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Cégeps et universités se préoccupent de la santé mentale de leurs étudiants-athlètes

Les mesures sanitaires pèsent lourd sur les athlètes, sans routine sportive et sociale, à Ottawa et Gatineau.

Un joueur de basket porte un ballon dans sa main gauche, une gymnaste et un joueur de soccer regardent le sol et un athlète porte un ballon de volley sous le bras. Ils semblent tous avoir la mine basse.

Les mesures sanitaires pèsent lourd sur la santé mentale des athlètes-étudiants du pays qui sont limités dans la pratique de leur sport.

Photo : Radio-Canada

Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Les étudiants-athlètes, souvent décrits comme des « bibittes d'habitudes » vivent difficilement le chamboulement de leur quotidien depuis de nombreux mois maintenant. L'impact sur leur motivation et leur santé mentale est remarqué par plusieurs intervenants.

Un récent sondage de l’Alliance Sport-Études a démontré que plus de 60 % des athlètes ont de la difficulté à s’entraîner et près de 50 % ont perdu la motivation pour le faire. Des chiffres inquiétants, selon l'organisme.

Quand des choses fondamentales disparaissent, on prend conscience de leur importance. On tenait pour acquises beaucoup de choses. [Les athlètes] prennent conscience de la valeur que ça peut avoir sur le développement personnel et la valeur de nos vies, affirme Sébastien Fyfe,  directeur de l'Alliance Sport-Études, qui encadre les athlètes d'élite au cégep et à l'université.

Cette réalité, Magalie Frappier la vit de plein fouet depuis quelques mois. Habituée de fouler les terrains de volleyball de l’Université d’Ottawa avec les Gee-Gees, ses entraînements sont maintenant très limités. Surtout, le bonbon de tous les athlètes, les matchs, n’a plus lieu.

Une joueuse de volleyball est en entrevue avec Radio-Canada.

La joueuse de volleyball des Gee-Gees de l'Université d'Ottawa, Magalie Frappier.

Photo : Radio-Canada / Olivier Hyland

Il y a de la frustration qui vient avec tout ça. On veut de la compétition et on en n'a pas. C’est l’incertitude aussi qui rend les choses difficiles, dit la libéro de 20 ans.

« C’est vraiment difficile, c’est beaucoup d’adaptation. Au début, je ne pensais pas que je serais capable de le faire. Je me disais que j’allais être déconcentrée et vouloir faire autre chose. Il faut se parler et se motiver pour aller s’entraîner. »

— Une citation de  Magalie Frappier, joueuse de volleyball des Gee-Gees

Pour gérer cette crise, l’Université d’Ottawa avait une longueur d’avance. Un service d’aide est offert depuis longtemps à plus de 900 étudiants-athlètes dans les programmes maison et interuniversitaires. Des services de conseillers, de psychologues et de nutritionnistes sont notamment disponibles pour les jeunes et ils sont utilisés à plein régime.

Des filles lors d'un match de rugby au stade TELUS-Université Laval.

Les étudiants-athlètes sont nombreux à faire appel aux services d'aide actuellement.

Photo : Mathieu Bélanger

Toutes les plages horaires qu’on a mises à la disposition des étudiants, autant en santé mentale qu’en nutrition, et les autres services d’appui ont été utilisés à fond. Il y a même une petite liste d’attente. C’est un service offert, mais aussi un service qui est utilisé à plein, souligne la gestionnaire des événements et de l’information sportive des Gee-Gees, Michèle Dion.

Changer ses façons de faire

La situation a forcé tous les programmes à faire preuve de créativité. Rencontres téléphoniques, entraînements virtuels, et programmes d’entraînement spécialisés ont vu le jour pour transformer le négatif en occasion de développement.

Une femme donne une entrevue à Radio-Canada sur un terrain de soccer.

La gestionnaire des événements et de l’information sportive des Gee-Gees de l'Université d'Ottawa, Michèle Dion.

Photo : Radio-Canada / Olivier Hyland

Ça nous a offert des opportunités incroyables pour les rejoindre et travailler avec eux de façons qui auraient été impossibles sans les annulations de saison. Nos entraîneurs sont tellement dévoués et les athlètes sont tellement attachés à leur université qu’ils trouvent de nouvelles façons de se rejoindre, poursuit Dion qui insiste sur le besoin de poursuivre les changements tant que la pandémie va durer.

Mais le virtuel a ses limites. Les étudiants-athlètes n’y retrouvent pas l’aspect social et l’esprit de camaraderie des équipes sportives.

« Je m’inquiète pour les prochains jours et les prochaines semaines. Les athlètes sont plus motivés que la moyenne. S’ils perdent leur motivation, qu’en est-il des autres étudiants?  »

— Une citation de  Sébastien Fyfe, directeur de l'Alliance sports-études

Les jeunes sont devant leur écran toute la journée. Faire une activité devant un écran d’ordinateur, c'est moins motivant. La participation diminue des fois. C’est vraiment une crise pour nous et c'est difficile à vivre, raconte Daniel Leduc, qui chapeaute les activités des Griffons du Cégep de l’Outaouais.

Un homme est en entrevue dans un gymnase avec un gros logo de l'équipe sportive locale en arrière-plan.

Daniel Leduc est responsable des équipes des Griffons en tant que responsable du service des affaires étudiantes et communautaires.

Photo : Radio-Canada

Là aussi, les services psychosociaux sont davantage sollicités qu’au début de la pandémie. L’établissement craint de perdre davantage d’étudiants-athlètes au cours des prochaines semaines.

Le contact social dans leur sport n’est plus présent. Quelques étudiants-athlètes ont décidé d’abandonner. On ne sait pas s’ils vont abandonner l’école au complet, mais l’impact est bien là sur la motivation et la rétention à l’école, précise Leduc.

Un entraîneur montre des exercices sur un tableau à des joueurs agenouillés sur la patinoire.

L'entraîneur Maxime Villeneuve-Ménard explique un exercice à ses joueurs pendant un entraînement.

Photo : Radio-Canada / Jonathan Jobin

« On parle beaucoup de détresse psychologique et de problématique au niveau de la santé mentale. Je pense que c’est le cas actuellement. »

— Une citation de  Daniel Leduc, Cégep de l'Outaouais

Magalie Frappier se compte chanceuse. Son entraîneur et les responsables de l’équipe de volleyball des Gee-Gees offrent un excellent encadrement, dit-elle. Les joueurs n’hésitent pas non plus à faire appel aux services spécialisés de l’école au besoin. Elle ne cache toutefois pas qu’elle a hâte de reprendre la compétition.

On ne voit pas vraiment quand on pourra rejouer, c’est ce qui est le plus difficile pour nous, je crois, avoue l'athlète.

Heureusement, l’assouplissement des mesures sanitaires en Ontario permettra probablement aux athlètes de haut de niveau de reprendre l’entraînement de façon plus régulière et encadrée dans cette province.

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