Les Américains nombreux à se rendre aux urnes pour choisir leur président
Les électeurs avaient à décider qui, du républicain Donald Trump ou du démocrate Joe Biden, dirigera le pays le plus puissant de la planète pour les quatre prochaines années.
Une présence policière se faisait sentir aux alentours des bureaux de scrutin, tout comme les mesures sanitaires.
Photo : Reuters / Mike Blake
Un nombre important d’États ont rapporté un taux de participation plus élevé qu’en 2016. Dans l’ensemble, la 59e élection présidentielle des États-Unis s'est déroulée sans incident majeur, bien que des appels robotisés frauduleux aient été signalés.
En plus de la présidence, ce scrutin est l’occasion de renouveler les 435 sièges de la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates depuis deux ans, et 35 des 100 sièges du Sénat, à majorité républicaine depuis cinq ans.
En retard dans les sondages, l’équipe de Donald Trump n'a pas fait relâche. Le vice-président Mike Pence a notamment multiplié les entrevues à la télé et à la radio dans les États clés. Au programme : 21 interventions médiatiques en cette seule journée, sans compter le reste de l’entourage du président, qui s’activait tout autant sur les ondes et sur les réseaux sociaux.
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Des appels robotisés incitant les gens à rester en sécurité
chez eux ont été signalés dans de nombreux États, dont au Nebraska, où les autorités demandaient à la population d'ignorer ces messages et d'aller voter. Les appels frauduleux ont commencé au printemps, mais sont devenus plus fréquents à l'approche du scrutin. L’entreprise YouMail, spécialisée dans le blocage d'appel robotisés, en a répertorié 10 millions rien qu'en octobre et elle soupçonne une ingérence dans le processus électoral.
Le FBI a ouvert une enquête sur ces appels robotisés, rapporte la CISA, l'agence fédérale américaine consacrée à la cybersécurité.
En se basant sur des données de la firme TelTech, le média indépendant ProPublica estime à 3 millions le nombre d'Américains joints par ces appels robotisés incitant à rester chez soi en ce jour de scrutin, dont au moins 800 000 dans des États pivots.
À Flint, au Michigan, les autorités locales ont fait état de nombreux appels robotisés incitant spécifiquement les gens à voter demain pour éviter de faire la file. Les bureaux de scrutin y fermaient à 20 h et la procureure générale de l’État a invité la population à se méfier de ces appels, qui visaient, selon elle, à réduire le taux de participation.
Des bureaux ouverts très tôt
Des bureaux de vote ont ouvert dès 6 h HNE dans les États de l’Est, dont New York, le New Jersey, le Connecticut, la Virginie et le Maine, et ceux des autres États ont suivi le mouvement par la suite.
Comme le veut une tradition établie depuis un demi-siècle, ce sont les électeurs de Dixville Notch, petit hameau du New Hampshire situé tout près de la frontière canadienne, qui ont ouvert le bal à minuit.
Plus de 100 millions d'Américains avaient déjà voté par anticipation, en personne ou par correspondance, pour éviter entre autres des bureaux de vote bondés en pleine pandémie. Cela représente 75 % du nombre d'électeurs total de 2016.
Les élections américaines donnent souvent lieu à de longues files d’attente devant les bureaux de vote, où les électeurs sont appelés à remplir des bulletins interminables tant les postes à pourvoir sont nombreux.
Gouverneurs, législateurs d’État, procureurs et beaucoup d’autres doivent en effet aussi affronter le test des urnes, et les bulletins, qui comprennent aussi des questions référendaires, peuvent s'étaler sur plusieurs pages.
Le vote anticipé a rendu la journée plus facile. Les files d'attente sont plus courtes et, ici, au Colorado, nous pouvons obtenir notre permis de conduire, nous inscrire pour voter et voter, tout cela dans la même journée.
Malgré la popularité du vote par anticipation, de longues files se sont formées devant de nombreux bureaux de scrutin. C'était notamment le cas dans des banlieues de Pennsylvanie, un État clé. Des électeurs ont attendu trois, voire quatre heures avant d'atteindre l'isoloir.
La COVID-19 était prise au sérieux dans la plupart des bureaux de vote. Le port du masque s’y imposait et à certains endroits il était permis de voter à l’extérieur pour limiter les risques de propagation du virus.
Le processus électoral s'est déroulé normalement dans l’ensemble malgré les mesures sanitaires, mais des retards étaient signalés dans certains États, y compris dans le vote postal.
Un juge fédéral a ordonné au service postal américain de procéder à des vérifications pour s’assurer que tous les bulletins de vote arrivent à bon port avant la fermeture des bureaux de scrutin dans 12 districts répartis dans 15 États.
On rapporte peu de tentatives de perturbation de la tenue du scrutin sur le terrain. Un homme armé s'affichant comme un partisan de Donald Trump a toutefois été arrêté en Caroline du Nord pour avoir tenté d'intimider des électeurs démocrates. Porter ouvertement une arme à feu en public n'est pas permis dans cet État.
Trump, un héritage politique controversé
Le scrutin se déroule en pleine épidémie de coronavirus, qui a déjà fait 230 000 morts dans le pays et infecte toujours 90 000 personnes par jour.
La gestion de l’épidémie, dont la gravité a été sans relâche contestée par Donald Trump, lui-même infecté, risque d’ailleurs d’être l’un des enjeux de l’élection, qui prend l'allure d’un référendum général sur son premier mandat.
Les derniers mois ont aussi été marqués par d'importantes manifestations pour l'égalité raciale, dans la foulée de la mort de George Floyd, un homme noir mort étouffé par un policier blanc.
L’adoption d’importantes baisses d’impôt, le resserrement de l’immigration, l’adoption de mesures protectionnistes et une attitude résolument isolationniste sur la scène internationale ont aussi marqué le mandat de M. Trump.
Les conséquences pour le Canada ont été nombreuses : renégociation forcée du traité de l’ALENA, devenu l’ACEUM (Accord Canada–États-Unis–Mexique), imposition de tarifs sur l’aluminium et l’acier et arrivée massive de demandeurs d’asile entrant de manière irrégulière au pays.
[Trump] est un peu un abruti, je m'en rends compte. Il ne fait pas tout ce qu’il dit, mais, de mon point de vue, il essaie, contrairement à tous les autres, qui projettent des écrans de fumée.
La participation s'annonce historiquement élevée, comme le montre la popularité sans précédent du vote par anticipation.
L'accumulation record de votes par courrier qui, dans certains États, peuvent être acceptés jusqu'à plusieurs jours après mardi, risque aussi de compliquer le dépouillement, voire de retarder l'annonce d'un vainqueur si le résultat est serré.
Ce scénario fait craindre une bataille d’avocats pour faire accepter ou invalider des bulletins, perspective qui n’est pas sans rappeler le long litige qui avait finalement vu Georges Bush fils coiffer Al Gore au poteau en 2000.
[Je veux de] l’honnêteté, de la décence à la Maison-Blanche. Quand quelqu’un dirige un parti, il doit en défendre les valeurs aussi. Je ne crois pas que Trump représente ça.
Pour l'emporter, un candidat n'a pas besoin de remporter une pluralité des voix au niveau national : il doit gagner la majorité d'au moins 270 des 538 grands électeurs attribués au niveau des États.
Les marchés américains ont ouvert en hausse mardi, les investisseurs espérant qu'une éventuelle victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle américaine puisse se traduire par un important plan de relance de l'économie et une hausse des dépenses d'infrastructure après l'élection.