Attaque du Vieux-Québec : ratés des systèmes de communication du SPVQ
Dans une note interne, le chef Robert Pigeon reconnaît que les conséquences de ces problèmes « peuvent être sérieuses ».
Le reportage d'Alexandre Duval
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Radio-Canada a appris que d'importants outils de communication du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) ont connu des ratés le soir de l'attaque au sabre dans le Vieux-Québec, le 31 octobre, compliquant ainsi le travail des policiers. Les problèmes d'instabilité de ces systèmes, pourtant neufs, étaient connus de la haute direction depuis des mois.
Selon nos informations, le nouveau système de répartition assistée par ordinateur (RAO) a flanché au cours de l'intervention pour retrouver le tueur en fuite. Implanté par le SPVQ en mai 2019, il s'agit d'un outil crucial, accessible à partir des tableaux de bord des autopatrouilles, qui permet de coordonner le travail des policiers.
La RAO
donne accès aux cartes d'appel du 911 en temps réel. Les policiers peuvent y voir l'emplacement des autopatrouilles sur le terrain et les renseignements les plus récents sur l'incident en cours, comme une description plus précise du suspect ou le dernier endroit où il a été aperçu.La RAO
permet également de lancer des demandes d'assistance, renforts ou ambulances, aux équipes de la répartition.Selon nos sources, des failles dans ce système peuvent non seulement affecter la fluidité des opérations policières sur le terrain, mais aussi compromettre la sécurité des agents.
« Quelques minutes »
Dans un courriel conjoint, la Ville de Québec et le SPVQle système a connu une période d'instabilité de quelques minutes le soir du 31 octobre dernier
, sans toutefois préciser exactement combien de temps la panne a duré.
Le porte-parole du SPVQ, David Pelletier, assure que cela n'a eu aucun impact concret sur les opérations
.
Il est primordial de mentionner que, même si le système de répartition des appels par ordinateur subit une défaillance majeure, nous avons des systèmes parallèles en place afin d’assurer la continuité des opérations, et ce, en tout temps.
Or, un de ces systèmes parallèles
a lui aussi connu des ratés, le soir de l'Halloween. Il s'agit du Service évolué de radiocommunication pour l'agglomération de Québec (SÉRAQ). Ce sont les fameuses ondes policières
, qui permettent aux agents de communiquer entre eux, en direct.
Par moments, les policiers ont été contraints d'utiliser leurs téléphones cellulaires.
Mauvais son
Selon nos informations, la stabilité et la qualité du son n'étaient pas toujours au rendez-vous, rendant les communications encore plus difficiles entre les agents, puis avec le service de répartition des appels d'urgence.
Implanté en juillet 2019, le SÉRAQ
est pourtant perçu comme un outil dernier cri. Il a remplacé l'ancien système de radiocommunication du SPVQ datant des années 1980.Les pompiers de Québec et le Réseau de transport de la capitale (RTC), notamment, doivent bientôt commencer à utiliser le SÉRAQ
eux aussi. Lors d'un comité plénier tenu il y a moins d'un mois, la Ville estimait les coûts d'implantation de ce nouveau système à 30 millions de dollars.Pigeon demande des correctifs
Le chef du SPVQplusieurs à [...] souligner des instabilités avec le système
.
Force est de constater que ces problèmes sont bien réels
, poursuivait le chef, qui mentionnait avoir rencontré des policiers dès le mois de septembre afin de comprendre la source du problème et de trouver des solutions.
Toujours le 5 novembre, M. Pigeon a envoyé une lettre à la Direction des technologies de l'information de la Ville pour exiger des correctifs. Il est primordial que les outils mis à la disposition de nos effectifs soient fonctionnels, efficaces et fiables
, y déclarait le chef de police.
Se gardant de donner des exemples précis, M. Pigeon évoque dans cette lettre le sérieux du problème pour les effectifs policiers.
Les conséquences de ces instabilités peuvent être sérieuses.
Le chef ajoute que, devant ces instabilités, le SPVQest dans l'obligation d'utiliser des plans de rechange pour s'acquitter de sa prestation de travail
. Robert Pigeon dit s'attendre à ce que des actions visant à corriger la situation soient mises en œuvre sans délai
.
Par courriel, le porte-parole du SPVQ, David Pelletier, précise qu'il s'agit de systèmes complexes et intégrés qui nécessitent une période post-implantation
faisant ressortir plusieurs lacunes à corriger
.
La Ville et le SPVQ prennent très au sérieux cette situation. Une équipe de travail, composée d’experts en technologies de l’information et de représentants du SPVQ, est déjà à l’œuvre afin de mettre en place rapidement des solutions de correction à court et à moyen terme pour éliminer les instabilités du système.
Contactée par Radio-Canada, la présidente de la Fraternité des policiers du SPVQNous travaillons actuellement avec la direction du SPVQ sur ce dossier
, a-t-elle simplement dit.