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Quand les mesures sanitaires accentuent la surcharge de travail des enseignants

Une enseignante assise à un bureau.

Qu’ils soient au primaire, au secondaire ou à l’université, la pandémie a souvent alourdi la donne pour les enseignants.

Photo : getty images/istockphoto / PenelopeB

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

L'imposition des mesures de protection contre la COVID-19 dans les écoles n'est pas de tout repos. La fatigue, le stress, et l’anxiété font maintenant partie du quotidien de plusieurs enseignants. Qu’ils enseignent au primaire, au secondaire ou à l’université, ils font état d'une importante surcharge de travail.

S’assurer que les élèves restent dans leurs cohortes et que le matériel soit toujours désinfecté est un stress énorme pour le personnel enseignant, selon Gilles Benoît, président de la Commission scolaire de langue française de l’Île-du-Prince-Édouard.

C'est sans parler de l’obligation du port du masque, surveillé par le personnel enseignant du primaire et du secondaire.

Déjà là, il y a un schisme au point de vue des mesures qui ont été prises, dit Amélie Lemieux, professeure adjointe à la faculté des sciences de l’éducation de l'université Mount Saint Vincent, en Nouvelle-Écosse.

Amélie Lemieux estime pour sa part que les enseignants ne sont pas nécessairement formés pour faire de la discipline de santé publique. C’est anxiogène, ça s’ajoute encore et c’est une autre responsabilité à laquelle il faut penser, dit-elle.

Je ne suis pas certaine que ce soit le but ultime de l’éducation, affirme Amélie Lemieux, qui estime que la discipline sur le port du masque devrait se faire au-delà de l’école pour alléger le travail des enseignants. Elle suggère par exemple d'en faire une politique familiale.

La charge mentale des enseignants

L’école François-Buote, à l’Île-du-Prince-Édouard, accueille des jeunes de la maternelle à la 12e année. Maxime Duguay, 35 ans, y enseigne les sciences humaines de la 7e à la 12e année.

Selon lui, ce sont les petits éléments supplémentaires qui s'additionnent qui finissent par créer une surcharge de travail.

Isolé seul, cela n’a pas l’air de grand-chose, mais quand on les accumule ensemble, cela fait en sorte qu’à la fin de la semaine, le vendredi 9 h, je suis au lit et je dors, dit-il.

Un homme porte ses mains à la tête. Des gribouillages comportant des points d'interrogation et d'exclamation entourent sa tête.

Déplacements, gestions des élèves des classes ou du matériel. Il y a beaucoup de choses supplémentaires auxquelles les enseignants doivent maintenant penser.

Photo : iStock / SIphotography

Si la quantité de travail est restée plus ou moins la même, selon Maxime Duguay, la charge mentale s'est pour sa part décuplée.

La fatigue de novembre que l’on voit habituellement chez les enseignants et qui est là chaque année, est un peu plus prononcée; je me couche beaucoup moins tard qu’à l’habitude, dit Maxime Duguay.

« On approche vraiment l’année dans l’idée que ce que l’on vit présentement sera probablement la norme pour l’année scolaire complète. »

— Une citation de  Maxime Duguay, enseignant de sciences humaines de l’école François-Buote

Malgré tout, Maxime Duguay souligne qu’en général, cela va quand même assez bien.

Il affirme que la direction de son école travaille fort pour que les enseignants ne reçoivent pas de tâches supplémentaires. Au niveau des enseignants, c’est sûr qu’il y a une entraide, ajoute-t-il.

La barrière de l’écran d’ordinateur

Karen McAllister est professeure en développement international à l'université Saint Mary’s en Nouvelle-Écosse. Elle travaille de la maison et donne ses cours en ligne. Elle note qu’elle sort de chez elle beaucoup moins, et que les interactions de visu avec ses étudiants lui manquent.

Si elle et ses étudiants se sont adaptés à l'apprentissage à distance, elle affirme qu’il y a toujours des bémols, et souhaite que l’enseignement en classe virtuelle demeure temporaire.

Un élève devant son écran d'ordinateur portable.

Les élèves de nombreuses provinces du Canada ont dû s'habituer à suivre leurs classes de la maison.

Photo : Radio-Canada

Certains de ses étudiants, étrangers pour la plupart, ne sont pas sur le territoire de la Nouvelle-Écosse. Elle offre donc ses cours avec l’option de l’écoute en différé.

C’est plus difficile, parce qu’il y a moins d’étudiants qui suivent le cours quand je fais les présentations, dit-elle. Je parle à un ordinateur sans personne. C’est tellement bizarre.

« Les interactions face à face avec les étudiants me manquent. [...] C’est plus motivant d’avoir les discussions avec les étudiants en personne. »

— Une citation de  Karen McAllister, professeure en développement international

Ses méthodes d’enseignement ont aussi changé, les travaux étant un peu différents.

Elle explique que pour s’assurer que les étudiants suivent bien les cours, de petits travaux sont demandés chaque semaine par plusieurs professeurs. Dans le cadre du cours offert par Karen McAllister avant la pandémie, seuls quatre travaux majeurs par session étaient requis.

Les étudiants travaillent tellement fort, dit Karen McAllister, qui affirme que cette nouvelle routine augmente considérablement la charge de travail des professeurs et auxiliaires d'enseignement.

Les petites écoles avantagées

La Commission scolaire de langue française de l’Île-du-Prince-Édouard, avec l’appui du ministère de l’Éducation, a embauché du personnel supplémentaire dans les six écoles francophones de la province pour venir en aide au personnel éducatif.

Sylvain Gagné, directeur de l’école Saint-Augustin, admet qu’il y a eu de l’anxiété chez son personnel à la rentrée, mais ajoute que la bonification de ressources a facilité la transition scolaire de la nouvelle réalité.

Sylvain Gagné, directeur de l’école Saint-Augustin.

Sylvain Gagné, directeur de l’école Saint-Augustin.

Photo : Radio-Canada / Julien Lecacheur

À mon avis, ici la situation est à 95 % ou 98 % idéale dans mon cas, affirme-t-il.

Pour le directeur, le problème le plus important demeure l’éloignement physique, puisqu’il faut parfois rappeler aux jeunes de garder leurs distances.

Julie Gagnon, enseignante de maternelle dans le même établissement, affirme qu’il n’y a pas de charge de travail supplémentaire pour elle, puisque les résultats d’apprentissage ont été modifiés de septembre à novembre pour aider les écoles à effectuer une transition.

« La tâche d’enseignant, c’est beaucoup de travail de toute façon, que cela soit le temps de la COVID ou pas le temps de la COVID. C’est une profession qui demande beaucoup en temps de préparation et en enseignement. »

— Une citation de  Julie Gagnon, enseignante de 5e et 6e année à l’École Saint-Augustin

Julie Gagnon indique que ses élèves se sont très bien adaptés à la rentrée scolaire, malgré les nouvelles règles sanitaires.

Julie Gagnon, enseignante de maternelle.

Julie Gagnon, enseignante de maternelle.

Photo : Radio-Canada

Selon elle, il existe toutefois un avantage pour les petites écoles, en temps de pandémie : Dans les plus grandes écoles, c’est certain que c’est plus de logistique, dit-elle.

Pour le directeur de l’école Saint-Augustin, l’entraide et le travail collectif demeurent la clé de la réussite dans cette petite école. Puis si on est dans une grosse école, c’est probablement encore plus nécessaire que dans une petite école, conclut Sylvain Gagné.

Avec les informations de Julien Lecacheur et Olivier Lefebvre

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