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Quel futur pour les projets gaziers et pétroliers de l’Arctique alaskien?

Un caribou dans la brume.

L'arrivée de Joe Biden à la maison blanche, en janvier, devrait signifier plus de protection pour la faune alaskienne et plus particulièrement le troupeau de caribous Porcupine, menacés par les gros projets pétroliers et gaziers dans la Réserve faunique nationale de l’Arctique.

Photo : Malkolm Boothroyd

Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Quelques jours après la victoire annoncée de Joe Biden lors des élections présidentielles américaines, où en sont les projets pétroliers dans la Réserve faunique nationale de l’Arctique, vilipendés par les environnementalistes et les Premières Nations, mais rêvés depuis des décennies par les républicains?

Joe Biden, qui suit la tradition démocrate, a déjà dit à plusieurs reprises qu’il s’opposait farouchement à des explorations dans la Réserve faunique nationale de l’Arctique (ANWR). Cet engagement s’inscrit dans son plan climatique et environnemental, rendu public en juillet dernier.

Déjà, Barack Obama avait mis en place un moratoire qui devait empêcher le forage dans l’ANWR, mais en 2017, le président américain Donald Trump avait infirmé cette décision en ouvrant 1,5 million d'acres de la plaine côtière de l'Alaska à l'exploitation pétrolière et gazière, ce qui avait déclenché des poursuites des environnementalistes et Premières Nations en août 2020.

Ventes de beaux et étude sismique

Avant de passer les reines de la maison blanche aux démocrates, le 20 janvier prochain, l’administration Trump pourrait donc tenter d’ouvrir la Réserve faunique nationale de l’Arctique à l’exploration pétrolière et gazière, notamment en octroyant des permis d'exploration dans la zone protégée.

C’est en tout cas ce que craignent le gouvernement des Vuntut Gwitchin et le Conseil tribal Gwich’in. Si une vente de bail est faite, il sera difficile de revenir en arrière, s’inquiète le chef Dana Tizya-Tramm, qui affirme pourtant qu’une telle action ne sera pas impossible à renverser.

Portrait du chef Dana Tizya-Tramm des Vuntut Gwitchin.

Le chef Dana Tizya-Tramm des Vuntut Gwitchin se dit « prudemment optimiste » de voir le gouvernement Biden arriver au pouvoir aux États-Unis, puisqu'il affirme que sous l'ère Obama, quand Joe Biden était vice-président, le niveau de protection de l'ANWR était très élevé.

Photo : Cathie Archbould

Le peuple estime que de gros projets pétroliers et gaziers mettraient en danger le troupeau de caribous Porcupine, la plus grande et la plus longue migration d'animaux terrestres sur Terre, précise M. Tizya-Tramm, mais également le mode de vie des Gwich’in.

« Si cette zone est ouverte au pétrole et au gaz, ce que cela communique largement, c'est qu'aucune zone sur cette terre n'est sacrée et qu'aucun prix écologique n'est trop élevé pour l'exploitation du pétrole et du gaz. »

— Une citation de  Dana Tizya-Tramm, Chef des Vuntut Gwitchin

La menace la plus récente dans la zone est un projet de prospection sismique qui fait actuellement l’objet d’un examen environnemental par les États-Unis. Quelque chose que le ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique, Jonathan Wilkinson, dit surveiller de près dans une déclaration publiée le 10 novembre.

Gouvernements fédéral et territorial font front commun

Dernièrement, le gouvernement yukonnais a fait savoir que les mesures d'atténuation proposées, en ce qui concerne les caribous Porcupine, sont inadéquates, alors qu'il avait jusqu’au 6 novembre dernier pour faire part de ses commentaires dans le cadre d’un processus d’autorisation d’un projet d'exploration dans la région.

Nous avons fourni des commentaires scientifiques importants au Bureau de gestion des terres des États-Unis pour aider à orienter les mesures d'atténuation nécessaires, comme les considérations saisonnières, afin de contribuer au respect des normes minimales en soutenant un développement qui n'a pas d'impact inutile sur le caribou Porcupine, fait savoir la ministre de l'Environnement territorial, Pauline Frost, dans une déclaration écrite.

Les Vuntut Gwitchin célèbrent le jour du caribou, à Old Crow en 2019.

Le mode de vie des Vuntut Gwitchin est très lié aux cervidés qui viennent mettre bas chaque été dans la région de l'ANWR, après avoir parcouru plus de 4000 km aux Territoires du Nord-Ouest, au Yukon et en Alaska.

Photo : Elizabeth Staples

Du côté fédéral, le ministre Jonathan Wilkinson affirme qu’il continuera de faire part de ses préoccupations aux États-Unis.

Avec l’élection de Joe Biden, Dana Tizya-Tramm entrevoit l’espoir de pouvoir reprendre les discussions là où elles avaient été laissées avec l'administration Obama.

Nous allons travailler avec l'administration Biden et les démocrates de la Chambre et du Sénat pour attribuer à cette zone une désignation complète de zone sauvage afin de créer un seuil de protection qui sera très difficile à démanteler si une autre administration intéressée devait même tenter de le faire, fait-il savoir.

Les banques lâchent les projets de forage en Arctique

Si les projets pétroliers perdent leur meilleur appui, l’administration Trump, il faut savoir qu’ils perdent aussi de plus en plus de financement de la part de grandes institutions.

Le lundi 9 novembre, la banque TD s’est engagée à refuser de financer des projets d’exploration pétrolière et gazière en Arctique. La banque est la dernière d’une longue liste d’institutions financières mondiales à avoir pris cette décision, dont la Banque Royale du Canada (RBC) et la Banque de Montréal (BMO).

La façade d'une succursale de la Banque Royale du Canada (RBC), rue Elgin, à Ottawa.

La RBC est la première banque canadienne à avoir arrêté de financer des projets pétroliers et gaziers dans l'Arctique. Au total, plus d'une vingtaine d'institutions mondiales suivent la tendance.

Photo : Radio-Canada / ICI Radio-Canada/Jean-Sébastien Marier

Aujourd’hui, le chef Dana Tizya-Tramm, de la Première Nation Vuntut Gwitchin, affirme être en discussion avec les banques CIBC et Scotia et se sentir optimiste quant à l’issue de ce dialogue.

Un obstacle, et non de taille, semble pourtant se dresser sur le chemin des défenseurs de l’environnement : le Sénat américain.

L’institution, qui pourrait prendre des décisions dans ces dossiers, n’a pas encore de majorité claire, et ce, jusqu’à ce que la Géorgie ait voté, au début de janvier. À cela il faut ajouter que, malgré l’administration fédérale démocrate qui s’en vient, l’Alaska reste une terre acquise aux républicains.

Le combat pour protéger les ressources naturelles de l’Alaska s’annonce donc âpre dans les semaines qui viennent.

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