À Toronto, des élèves d'immersion française virtuelle perdent des cours en français

Le Conseil scolaire public anglais de Toronto (TDSB) est la plus grande commission scolaire au Canada.
Photo : La Presse canadienne / Frank Gunn
Certains élèves d’immersion française virtuelle au Conseil scolaire public anglais de Toronto (TDSB) recevront dorénavant la moitié de leurs cours avec un enseignant anglophone.
Le changement, qui touche certaines classes de 3e et 4e année, est entré en vigueur lundi.
Certains enseignants d’immersion française seront jumelés à un collègue anglophone pour leur permettre d’alterner leurs jours d’enseignement entre deux groupes, explique Manon Gardner, directrice associée du Conseil, dans un courriel envoyé à certains parents vendredi.
Au total, 48 classes virtuelles qui étaient toujours en attente d’enseignants francophones y auront maintenant accès un jour sur deux.
Même si ce n'est pas idéal, ce nouvel horaire permettra aux classes de la 3e à la 8e année d'avoir des cours en français de façon plus fréquente
, explique le Conseil dans une déclaration écrite lundi. Ce modèle permet aux élèves de recevoir les cours nécessaires dans les deux langues et aussi de garder leurs collègues de classe.
En temps normal, les élèves de la maternelle à la 3e année inscrits à l'immersion française recevraient 100% des heures de classes en français .
Des parents frustrés par la perte d’heures de cours en français
Si certains élèves ont maintenant droit à des cours en français, d’autres perdront la moitié de leurs heures de classes dans la langue. Le TDSB
n’a pas pu confirmer le nombre d’élèves touchés par la décision.Je crois que c'est important que nos enfants aient la chance de poursuivre une éducation dans la langue qu’ils choisissent, soit l’anglais, soit le français
, explique Krista Pawley-Hamilton, mère de jumelles qui ont perdu la moitié de leurs heures de cours en français.
Ce n’est pas quelque chose à 50 %. Et je crains que si on essaye de les couper à 50 %, qu’ils ne vont pas avoir la même chance d’avoir les opportunités de travailler et de vivre la vie en français.
Mme Pawley-Hamilton n’a pas été informée du changement par le TDSB
ni par la direction d’école. Elle l'a appris lundi, lorsque ses filles se sont présentées à leurs cours sans enseignante.Jennifer Joynt-Johal a créé un groupe Facebook pour permettre à 142 parents de se réunir et de chercher des réponses ensemble. Elle a appris la situation de la part de l'enseignante qui travaillait avec son enfant. L'enseignante lui annonçait son départ vers un nouveau groupe, vendredi.
Mme Joynt-Johal a envoyé une lettre ouverte au ministère de l’Éducation, au Conseil scolaire et à l’Ombudsman provincial, dénonçant entre autres le manque de communication à ce sujet. Elle avait près de 70 signatures lundi.
Les élèves ont finalement réussi à développer des relations avec les enseignants et les élèves dans un environnement virtuel. Nous avons établi des routines, les niveaux d’anxiété ont diminué puisque chaque jour nous apporte un visage familier et une prévisibilité
, écrit-elle.
Vous enlevez maintenant cela des enfants et vous créez une situation incroyablement stressante et inéquitable pour nos familles.
Le TDSB
dit répondre aux exigences provincialesLe conseil affirme que le programme d’immersion française du TDSB
offre habituellement plus de 6000 heures de cours en français à ses élèves au long de leur éducation primaire, mais que le ministère de l’Éducation exige d'avoir eu 3800 heures de cours pour poursuivre l’école secondaire en immersion.Même avec cet ajustement temporaire au modèle de cours pour certaines classes de 3e et 4e année, [l'éducation aux] élèves d’immersion française répondra aux exigences du programme d’ici la fin de la 8e année.
Les élèves de 3e année touchés par la décision accumuleront un total de 5670 heures d'études en français d'ici la fin de la 8e année, affirme le Conseil.
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La porte-parole du ministère de l’Éducation n’a pas commenté la situation puisqu’il s’agit d’une décision locale d’un conseil scolaire
.
Selon Jamie Thom, vice-président du syndicat des enseignants du primaire de Toronto, la réorganisation des horaires des enseignants et son impact sur les familles touchées sont un autre symptôme du problème plus large auquel nous avons fait face durant les derniers mois
.
Nous avons un manque de fonds dans le système d’éducation public, ce qui crée la plupart de ces problèmes
, y compris la pénurie d’enseignants francophones en Ontario, explique-t-il.