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Non, des bulletins de vote remplis au feutre n’ont pas été invalidés en Arizona

Bien qu’elle ait été démentie, cette rumeur baptisée « SharpieGate » refuse de mourir.

Une femme masquée parle à la caméra. Le mot "FAUX" est superposé sur la photo.

Cette vidéo vue plus d’un million de fois sur Twitter et partagée plus de 125 000 fois sur Facebook est à l’origine du « SharpieGate ».

Photo : Capture d'écran

Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Des électeurs républicains de l’État de l’Arizona sont convaincus que des bulletins de vote soumis dans un comté traditionnellement favorable à leur parti ont été invalidés parce qu’ils ont été remplis au Sharpie (une marque de stylo-feutre). Si cette thèse infondée a rapidement été rejetée par des superviseurs bipartisans des bureaux de vote, elle continue néanmoins d’alimenter des doutes sur l’intégrité du processus électoral dans cet État clé pour la présidentielle américaine.

C’est une vidéo (Nouvelle fenêtre) vue plus d’un million de fois sur Twitter et partagée plus de 130 000 fois sur Facebook (Nouvelle fenêtre) qui est à l’origine de la controverse. Tournée le soir de l’élection, elle montre une femme racontant que du personnel d’un bureau de vote à Phoenix obligeait les gens à remplir leur bulletin de vote avec un crayon-feutre – et non au stylo – et que ces derniers étaient invalidés par les machines de comptage.

La rumeur qui s’est ensuite mise à circuler sur les réseaux sociaux était que ce genre de manœuvre se faisait seulement dans des comtés habituellement républicains de l’Arizona, avec une attention toute particulière à celui de Maricopa.

Notons que l’Arizona, qui compte 11 grands électeurs, est un État rouge depuis près de 70 ans, à l’exception d’une victoire de Bill Clinton. Mais cette année, c’est le démocrate Joe Biden qui semble être en voie de l’emporter dans une course très serrée, selon les résultats officieux de Fox News (Nouvelle fenêtre) et de l’Associated Press (Nouvelle fenêtre).

La rumeur baptisée « SharpieGate » s’est ensuite propagée si rapidement au sein de l’électorat que le représentant républicain au Congrès Paul Gosar – qui a déjà propagé plusieurs théories complotistes (Nouvelle fenêtre) sur les réseaux sociaux – a demandé au procureur général de l’État (Nouvelle fenêtre), Mark Brnovich, d’enquêter. D’autres figures conservatrices connues, comme le lobbyiste Matt Schlapp, ont aussi jeté de l’huile sur le feu.

Après avoir reçu des centaines de plaintes d’électeurs, le procureur général a envoyé mercredi une lettre (Nouvelle fenêtre) au directeur des élections du comté de Maricopa, Scott Jarrett, pour avoir plus d’informations sur la validité des bulletins de vote remplis au crayon-feutre.

Une rumeur démentie de plusieurs manières

Mercredi soir, deux superviseurs électoraux du comté de Maricopa – le républicain Clint Hickman ainsi que le démocrate Steve Gallardo – ont publié un communiqué (Nouvelle fenêtre) pour démentir ces fausses informations.

En tant que membres du conseil des superviseurs du comté de Maricopa, nous sommes inquiets de la quantité de désinformation qui se propage au sujet de l’intégrité de nos élections, peut-on lire dans la missive.

Les Sharpie n’invalident pas les bulletins. Notre nouvel équipement de comptage a fait l’objet d’essais poussés avec différents types d’encre. Les Sharpie sont recommandés par le fabricant parce que c’est leur encre qui sèche le plus vite. Les colonnes désalignées des bulletins assurent qu’aucune diffusion d’encre ne peut affecter votre vote. C’est pour cette raison que des Sharpie ont été proposés aux personnes qui se sont déplacées le jour de l’élection. Les gens qui ont voté par la poste pouvaient utiliser des Sharpie ou des stylos bleus ou noirs, ajoutent les deux superviseurs.

Jeudi, le département des élections du comté de Maricopa en a rajouté une couche (Nouvelle fenêtre) en répondant par à la lettre du procureur général. Il a expliqué par voie écrite que des Sharpie étaient distribués dans les 175 bureaux de vote du comté et qu’ils étaient censés être utilisés par tous les électeurs. Des stylos étaient également disponibles dans tous les bureaux pour signer et remplir des documents, mais en principe, ils ne devaient pas être utilisés pour remplir des bulletins de vote.

Dans cette même lettre, le département affirme qu’aucun bulletin de vote n’a été rejeté.

Une semaine et demie avant l’élection, le comté de Maricopa a d’ailleurs mis en ligne sur son compte YouTube une vidéo (Nouvelle fenêtre) intitulée Est-ce que je peux utiliser un Sharpie sur mon bulletin de vote? Celle-ci expliquait qu’il était tout à fait possible de remplir son bulletin de vote à l’aide d’un Sharpie et résumait comment fonctionnent les nouvelles machines de comptage.

De plus, le manuel des procédures électorales de l’Arizona (Nouvelle fenêtre) stipule que tout bulletin de vote qui ne peut pas être lu par la machine de comptage doit être dupliqué et compté par une commission d’examen bipartisane spécialement assignée à cette tâche.

Cela veut donc dire que même si les machines ne détectaient pas les bulletins de vote remplis au Sharpie, ils seraient tout de même comptabilisés.

Une fausse information qui refuse de mourir

Malgré les multiples réfutations du SharpieGate, des internautes continuent de semer le doute sur l’intégrité de l’élection en Arizona en raison de l’utilisation de stylos-feutres pour remplir des bulletins de vote. Jeudi, des centaines de Tweets étaient publiés à ce sujet toutes les heures et la vidéo virale à l’origine de la controverse a continué à être partagée des milliers de fois sur Facebook.

Selon le Washington Post (Nouvelle fenêtre), plus d’une centaine de manifestants coiffés de casquettes Make America Great Again se sont réunis à l’extérieur du lieu où étaient comptés les votes dans le comté de Maricopa mercredi pour dénoncer ce qu’ils percevaient comme étant de la fraude électorale. Plusieurs d’entre eux étaient galvanisés par le SharpieGate, selon le quotidien. Ils scandaient comptez les votes!.

Le représentant au Congrès Paul Gosar, qui avait demandé au procureur général de l’État d’enquêter sur la situation, était parmi eux. L’élu a prononcé un discours dans lequel il a affirmé : Ils ne nous voleront pas l’élection.

Vers la fin de la soirée, les personnes chargées de compter les votes ont dû être escortées vers leurs voitures par la police.

Jeudi, les manifestations ont repris de plus belle au courant de la journée. Le soir, des manifestants armés se sont présentés au lieu de comptage. L'ambiance était généralement pacifique, selon Reuters (Nouvelle fenêtre).

En fin de soirée, le conspirationniste Alex Jones s'est joint à la foule et a été chaleureusement accueilli.

Il s'est adressé aux manifestants à l'aide d'un mégaphone. Dans un discours où il se disait pret à se battre, le conspirationniste s'en est notamment pris au nouvel ordre mondial, au fondateur de Microsoft Bill Gates, ainsi qu'au milliardaire philanthrope George Soros sous une pluie d'applaudissements.

Decrypteurs. Marie-Pier Élie, Jeff Yates, Nicholas De Rosa et Alexis De Lancer.
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