L’aéroport Pearson de Toronto tente de déterminer l'efficacité de la quarantaine

Selon un rapport provisoire du laboratoire McMaster HealthLabs, les tests rapides de COVID-19 entrepris à l'aéroport Pearson de Toronto appuient l'hypothèse que la période de quarantaine des passagers arrivant de l'étranger pourrait être réduite.
Photo : Getty Images / Elena Leonova
- Nicolas Haddad
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Un projet pilote qui vise à déterminer si la mise en quarantaine des voyageurs aériens internationaux arrivant à Toronto peut être repensée a donné des résultats « encourageants », selon ses chercheurs.
Depuis le début du mois de septembre, une étude du laboratoire McMaster HealthLabs (MHL) réalisée en collaboration avec l’aéroport le plus achalandé du pays collecte des données pour évaluer l’efficacité de la période de quarantaine de 14 jours exigée des voyageurs internationaux revenant au Canada.
Un rapport intermédiaire sur l’étude du laboratoire McMaster a été publié mardi et, selon ses auteurs, les résultats préliminaires sont encourageants
. Il révèle que 99 % des participants à l'étude ont reçu un résultat de test négatif pour la COVID-19, et 1 % ont obtenu un résultat positif
.

Les volontaires ont été amenés à s'autotester à la COVID-19. Le premier dépistage se fait à l'aéroport, en présence de professionnels de la santé.
Photo : Radio-Canada
Parmi ces 1 % de passagers infectés par le virus, 0,7 % ont été dépistés à l'arrivée, 0,3 % ont été dépistés au septième jour, et moins de 0,1 % ont été dépistés au quatorzième jour. Le premier test de dépistage a été effectué à l’arrivée des passagers à l’aéroport par des professionnels de la santé, et les deux tests suivants ont dépendu d’écouvillons nasaux et oraux autocollectés par les arrivants lors de leur quarantaine.
Les résultats intermédiaires de l'étude sont basés sur environ 20 000 tests effectués auprès de plus de 8600 participants recrutés du 3 septembre au 2 octobre.
Depuis les premières semaines de la pandémie, l’aviation commerciale est en crise. Des experts en aviation civile ont pris la parole pour dénoncer qu’il n’y avait pas assez d’efforts de faits pour dépister les passagers avant qu'ils ne prennent l’avion, et que la directive gouvernementale sur l’auto-isolement des passagers venus de l'étranger ratait sa cible.

Le comptoir d'enregistrement d'Air Canada à l'aéroport de Calgary
Photo : La Presse canadienne / Jeff McIntosh
Un projet pilote du gouvernement du Canada, en partenariat avec le gouvernement albertain, permet actuellement aux voyageurs entrant au Canada en passant par l'Aéroport international de Calgary ou par le poste frontalier de Coutts de réduire leur temps de quarantaine.
La semaine dernière, le premier ministre de l’Ontario Doug Ford avait renouvelé sa demande à nouveau et avec plus d'insistance que le projet pilote de dépistage à l'aéroport de Calgary soit mis sur pied aux aéroports de Toronto et d'Ottawa.
À écouter :
L’étude prouve que la quarantaine est indispensable, selon un expert
Dans l'ensemble, l'étude valide la quarantaine pendant 14 jours à l'arrivée et limite les voyages que le Canada effectue déjà
, explique le Dr Vimal Scott Kapoor, un microbiologiste spécialiste en médecine des voyages et en médecine aéronautique.

Le Dr Vimal Scott Kapoor est spécialiste en santé publique, en médecine de voyage, en microbiologie, et en immunologie.
Photo : Avec l'autorisation du Dr Vimal Scott Kapoor
Selon le microbiologiste, qui est basé à Toronto, un prélèvement négatif pendant la période de quarantaine ne raccourcit pas la période de quarantaine, et peut en fait inciter quelqu'un à rompre son isolement. Cela peut donc avoir un effet pervers. N'importe qui peut devenir positif à tout moment au cours des 14 jours, il y a donc une valeur plutôt minimale à un prélèvement négatif effectué pendant la période de quarantaine
.
Même un seul cas positif est comme une allumette qui peut allumer un feu de forêt.
Le spécialiste en médecine aéronautique indique toutefois que l’étude du MHLnous fournit des données épidémiologiques importantes sur le nombre de voyageurs positifs et leurs contributions à la propagation du virus s'ils violent la période de quarantaine
, en précisant que nous avons surtout besoin de plus de données sur les cas positifs et négatifs dans le pays d'origine
des voyageurs.

Le Dr Marek Smieja, co-auteur de l'étude, présente une des trousses de dépistage données aux volontaires pour qu'ils puissent se dépister depuis chez eux.
Photo : Radio-Canada
De son côté, le Dr Marek Smieja, un des co-chercheurs principaux de l'étude, explique que son enquête ne vise pas la solution parfaite
, mais a plutôt pour objectif d'outiller les dirigeants qui prendront des décisions de santé publique avec les meilleures informations possible.
Lorsque vous effectuez une étude pour obtenir des données, les données alimenteront la discussion et différentes personnes auront différentes interprétations sur la façon de les utiliser dans la création de politiques
, a-t-il indiqué par téléphone à Radio-Canada.
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L'étude la plus importante du genre au monde
L’étude du laboratoire McMaster HealthLabs auprès des passagers arrivant de l’étranger à Toronto s’est faite en partenariat avec le gouvernement du Canada, Air Canada, et l'Autorité aéroportuaire du Grand Toronto (GTAA).
Selon ses auteurs, il s’agit de l'étude la plus importante du genre au monde
.
La phase pilote a démontré la faisabilité des tests en milieu aéroportuaire […] ainsi que le prélèvement à domicile pendant la quarantaine
, peut-on lire dans un communiqué publié mardi, ce qui offre selon les chercheurs des informations qui pourraient contribuer à repenser […] les options concernant la quarantaine de 14 jours pour les voyageurs internationaux
.

De nombreux pays explorent la possibilité d'effectuer des tests de dépistage de la COVID-19 à l'aéroport. Ici, des techniciens dans un laboratoire mobile analysent des tests à l'aéroport de Francfort, en Allemagne.
Photo : Reuters / Kai Pfaffenbach
L'étude a été menée entre le 3 septembre et le 14 novembre, et son rapport final sera basé sur plus de 16 000 participants ayant effectué plus de 40 000 tests
. Il comprendra des informations plus précises sur les taux d'infection par rapport aux groupes d'âge et aux sexes, ainsi que des données sur l'impact psychologique de la quarantaine.
En plus de démontrer la faisabilité de la réalisation de tests pour la COVID-19 à l'aéroport, l'étude a également montré l'efficacité d'un échantillon COVID-19 autocollecté à l'aide d'un écouvillon nasal et des joues fait en quelques minutes
, a déclaré par voie de communiqué le directeur scientifique du MHL, Marek Smieja, qui est aussi professeur de pathologie et de médecine moléculaire à l'Université McMaster.
Les résultats provisoires de l'étude à la frontière appuient la faisabilité d’un test avec une approche de quarantaine réduite, comme ce qui a été testé à Calgary
, a déclaré pour sa part l’autre co-chercheur principal de l'étude, Vivek Goel, ancien PDG de Santé publique Ontario.

Le Dr Jim Chung, médecin hygiéniste en chef de la compagnie Air Canada, estime que l'étude pourrait amener le gouvernement à considérer d'autres options que la quarantaine obligatoire de 14 jours.
Photo : Radio-Canada
De son côté, le médecin hygiéniste en chef d'Air Canada, Jim Chung, a aussi qualifié les résultats provisoires d'encourageants et a déclaré qu'ils fournissent des données solides pour que les gouvernements prennent des décisions politiques fondées sur la science en ce qui concerne la réouverture sécuritaire de notre pays
.
Les résultats mis à jour suggèrent fortement qu'une certaine forme de régime de test peut fournir une alternative viable à une exigence de quarantaine générale de 14 jours et également fournir un mécanisme pour réduire les restrictions de voyage de manière plus générale
, a déclaré le Dr Chung.
- Nicolas Haddad