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La fermeture potentielle d'un oléoduc d'Enbridge dans les Grands Lacs inquiète en Ontario

Des tuyaux de pipeline posés dans un champ.

La ligne 5 de l’oléoduc Enbridge est située dans le détroit de Mackinac entre le lac Michigan et le lac Huron (archives).

Photo : Associated Press / Jim Mone

  • Thalia D’Aragon-Giguère

L’Ontario s’inquiète des impacts économiques de la fermeture potentielle d'une section de la ligne 5 de l’oléoduc Enbridge après la demande du Michigan de mettre un terme aux activités pétrolières de la compagnie dans le détroit de Mackinac, qui relie les lacs Michigan et Huron. Le pipeline qui achemine du pétrole au Canada est jugé dangereux par l'État américain.

Le bureau de la gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer, a intenté vendredi une action en justice pour fermer définitivement le segment du pipeline sur son territoire. Il réclame la révocation d'une servitude accordée à la compagnie canadienne en 1953 pour non-respect des conditions de l’entente.

Gretchen Whitmer parle derrière un micro.

Gretchen Whitmer, gouverneure démocrate du Michigan (archives)

Photo : Associated Press

Enbridge a régulièrement refusé de prendre des mesures pour protéger nos Grands Lacs, a déclaré Mme Whitmer. [L’entreprise] a exposé la population du Michigan à un risque inacceptable de déversement catastrophique de pétrole.

Je continuerai à tenir pour responsable quiconque menace nos Grands Lacs et notre eau douce.

Une citation de Gretchen Whitmer, gouverneure du Michigan

Cette révocation pourrait prendre effet dans six mois, après quoi l'acheminement du pétrole depuis l’Ouest canadien devra cesser dans ce secteur.

Si du côté du gouvernement ontarien on se dit profondément déçu par cette décision aux répercussions internationales, les défenseurs de l'environnement crient prudemment victoire.

Un risque trop grand

Pour l’organisation américaine National Wildlife Federation, l’action intentée en justice représente une avancée importante pour la protection de la faune et du climat.

Cette décision historique envoie un message clair que nous ne sommes absolument pas prêts à mettre en danger les Grands Lacs et le rôle essentiel qu'ils jouent dans l'économie et le mode de vie des Américains, indique Collin O’Mara, président et directeur général de l’association.

La fermeture de la ligne 5 permettra de protéger les Grands Lacs ainsi que les populations et la faune contre une catastrophe écologique, économique et sanitaire.

Une citation de Collin O’Mara, président et directeur général de la National Wildlife Federation

Ce constat optimiste résonne également de l’autre côté de la frontière au sein de l’équipe canadienne de l’organisation Greenpeace.

C’est ce que nous devons faire d’un point de vue de lutte contre les changements climatiques, affirme Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace Canada. Nous sommes heureux de constater que la protection de l’environnement et de l’eau potable passe en priorité pour le gouvernement du Michigan.

Patrick Bonin est assis devant un micro en regardant devant lui.

Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace Canada (archives)

Photo : Radio-Canada / Étienne Côté-Paluck

Selon lui, les autorités américaines n’ont plus confiance en la compagnie canadienne.

Enbridge a un passé très obscur en matière de sécurité, dit-il. L’entreprise a beau prétendre que les risques environnementaux sont minimes, les conséquences seraient immenses en cas de déversement dans les Grands Lacs.

M. Bonin donne en exemple le déversement de plusieurs millions de litres de pétrole dans la rivière Kalamazoo dans le sud du Michigan en 2010. Une fuite dans un oléoduc appartenant à la compagnie Enbridge était au cœur de ce désastre écologique.

Enbridge doit être en mesure de rassurer les autorités. Autrement, la seule chose à faire est de fermer la ligne du pipeline parce que le risque est trop grand. Le jeu n’en vaut pas la chandelle.

Une citation de Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace Canada

Si M. Bonin se réjouit de la décision prise par le Michigan, il s’inquiète toutefois de la position du gouvernement ontarien. Il ne semble en aucun cas tenir compte des interrogations qu’il y a du côté des États-Unis, mentionne-t-il. L’Ontario ne peut pas se mettre la tête dans le sable et jouer à l’autruche. C’est désolant.

L’Ontario craint un contrecoup économique

Le ministre de l'Énergie, du Développement du Nord et des Mines de l’Ontario, Greg Rickford, a pour sa part fait valoir ses préoccupations au sujet de l'éventuelle fermeture de l’oléoduc dans le détroit de Mackinac.

La ligne 5 d'Enbridge est une artère clé qui relie le pétrole brut nord-américain à l'Ontario, souligne-t-il. Les quatre raffineries de la province assurent l'approvisionnement de l'Ontario, du Québec, du Michigan et de toute la région des Grands Lacs en produits essentiels.

Les pipelines sont le moyen le plus sécuritaire de transporter des carburants essentiels à travers des zones écologiquement sensibles comme nos Grands Lacs.

Une citation de Greg Rickford, ministre de l'Énergie, du Développement du Nord et des Mines de l’Ontario

M. Rickford craint par ailleurs que la fermeture du pipeline mette en danger plus de 4900 emplois. La région de Sarnia-Lambton serait particulièrement touchée, puisque le complexe de fabrication pétrochimique soutient un tiers de l'emploi total dans la région.

Greg Rickford se tient debout et prend la parole lors d'une période de questions à l'Assemblée législative de l'Ontario.

Greg Rickford, ministre de l'Énergie, du Développement du Nord et des Mines de l’Ontario (archives)

Photo : La Presse canadienne / Chris Young

Le maire de Sarnia espère d'ailleurs que des actions concrètes seront mises en œuvre par le gouvernement ontarien afin de sauver l’oléoduc.

Si la fermeture du pipeline va de l’avant, cela aura un impact très négatif sur l'économie, croit Mike Bradley. Les habitants de la région sont inquiets.

Selon lui, la compagnie de Calgary a pris toutes les mesures nécessaires pour s'assurer que l’oléoduc soit sécuritaire.

Nous laissons Enbridge prendre la situation en main. C’est leur pipeline, et donc leur responsabilité, estime-t-il. La compagnie recevra de notre part le soutien qu’elle demandera.

Des prix à la hausse

Pour Jean-Thomas Bernard, professeur au Département de science économique de l’Université d’Ottawa, il ne fait aucun doute que le Michigan conserve malgré tout le gros bout du bâton dans cette dispute transfrontalière. C’est lui qui gère le segment de ce pipeline sur son territoire.

Si le Michigan veut attaquer le transport du pétrole, il peut le faire comme il a autorité sur ce segment de l’oléoduc.

Une citation de Jean-Thomas Bernard, professeur au Département de science économique de l’Université d’Ottawa

D'après lui, le principal impact négatif de la fermeture de l’oléoduc se reflétera à travers les prix plus élevés des produits pétroliers en Ontario.

Le transport par pipeline est de loin le moins coûteux, précise-t-il. Il y a d’autres moyens d’alimenter les raffineries de l’Ontario, mais cela ne se fait pas instantanément.

Jean-Thomas Bernard lors d'une entrevue dans la rue.

Jean-Thomas Bernard, professeur au Département de science économique de l’Université d’Ottawa (archives)

Photo : Radio-Canada

Pour sa part, la compagnie canadienne Enbridge assure que la ligne 5 de l’oléoduc est sans danger. Nous nous concentrons sur la protection des Grands Lacs, de l'environnement et de toutes les personnes qui utilisent ces eaux tout en fournissant l'énergie dont les gens ont besoin au quotidien, indique-t-elle dans un communiqué.

L’entreprise demeure convaincue que le pipeline continuera à fonctionner, puisqu’il n’existerait aucune base crédible pour mettre fin à ses activités.

La ligne 5 reste sécuritaire comme le prévoyait la servitude de 1953, affirme Vern Yu, président d'Enbridge pour les pipelines de liquides.

L’Ontario a par ailleurs réitéré son intérêt pour travailler conjointement avec Enbridge et le gouvernement du Michigan de manière à ce que l’oléoduc soit maintenu en service conformément aux normes de santé et de sécurité les plus strictes.

Avec des informations de CBC

  • Thalia D’Aragon-Giguère

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