Un premier refuge avec alcool pour les sans-abri de Montréal

Une aile du pavillon Ross de l'ancien Hôpital Royal-Victoria accueillera une quinzaine d'itinérants alcooliques à partir de janvier 2021.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Après des années de discussions, un premier refuge avec consommation d'alcool ouvrira dans la métropole. Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal lancera en janvier ce centre, en partenariat avec la Mission Old Brewery, dans l'ancien Hôpital Royal-Victoria. Des équipes médicales établiront un plan de consommation d'alcool pour permettre aux itinérants de limiter les doses.
Dans plusieurs parcs du centre-ville, ils cachent leurs bouteilles. Des hommes et des femmes qui vivent avec deux problèmes : ils sont alcooliques et sans abri, une combinaison très problématique, surtout à l'approche de l'hiver.
Moi, j'ai pas envie d'aller dans un refuge, parce qu'ils m'empêchent de boire
, explique Michael, rencontré près du métro Atwater. Le jeune homme affirme être incapable de passer plus de six heures sans consommer de l'alcool, un cas qui n'est pas rare au centre-ville.
« Quelqu’un qui a un problème de consommation d’alcool sévère ne peut pas arrêter de boire pendant 12 heures. C’est une des raisons pour lesquelles plusieurs personnes ne fréquentent pas les services. »
C'est pour cette raison que le CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal inaugurera dès janvier 2021 le premier refuge avec consommation d'alcool à Montréal. Une aile du pavillon Ross de l'ancien Hôpital Royal-Victoria accueillera une quinzaine d'itinérants alcooliques.
Un programme de gestion de l'alcool, ce n'est pas un open bar
, explique Elaine Polflit, coordonnatrice en intervention de crise au CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal.
C'est réservé à des gens qui ont une dépendance sévère à l'alcool, précise-t-elle. À la différence de bien des refuges traditionnels, on ne souhaite pas que les gens quittent les lieux chaque matin.
« Quand ils acceptent de faire le programme, ils peuvent rester 24 heures par jour tant et aussi longtemps qu’ils le souhaitent. »
L'aile qui accueillera le refuge avec consommation d'alcool est actuellement en réaménagement. Ici, pas de dortoirs, mais plutôt des chambres individuelles. Le vieil hôpital, sans être dernier cri, offrira de l'espace et une certaine intimité aux sans-abri.
L'objectif est de réduire peu à peu la consommation pour aider les alcooliques à briser le cercle vicieux de l'itinérance. On ne vise pas la sobriété, mais plutôt une stabilité de la consommation qui permettrait d'être plus fonctionnel
, explique Émilie Fortier.
Il s'agit d'une première étape incontournable pour permettre aux itinérants de réorganiser leur vie. L'accès au logement, obtenir une carte d'assurance maladie ou son certificat de naissance, ce sont des choses qui sont plus difficiles à faire quand on est à la rue
, estime Elaine Polflit, du CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal.
Montréal est loin derrière les autres villes du pays quant à ce genre d'initiatives; une vingtaine de centres ou de refuges pour sans-abri avec alcool existent dans les autres provinces canadiennes. Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal analysera les résultats de cette première initiative.
Début janvier, le CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal va lancer un appel de projets
, indique Caroline Dusablon, directrice adjointe aux partenariats urbains.
On veut pouvoir développer davantage de ce genre de projets là sur le territoire montréalais
, assure-t-elle.
Les futurs refuges avec alcool pourraient avoir d'autres modes de fonctionnement. Ça peut être un programme en appartement, un programme en refuge ou même simplement en centre de jour
, énumère Serge Lareau, commissaire aux personnes en situation d'itinérance à la Ville de Montréal. Il y a un retard là-dessus
, estime-t-il.