Twitter et Facebook défendent leur impartialité politique au Sénat américain

Mark Zuckerberg et Jack Dorsey, respectivement PDG de Facebook et PDG de Twitter
Photo : Getty Images
Les fondateurs de Twitter et de Facebook ont à nouveau été interrogés par le Sénat américain mardi quant à l'influence de leurs plateformes sur le débat politique. Si les démocrates souhaitent des règles plus strictes, le camp républicain s’estime quant à lui discriminé.
Il semble que vous soyez devenus les éditeurs suprêmes
, a déclaré Lindsey Graham, le président républicain de la commission judiciaire qui a organisé cette audition sur la gestion de l'élection de 2020
et la censure
dont Donald Trump et ses fidèles se considèrent victimes, malgré leur considérable audience sur ces réseaux.
Il reproche notamment aux deux réseaux leur décision de limiter la circulation d'articles du quotidien conservateur New York Post, qui assurait fournir des preuves sur une affaire de corruption impliquant le démocrate Joe Biden, environ deux semaines avant le scrutin présidentiel.
Jamais nous ne laisserions le gouvernement réguler ce que la presse écrit, mais nous permettons à des entreprises privées, devenues de fait des forums publics, de réguler la parole
, a souligné le sénateur John Cornyn.
« Je n'ai pas plus envie de vous déléguer ces décisions que je ne voudrais vous laisser voter à ma place. »
Jack Dorsey (Twitter) et Mark Zuckerberg (Facebook), auditionnés au Sénat pour la deuxième fois en moins d'un mois, ont défendu les mesures prises pendant les élections pour juguler la désinformation et les tentatives de discréditer le processus démocratique.
Leurs règles les ont amenés à épingler et à freiner la propagation de très nombreux messages de Donald Trump – suivi par près de 89 millions d’internautes sur Twitter – qui refuse de concéder la victoire au démocrate Joe Biden et accuse des États américains de fraudes.
« Nos règles ne sont basées sur aucune idéologie [...] Nous croyons fermement en l'impartialité et nous appliquons les règles de Twitter équitablement. »
Des notes, comme cette affirmation sur des fraudes électorales pourrait être trompeuse
, s'affichent sous de nombreux gazouillis du locataire de la Maison-Blanche. Il s'agit d'une action insuffisante, selon la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, puisque les messages restent visibles.
Le cas Steve Bannon évoqué
M. Zuckerberg, combien de fois [Steve Bannon] a-t-il le droit d'appeler au meurtre de responsables au gouvernement avant que Facebook suspende son compte?
a demandé le sénateur démocrate Richard Blumenthal.
Twitter, YouTube et Facebook ont récemment sévi contre Steve Bannon, un ancien conseiller de Donald Trump, dont les pages faisaient la promotion de fraudes massives organisées par les démocrates contre l'élection présidentielle américaine.
Il a aussi proféré des appels au meurtre à l'encontre du Dr Anthony Fauci, directeur de l'Institut des maladies infectieuses, et du patron du FBI, Christopher Wray. Facebook a supprimé des pages qui relayaient des propos de M. Bannon, mais pas son compte.
Les deux camps sont d'accord sur la nécessité de réformer l’article 230 du Communications Decency Act, qui empêche les poursuites judiciaires liées aux contenus publiés par des tiers sur les plateformes.
Jack Dorsey et Mark Zuckerberg ont aussi déclaré que des changements étaient nécessaires sur ce texte, qui garantit leur immunité légale et leur a largement permis de construire leurs empires.
« Les défis auxquels nous faisons face sont plus importants que n'importe quelle autre plateforme. [...] Il s'agit de parvenir à un équilibre [...] pour protéger la liberté d'expression, la sécurité du public et la vie privée. Je crois donc que nous pourrions bénéficier d'orientations plus claires de la part des élus politiques. »
Le patron de Facebook a répété ne pas vouloir être un arbitre de la vérité
.
Le début des discussions
Ces discussions sur le pouvoir de la Silicon Valley devraient continuer pendant les mois qui viennent.
Le 28 octobre, les deux dirigeants avaient déjà été auditionnés, aux côtés de Sundar Pichai, le patron de Google et YouTube, sur l’article 230.
Plusieurs membres du Sénat ont abordé mardi d'autres questions, comme les accusations de pratiques anticoncurrentielles, la dépendance du public aux réseaux et la régulation des données personnelles.
Des enquêtes sont aussi en cours auprès des autorités fédérales au sujet d'éventuels abus de position dominante.