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La ministre des Pêches se défend d’ignorer les pêcheurs commerciaux

Le chef de Sipekne’katik Mike Sack menace de perturber la saison de pêche au homard dans la zone 34, qui commence à la fin du mois.

Debout à la Chambre des communes, Bernadette Jordan lève la main droite.

Bernadette Jordan, ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne (archives).

Photo : La Presse canadienne / Justin Tang

Radio-Canada

La ministre fédérale des Pêches, Bernadette Jordan, assure que le gouvernement fédéral n’ignore pas les pêcheurs commerciaux non autochtones dans la baie Sainte-Marie, en Nouvelle-Écosse. Ces derniers sont inquiets des activités de pêche hors saison menées par certaines communautés autochtones dans les Maritimes.

Devant le comité permanent des pêches et des océans, mercredi en fin d’après-midi, la ministre a dû se défendre d’ignorer les récriminations des pêcheurs commerciaux, mais n'a pas convaincu l'opposition.

Selon Richard Bragdon, député conservateur de Tobique—Mactaquac, au Nouveau-Brunswick, les pêcheurs ne se sentent pas écoutés par le fédéral. Il ajoute que les Canadiens se demandent si Ottawa cherche à instaurer deux organes distincts de gestion des pêches.

J’ai entendu haut et fort les préoccupations des pêcheurs commerciaux, a maintenu la ministre Jordan. Les négociations sont entre les Premières Nations et le gouvernement.

Bernadette Jordan devant une webcam durant les travaux du comité.

La ministre des Pêches, Bernadette Jordan, devant le comité permanent des pêches et des océans le 18 novembre 2020.

Photo : ParlVU / Chambre des Communes

Les pêcheurs commerciaux souhaitent participer aux négociations avec le fédéral, a noté la ministre, mais le rôle d’Allister Surette, le représentant spécial nommé en octobre par Ottawa dans ce conflit, est justement de faire en sorte que le gouvernement demeure en communication avec les pêcheurs commerciaux, a soutenu Mme Jordan.

Allégations de braconnage organisé

Dans un récent entretien avec Radio-Canada, l'ancien ministre libéral des Pêches, Robert Thibault a parlé de braconnage organisé dans la région de la baie Sainte-Marie, où des gens de la communauté acadienne accueillent ou recrutent des gens de la communauté autochtone pour venir faire une pêche hors saison, une pêche commerciale, a-t-il soutenu.

Interrogée à ce sujet par le député conservateur de Nova-Ouest, Chris d’Entremont, mercredi après-midi, la ministre Jordan a refusé de répliquer directement aux allégations formulées par M. Thibault.

Je ne peux spéculer sur des choses qui sont, littéralement, de la spéculation, a-t-elle dit. S’il y a des activités illégales, elles doivent être signalées à la GRC.

Pressée par le député néo-écossais, la ministre Jordan a affirmé qu’un certain nombre de casiers à homards avaient été saisis et des accusations déposées pour des activités de pêche illégale, mais n’a pas fourni de chiffres précis.

Je ne peux pas discuter d’enquêtes en cours, a dit Mme Jordan.

La ministre n'a pas lu l'arrêt Marshall « au complet »

Rob Moore, le député conservateur de Fundy Royal, au Nouveau-Brunswick, a demandé à Bernadette Jordan si elle avait lu au complet la décision Marshall rendue par la Cour suprême du Canada en 1999, qui confirmait le droit des Autochtones à une pêche de subsistance.

Je ne l'ai pas lue au complet, non, a répondu Mme Jordan.

La ministre abandonne les pêcheurs, selon Chris d'Entremont

La présence de la ministre Bernadette Jordan devant le comité permanent des Communes, mercredi, n’a pas semblé convaincre les députés de l’opposition

Après avoir entendu les réponses vides de la ministre Jordan au comité des pêches et des océans aujourd'hui, il est clair qu'elle a abandonné nos pêcheurs, a réagi Chris d’Entremont après l’exercice.

Les pêcheurs sont tannés d'entendre ses points de discussion répétitifs qui ne veulent absolument rien dire, a tempêté M. d’Entremont. Nous n'avons rien appris et sommes toujours sans réponse à nos inquiétudes.

Chris d'Entremont participe par webcam aux travaux du comité.

La député fédéral de Nova-Ouest, Chris d'Entremont, au comité permanent des pêches et des océans le 18 novembre 2020.

Photo : ParlVU / Chambre des Communes

Le chef de Sipekne’katik demande la démission de la ministre

Le chef de la communauté micmaque de Sipekne’katik, Mike Sack, a publié un message sur son compte Facebook où il demande la démission de la ministre des Pêches et des Océans (MPO) Bernadette Jordan.

Dans le même message - qui a été supprimé par Facebook selon Mike Sack - il menace de perturber la saison de pêche au homard de la zone 34 qui doit commencer le 30 novembre.

Ils s’en sont tirés à bloquer notre pêche et il est temps pour nous de leur retourner la faveur, écrit-il.

Dans une entevue, il affirme avoir parlé à la ministre des Relations Couronne-Autochtones Carolyn Bennett, mais pas à la ministre Jordan. Il nuance les propos de sa publication en déplorant l'absence de communications avec le MPO. Il croit que si les canaux restent fermés, la ministre devra quitter son poste.

Si la ministre Jordan ne veut pas nous parler et faire avancer le dossier, je pense qu'elle est la mauvaise personne pour occuper ce travail, pense le chef qui dit avoir bon espoir de lui parler sous peu.

Les propos publiés par M. Sack ont inquiété le député de Nova-Ouest, Chris d'Entremont, qui représente la région de la Nouvelle-Écosse où la Nation de Sipekne’katik avait lancé sa pêche de subsistance.

Il demande à savoir ce que Pêches et Océans Canada compte faire pour assurer la sécurité de toutes les parties impliquées, lorsque la saison de pêche au homard débutera dans la zone 34. Doug Wentzell, le directeur général régional du ministère des Pêches et des Océans de la région des Maritimes, a affirmé mercredi devant les Communes que toutes les menaces étaient prises très au sérieux .

Une pêche limitée

Dans un communiqué de presse publié plus tôt dans la journée mercredi, Mike Sack déclare que la communauté de Sipekne’katik a pêché, depuis le 17 septembre, 100 000 livres de homard dans le cadre de leur pêche autoréglementée.

Nos pêcheurs ont pris moins de prises que ce qui est accordé pour un seul permis de pêche commerciale en deux mois.

Mike Sack sur le quai.

Mike Sack, chef de la Première Nation de Sipekne'katik (archives).

Photo : CBC / Jeorge Sadi

Il ajoute que d’insinuer qu’il y a eu de la pêche excessive dans le cadre de la pêche de subsistance est non seulement faux, mais jette de l’huile sur le feu lors des discussions, ce qui augmente la marginalisation des pêcheurs autochtones et attise le conflit actuel.

Il fait référence à des propos de la ministre Jordan qui a affirmé s'inquiéter de l'état des stocks de homard au Cap-Breton, où des Autochtones ont lancé une pêche de subsistance autogérée dans la baie St. Peters.

Mike Sack se veut rassurant sur ce point : la préservation de la ressource est au coeur de nos préoccupations.

Il ajoute que sa communauté a volontairement décidé de ne pas se prévaloir de neuf permis de pêche commerciale dans la zone 34 lors de la prochaine saison, en raison des risques trop élevés, estime-t-il, pour les pêcheurs autochtones.

Aucune demande de rencontre du chef Sack

Les négociations entre le MPO et la Première Nation de Sipekne'katik ont été positives, et de bonne foi, et nous voulons qu'elles se poursuivent, a déclaré dans un courriel à Radio-Canada la ministre Bernadette Jordan, mercredi après-midi.

La ministre dit n’avoir reçu aucune demande récente de rencontre de la part du chef Sack, mais affirme avoir communiqué avec le bureau du dirigeant de la communauté Sipekne'katik pour organiser une telle rencontre. Mme Jordan assure qu'elle rencontrera Mike Sack si ce dernier le désire.

Avec les informations d'Olivier Lefebvre

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