelques histoires de petites victoires personnelles qui pourraient bien inspirer en cette période d’incertitudes.
Se remettre en santé
Le Torontois Karl Klimos travaillait dans l’événementiel avant la pandémie. Il a rapidement perdu son emploi.
Comme toutes les personnes qui travaillent beaucoup, je cuisinais peu, j’avais la flemme après mes longues journées
, raconte-t-il.
Karl s’est donc mis à cuisiner tous azimuts. Un plaisir simple qui lui a permis de continuer à voyager à travers les mets.
« J’ai vécu dans neuf pays différents et j’avais une certaine nostalgie de ces voyages, maintenant c'est comme si je voyageais tout en restant chez moi. »
Mais outre l’évasion, c’est surtout une vie plus saine que Karl a trouvée. J’ai toujours eu des problèmes de poids, et le sport et moi, on était comme deux droites parallèles
, plaisante-t-il.
Karl s’est mis à marcher deux à trois heures chaque jour.
Lundi dernier, j’avais mon entretien avec mon médecin de famille, on a fait mon test sanguin et j’ai été surpris. Les taux de triglycéride et acide urique que j’avais auparavant ont totalement disparu
, se réjouit-il.
Il ne cache pas pour autant que cette année n'a pas été facile tous les jours. Pour ce Libanais d’origine, les récents événements survenus dans son pays ont été difficiles.
On n’a pas été créés pour être enfermés dans une chambre ou dans une maison, mais je me suis dit que j’avais plein de choses sur ma liste de choses à faire et qu’il était temps de m’y mettre
, conclut-il.
À lire aussi :
Revoir ses priorités
Justin Kingsley est un habitué de la gestion de crise. Ce stratège en communication raconte que quand cette pandémie a commencé, il s’est posé la question : Comment faire pour transformer cette période en une opportunité pour devenir une meilleure version de moi-même?
« La première chose que je me suis dite, c’est que chaque jour, j’allais jouer avec mon fils de 6 ans et demi. Que dans 25 ans, quand il pensera à cette pandémie, il se rappellera que tous les jours il a joué avec son papa. »
Justin a aussi continué à s’entraîner quotidiennement et a fait de la méditation.
Il faut simplifier les choses. Ça ne sert absolument à rien de mettre de l’énergie sur des questions auxquelles on ne peut pas répondre et des choses qu'on ne peut pas contrôler. Concentrons-nous sur ce qu’on a devant nous et les choses sur lesquelles on peut avoir un impact
, dit-il.
Il a pourtant perdu la majorité de ses revenus, car son métier, c’est la communication. À la place, Justin en a profité pour finir d’écrire des livres sur lesquels il travaillait ainsi que le montage d’un documentaire. Il s’est aussi mis à la pâtisserie et partage ce qu’il cuisine dans son quartier de la Petite Italie, à Montréal.
Justin explique toutefois que s’il a trouvé cette force intérieure, c’est parce que lui-même connaît l’anxiété et la dépression. J’ai eu des moments et des journées où c’était vraiment dur. Mais je me suis permis de vivre ces journées-là, c’est aussi important de la faire
, confie-t-il.
« Mais concrètement, la première chose que les gens doivent apprendre à faire, je pense, c’est respirer. »
À écouter :
Lancer son entreprise
Ophélie Princé et Maxime Moyson viennent tous deux de France. Ils ont récemment fondé Candelae, une boutique en ligne de bougies parfumées.
On s'est rendu compte qu'on était complètement coupés de toutes nos relations du jour au lendemain
, explique Ophélie.
Maxime a aussi perdu son travail au début de la pandémie, avant d'en retrouver un. Ça a remis beaucoup de choses en question. Et puis, au fur et à mesure des mois, on s'est rendu compte que la pandémie était là pour durer
, ajoute la jeune femme.
Lorsque des amis à eux ont eu leur premier enfant à Montréal, le couple a voulu leur faire savoir qu’il pensait à eux. Puis, ils se sont dit que ce serait une bonne idée de faire de même pour leurs collègues et leurs amis. Pour dire "je pense à toi", un geste significatif en cette période de pandémie
, estime Ophélie.
« Le concept, c’est vraiment de pouvoir apporter quelque chose de très important dans les relations qu’on ne peut avoir en physique. Dire merci, dire je t’aime, dire je pense à toi. »
Le couple travaille avec deux fournisseurs de bougie d’Ontario pour favoriser la production locale et écoresponsable. Les petits mots qui accompagnent les bougies sont écrits à la main.
Cela demande un gros investissement personnel à côté de leurs emplois respectifs. Les deux collections sorties ont également un lien étroit avec la pandémie : Remember that time
pour se rappeler les bons moments vécus ensemble et Recharge
pour vivre le moment présent et en profiter.
« L’idée, c’est vraiment de célébrer les relations personnelles et professionnelles et faire en sorte que la distance ne soit plus un frein, mais une opportunité. On peut toujours être ensemble, même s'il y a une distance. »
Changer de carrière
Renaud Saint-Cyr est président de la Coalition ontarienne de formation des adultes et directeur du centre de formation Alpha Toronto. Il explique avoir remarqué un intérêt particulier au cours des derniers mois de la part d'adultes qui souhaitent revenir sur les bancs d'école afin de changer de carrière.
On a de plus en plus de demandes ces derniers mois, pour entrer dans le Collège des médecins, par exemple, des apprentissages pour la plomberie, le soudage, l'électricité
, indique-t-il.
Il y a aussi une clientèle immigrante et francophone à Toronto qui peut profiter de ce moment pour trouver un domaine qui lui correspond davantage, selon lui.
« C'est une table rase pour se réinventer et finalement, avoir une opportunité de réellement participer comme citoyen. »
D'autres n'ont pas le choix de se réorienter après la perte d'un emploi. Notre travail, c'est de mettre cette personne à la bonne place
, dit-il.
La deuxième vague n'est pas terminée, mais inévitablement, elle va finir. Il y a énormément de gens qui vont avoir perdu leur emploi. On ne sait pas encore le nombre, mais on sait que le gouvernement va avoir un plan de relance économique. C'est clair, ça va être comme en 2008, même plus grave. Et nous, on est prêts
, affirme-t-il.
La COVID nous a appris à être beaucoup plus conscients
On est constamment ramenés au fait que nous pouvons potentiellement contaminer quelqu'un, ou l’être, en tout temps
, rappelle pour sa part le psychologue clinicien Pierre Faubert.
Cela crée forcément de l’anxiété et même de l’angoisse pour certaines personnes, reconnaît le psychologue. Mais il veut aussi rappeler que c’est une occasion de réfléchir en profondeur au sens de la vie, de la mort et de nos relations interpersonnelles.
On est maintenant acculé au mur du secret de la loupe. Et cette loupe nous oblige à voir des choses qu’on n’a pas l’habitude de voir. La nature a horreur du vide, mais en y étant confronté, on va aller puiser plus profondément en soi pour trouver quelque chose qui va le combler, ce vide.
« C’est un jardin qui n’a jamais été cultivé pour certains et on peut découvrir toutes nos ressources intérieures dans des situations comme celles-ci. »
Sans minimiser l’impact énorme que peut avoir cette pandémie sur bien des personnes, le psychologue estime qu’il est important de créer de nouveaux rapports les uns avec les autres, de nouveaux rituels aussi. Que ce soit écrire une lettre à la main, faire savoir aux autres qu’on pense à eux et qu’on est à l’écoute
, cite-t-il.
C'est une relation d'amour-haine avec cette histoire et il y aura des choses qui ont été vécues pendant la pandémie qui seront marquantes pour le restant de la vie de beaucoup de gens, et pas nécessairement dans le négatif
, conclut-il.