Les mesures de protection des députés fédéraux seront renforcées
Les dirigeants des principaux partis ont décidé d’accroître les mesures de protection offertes aux politiciens fédéraux alors que le climat social et politique devient de plus en plus tendu.

Des services supplémentaires de protection pourraient être offerts sous peu pour les députés.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Face à des craintes croissantes de violence politique, les principaux partis fédéraux se sont unis pour obtenir des services supplémentaires de protection pour les députés à l’extérieur des édifices du Parlement, selon ce qu’a appris Radio-Canada.
Les mesures seront mises en place en réponse à une série d’incidents et un climat social tendu. Un des faits marquants pour les différents partis a été la tentative d’arrestation citoyenne
du chef néo-démocrate Jagmeet Singh en septembre, mais plusieurs députés de tous les partis font aussi face à un nombre croissant d’insultes et de menaces sur les réseaux sociaux.
Des sources ont ajouté qu’en plus des incidents qui ont défrayé les manchettes au cours des derniers mois, il y a eu aussi plusieurs situations touchant des députés qui ne sont pas connues du public.
Plusieurs sources ont affirmé que différents projets sont présentement à l’étude par la Chambre des communes, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et le Service de protection parlementaire.
Le bureau de la régie interne de la Chambre - où siègent des représentants de tous les partis reconnus - a étudié l’adoption de nouvelles mesures de sécurité pour les élus à huis clos lors de ses réunions du 8 et du 22 octobre, selon l’ordre du jour.
Une porte-parole pour le président de la Chambre des communes, Heather Bradley, a confirmé que de nouvelles mesures de soutien à la sécurité des députés
ont été récemment approuvées par le bureau de la régie interne.
Selon nos sources, les premières mesures à être mises en place permettraient aux députés de profiter de nouvelles protections à la maison ou durant leurs déplacements.
En plus, une autre option sérieusement envisagée à l’heure actuelle inclut l’offre d’une plus grande protection pour les ministres et les chefs de parti, affirment plusieurs sources.
Peu de mesures en place
Ces nouvelles formes de protection seraient du jamais vu pour la plupart des politiciens à Ottawa. En ce moment, le premier ministre et sa famille jouissent d’une protection constante, mais les chefs des partis d’opposition sont sous la responsabilité de la GRC uniquement durant les campagnes électorales.
Tandis que les ministres à Québec bénéficient d’un chauffeur armé qui agit comme garde du corps, les ministres fédéraux se déplacent habituellement en public avec des adjoints politiques ou seuls.
Quant aux députés fédéraux, ils ne profitent d’aucune mesure de sécurité particulière de la part de la GRC, à moins qu’ils ne démontrent qu’ils font l’objet de menaces.
Plusieurs sources sont réticentes à parler ouvertement des nouvelles mesures qui seront mises en place, préférant ne pas discuter publiquement d’enjeux de sécurité.
Les menaces de violence en hausse
Les mesures à l’étude sont liées à une série d’incidents récents, de même qu’aux nombreuses menaces sur les réseaux sociaux et à la polarisation croissante du discours politique au pays. Le climat social est tendu en période de pandémie, et certains élus craignent que certaines formes d’intimidation qui ont cours aux États-Unis traversent la frontière.
Voici quelques exemples :
1- L’an passé, les bureaux de la députée libérale et actuelle ministre de l’Infrastructure, Catherine McKenna, ont été vandalisés.
De nombreuses politiciennes, comme la députée conservatrice Michelle Rempel Garner et la ministre libérale Maryam Monsef, sont particulièrement ciblées par des insultes et des menaces sur les réseaux sociaux.
2- Les dirigeants du Bloc québécois ont été personnellement visés par plusieurs menaces en juin en lien avec des échanges sur le racisme systémique au sein de la GRC. Lors d’un débat sur une motion sur ce sujet, le chef du Nouveau Parti démocratique avait qualifié le leader en Chambre du Bloc, Alain Therrien, d’être lui-même un raciste pour s’y être opposé.
3- Le 2 juillet dernier, un homme armé a défoncé la grille entourant Rideau Hall avec sa camionnette et s'est dirigé à pied vers les résidences de la gouverneure générale, Julie Payette, et de Justin Trudeau, situées sur les mêmes terrains. Les policiers ont réussi à parlementer avec l’intrus et l'ont finalement arrêté sans que personne ne soit blessé.
Ni M. Trudeau ni Mme Payette, de même que leurs familles, n’étaient présents à Rideau Hall ce jour-là. De plus, ils bénéficient déjà des services de la GRC en fonction de leurs responsabilités actuelles. Tout de même, l’incident a rappelé la menace qui plane sur les élus et démontré la facilité avec laquelle un homme portant des armes peut s’approcher de leurs résidences officielles.
4- En septembre, un individu a approché le journaliste Daniel Thibeault, de Radio-Canada, sur la rue Sparks, à Ottawa, dans l'intention de procéder à une arrestation citoyenne
.
L'homme a par la suite été menotté par le Service de protection parlementaire, puis relâché par la police d'Ottawa.
Le lendemain, le même individu a pourchassé M. Singh près de la colline du Parlement. Une vidéo de l’incident a été mise en ligne sur la page Facebook d'un groupe qui s'oppose aux mesures sanitaires et qui demande la démission de tous les politiciens
.
5- Lors de sa comparution devant un comité parlementaire l’an passé, le greffier du Conseil privé de l’époque avait affirmé être profondément préoccupé
par les menaces de violence politique au pays.
Je m'inquiète de la montée des incitations à la violence, lorsque les gens utilisent ouvertement des termes comme trahison et traître. Ce sont des mots qui mènent à l'assassinat. J'ai peur que quelqu'un se fasse abattre dans ce pays, cette année, pendant la campagne électorale
, avait lancé Michael Wernick, qui occupait alors le plus haut poste au sein de la fonction publique fédérale.