Les véhicules miniers électriques gagnent en popularité
Un camion électrique à remorque modulaire de MacLean Engineering, une entreprise de Collingwood, en Ontario.
Photo : Radio-Canada / Philippe de Montigny
C’est une innovation qui fait des vagues dans l'industrie minière, un des secteurs d’activités les plus polluants au Canada : une compagnie ontarienne construit des véhicules miniers propulsés non pas au diesel, mais à l'électricité.
Depuis 1973, MacLean Engineering vend des camions brise-roche, des foreuses, des boulonneuses et bien d’autres véhicules miniers alimentés au diesel. Soucieuse des changements climatiques, l’entreprise de Collingwood offre désormais des modèles à batterie rechargeable.
Depuis environ cinq ans, MacLean a fait un pivot en allant vers la technologie électrique avec toute la gamme de produits qu'on fabrique.
Le moteur électrique est plus puissant et beaucoup moins bruyant que son homologue alimenté au diesel. C’est quand même un gros camion minier, mais ça sonne comme un chariot de golf
, lance-t-il.
Ça amène une belle performance sous terre, ça améliore le cycle de production et ça réduit leurs coûts.
Selon lui, l’appétit pour ces technologies électriques vient surtout des compagnies qui développent de nouveaux projets miniers, ou celles dont la flotte de véhicules est vieillissante.
Des économies pour les minières
La mine d’or Borden, située près de Chapleau, dans le nord de l'Ontario, est l'une des premières au monde à électrifier ses activités.
Pour la compagnie minière Newmont, les économies sont énormes. Le directeur des mines, Patrick Chabot, explique qu’avec de l'équipement à moteur diesel, il faut un système de ventilation des mines souterraines.
Les véhicules électriques zéro émission lui permettent donc de réduire ses coûts d’exploitation et d'améliorer la qualité de l'air pour ses travailleurs.
On parle d'environ deux millions de litres de diesel de moins par année, souligne M. Chabot. On parle aussi d'une réduction d'environ 30 000 MWh de consommation d'énergie électrique parce qu'on réduit de moitié la ventilation souterraine.
Newmont réduit aussi de plus de 7000 tonnes ses émissions annuelles de gaz à effet de serre, une baisse de 70 %, grâce à cette nouvelle technologie dans la mine Borden.
Ce sont des gains qui sont significatifs pour notre empreinte environnementale.
Bien qu’un modèle électrique de MacLean coûte jusqu'à 30 % de plus qu'un véhicule équivalent propulsé au diesel, l'investissement en vaut la peine, selon lui.
Principalement, c'est la technologie qui est impliquée là-dedans. Les batteries même sont encore assez coûteuses comparées à un moteur diesel qui a une production de chaîne qui se fait depuis des années
, explique Tony Caron de MacLean Engineering.
Pour atténuer l'angoisse de la panne, l'entreprise a conçu un moteur qui peut générer sa propre électricité, mais les véhicules nécessitent tout de même une recharge après chaque quart de travail.
Quand le véhicule descend une pente dans la mine, il se recharge, affirme M. Caron. Il y a un système qui nous permet de récupérer jusqu'à 30 % de l'énergie consommée.
Ventes en progression
MacLean construit ses véhicules électriques sur mesure, en fonction des besoins des clients. Une fois assemblés à Collingwood, ils sont acheminés dans la région de Sudbury, où ils sont testés rigoureusement dans une mine.
L’entreprise en a vendu une trentaine en Ontario, au Manitoba, en Colombie-Britannique et à Terre-Neuve-et-Labrador.
Si on continue avec nos projections, je crois qu’on devrait au moins tripler ça dans les cinq prochaines années
, affirme le vice-président Tony Caron.
La compagnie espère bientôt percer au Québec et ailleurs dans le monde. Pour y arriver, MacLean compte profiter de sa présence au Mexique, en Australie, au Pérou et en Afrique du Sud, où elle vend déjà depuis des années de l'équipement alimenté au diesel.
Les modèles électriques représentent environ 10 % de ses ventes totales, pour l’instant. On s’attend à ce que cette proportion change très prochainement
, lance M. Caron.