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Où vont les produits de la mer du Québec?

Un pêcheur tient une anguille dans ses mains.

Il était plutôt difficile de réaliser cette photo puisque l'anguille est gluante et glissait entre les doigts du pêcheur Vincent Michaud.

Photo : Radio-Canada / Simon Turcotte

Seulement 19 % des ressources pêchées dans la province se sont retrouvées dans nos assiettes en 2018, selon les données de Québec. Le reste est exporté dans d’autres provinces ou à l’international. Toutefois, des acteurs locaux travaillent à mettre en valeur cette banque alimentaire naturelle disponible dans le Saint-Laurent.

L’anguille argentée est pêchée depuis trois siècles au Kamouraska. Mais combien de Québécois peuvent affirmer en avoir déjà mangé ?

On dirait que les Québécois ont le dédain de l’anguille, évoque d’emblée le jeune pêcheur Vincent Michaud. Ils ne trouvent pas vraiment le poisson beau, donc ils n’ont pas envie de le manger, avance le pêcheur d’anguille qui est en train de prendre la relève de l'entreprise familiale.

Un pêcheur tient une anguille dans ses mains.

Il était plutôt difficile de réaliser cette photo puisque l'anguille est gluante et glissait entre les doigts du pêcheur Vincent Michaud.

Photo : Radio-Canada / Simon Turcotte

On ne perd rien à l’essayer. Bien apprêté c’est excellent, lance M. Michaud en souriant.

Plusieurs autres richesses marines du fleuve Saint-Laurent jusqu’au golfe seraient tout autant boudées.

Des difficultés à s’approvisionner

Le consommateur, c’est par méconnaissance et par difficulté à s’approvisionner qu’il ne découvre pas ces poissons-là qui sont vraiment extraordinaires, croit Perle Morency, copropriétaire du bistro Côté Est à Kamouraska. Elle apprête l’anguille et d’autres produits du Saint-Laurent depuis l’ouverture de son restaurant.

Étrangement, tous nos trésors du fleuve Saint-Laurent sont envoyés à l’extérieur et on va importer du saumon d’élevage transgénique, des crevettes, du tilapia...

Une citation de Perle Morency, copropriétaire du bistro Côté Est
Perle Morency, devant un large éventail de spiritueux.

Le restaurant Côté Est a été finaliste dans la catégorie Restaurant de l'année lors du Gala des Lauriers en 2019.

Photo : Radio-Canada / Simon Turcotte

En 2019, les importations de poissons et de fruits de mer se sont chiffrées à 557 millions de dollars, principalement en provenance du Chili, selon les données du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ).

Les produits de la mer au Québec font surtout l’objet d’une exploitation commerciale, selon une étude du collectif Manger notre Saint-Laurent.

Depuis le milieu des années 1980, l’État a mis en place des politiques de promotion d’exportation, élabore Gabriel Bourgault-Faucher, chercheur à l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) et membre du collectif Manger notre Saint-Laurent.

Résultat : les producteurs sont peu soutenus pour développer le marché intérieur, voire pas du tout.

Elles ne sont pas incitées à commercialiser leurs produits sur le marché intérieur. C’est plus facile d’aller vendre leurs produits à Boston, aux États-Unis ou même dans les pays asiatiques comme la Chine.

Une citation de Gabriel Bourgault-Faucher, chercheur et membre du collectif Manger notre Saint-Laurent

La valeur des exportations du Québec a augmenté en 2019 par rapport à l’année précédente, pour passer de 408 millions de dollars à 426 millions de dollars. L'exportation de poissons et de fruits de mer est une industrie lucrative pour le Québec.

Les produits de la mer qui sont exportés sont notamment le crabe, le homard, la crevette, le flétan, mais aussi d’autres espèces moins connues des Québécois telles que le concombre de mer, qui se vend par ailleurs 400 $ la livre en Chine.

L'intérieur du concombre de mer du Golfe du Saint-Laurent.

L'intérieur du « Viagra des mers », le concombre de mer du golfe du Saint-Laurent (archives).

Photo : Radio-Canada / Allison Van Rassel

Des difficultés à créer un réseau de distribution

Par ailleurs, Gabriel Bourgault-Faucher est d’avis que les grands distributeurs ne cèdent pas facilement leur place sur le marché alimentaire québécois.

Les gros joueurs comme Sysco, Gordon Food Service et Colabor, ou encore, Loblaws, Sobeys, Métro, Walmart et Costco créent un goulot d’étranglement. Ils doivent approvisionner approximativement 90 % du marché alimentaire. C’est donc extrêmement difficile pour les petits producteurs d’intégrer ces distributeurs puisqu’ils exigent des volumes énormes, explique le chercheur et membre du collectif Manger notre Saint-Laurent.

Les pêcheurs passent ainsi à côté de grands restaurateurs, de supermarchés et de poissonneries à travers le Québec.

Une anguille argentée.

Une anguille argentée pêchée dans le fleuve Saint-Laurent à Kamouraska.

Photo : Radio-Canada / Simon Turcotte

Privilégier l’achat local, collectivement

Selon Perle Morency et Gabriel Bourgault-Faucher, une partie de la solution passe par une structuration de l’offre par les gouvernements pour que davantage de Québécois mangent des produits de la mer.

C’est-à-dire qu’il faut inciter les producteurs, les transformateurs à commercialiser leurs produits sur le marché intérieur, souligne M. Bourgault-Faucher.

Quand il y aura un effort collectif des gouvernements, des chefs, des pêcheurs, des consommateurs, je pense qu’on va pouvoir avoir accès enfin au meilleur de ce qu’on a à offrir au Bas-Saint-Laurent, s’exclame fièrement Perle Morency.

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