L’heure du Yukon officielle à compter de dimanche

Au plus fort de l'hiver, le soleil se lève sur Whitehorse vers 10 heures. Avec l'adoption de l'heure avancée du Pacifique, le soleil se lèvera plutôt vers 11 heures.
Photo : Radio-Canada / Claudiane Samson
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le Yukon abandonne, comme prévu, le changement d’heure saisonnier cet automne et passera, dans la nuit de samedi à dimanche, à l’heure du Yukon, soit le fuseau horaire UTC-7 (temps universel coordonné moins 7 heures).
Le territoire sera à la même heure que la Colombie-Britannique l’été, et à la même heure que l’Alberta et les Territoires du Nord-Ouest l’hiver.

Selon la saison, le Yukon sera soit à l'heure normale des Rocheuses ou à l'heure avancée du Pacifique.
Photo : source: gouvernement du Yukon
Le Yukon rejoint ainsi la Saskatchewan qui n’ajuste plus ses horloges depuis 1966, une particularité qui lui était distinctive. Historiquement, le Yukon a toujours eu son propre fuseau horaire, mais a choisi en 1973 d’adopter l’heure du Pacifique et en 1980, le changement d’heure saisonnier.
Dans tous ces cas toutefois, les changements au fuseau horaire n’étaient pas soumis à l’ère numérique actuelle.
À lire aussi :
Continuez de surveiller vos horloges
Le gouvernement du Yukon suggère donc aux Yukonnais de garder les yeux ouverts sur leur calendrier électronique, surtout au cours des prochains jours.
Il se pourrait, si les mises à jour d’appareil électronique ou de logiciels n’ont pas été faites, que les rendez-vous tels que réunion ou vols d’avion apparaissent à l’heure de leur sauvegarde originale et non pas à la nouvelle heure normale du Yukon.
Rien de simple
Si la mesure peut sembler simple, il n’en est toutefois rien. Dans les faits, créer ou modifier un fuseau horaire exige un travail colossal pour lequel il n’y existe aucun mode d’emploi.
L’analyste Andrew Smith du gouvernement du Yukon a été assigné ces derniers mois à trouver comment mettre en oeuvre la nouvelle mesure. Une quête qui, même à la veille de prendre effet, n’est toujours pas garantie de succès.
Il y a probablement des choses que nous ne savions pas qu’il nous fallait savoir. Il n’y a pas de mode d’emploi pour modifier les fuseaux horaires, aucune liste de vérification et même en parlant à tous ces experts du monde entier, leur réponse était "faites-nous savoir".
Andrew Smith explique qu’une fois la décision prise d’abandonner le changement d’heure saisonnier, la première étape est d’en informer les deux grandes bases de données mondiales. Mais c’est ensuite que les choses se compliquent.
Chaque logiciel qui utilise une horloge, donc tous les logiciels, doit récupérer la mise à jour des bases de données, et tous les utilisateurs doivent récupérer la mise à jour des sociétés de logiciel
, explique-t-il. Il faut avoir confiance que tout le monde lance ses mises à jour
.
Opinion publique
L'Assemblée législative du Yukon a adopté le règlement le printemps dernier en se basant sur une consultation publique en ligne à laquelle ont participé près de 5000 répondants.
Plus de 90 % des répondants étaient pour l'abandon du changement d'heure. D'autre part, 59 % souhaitaient garder l’heure avancée du Pacifique.
À quelques heures de la mise en oeuvre, les opinions demeurent semblables aux résultats du sondage.
Moi je pense que l’idée est bonne de ne pas changer l’heure. C’est une question de santé. On a des gens qui ont de la misère à s’adapter à un changement d’heure comme ça.
Je pense que ça va être une grosse adaptation pour beaucoup de gens, moi y compris. Je trouve ça plus facile d’avoir de la lumière un peu plus tôt dans la journée.
Une mesure pour toute la côte ouest
La Colombie-Britannique et certains états américains envisageaient d’adopter la même mesure en début d’année, mais ce projet a été mis en veilleuse avec l’arrivée de la pandémie.
En chambre jeudi, le ministre des Services aux collectivités, John Streicker, a dit espérer que la Colombie-Britannique puisse aller de l’avant.
Le Yukon joue un rôle de premier plan dans ce dossier et nous avons hâte que la Colombie-Britannique se joigne à nous dans un proche avenir. Notre expérience informera les autres provinces qui souhaitent abandonner le changement d’heure saisonnier en leur montrant que c’est possible sans trop de difficultés.
Le premier ministre Sandy Silver a également offert un commentaire semblable cette semaine lors d’un point de presse.
Les Yukonnais sont prêts à ne plus avoir à gérer le casse-tête du rythme circadien foutu en l’air. Nous croyons également que la Colombie-Britannique est positionnée et prête à aller de l’avant
, a affirmé le premier ministre.
Sur la question toutefois, le bureau du premier ministre John Horgan a affirmé par courriel que tant que les résultats officiels des élections n'étaient pas disponibles -les votes par la poste n'ont pas encore été comptés-, seules les questions de santé et de sécurité publique seraient traitées.
Des effets collatéraux
La décision du Yukon aura également un impact important pour certains voisins. Les habitants du petit village britanno-colombien d’Atlin, situé à deux heures de route de Whitehorse, devront se faire à l’idée d’un décalage horaire lorsqu’ils viennent y faire des emplettes.
L’écart sera encore plus important du côté des villages de Skagway et Haines en Alaska, une fois la frontière rouverte. Deux heures sépareront les fuseaux horaires en hiver.
Le maire de Skagway, Andrew Cremata, tente toujours d’évaluer les impacts de ce changement d’heure, sur les heures d’ouverture des postes douaniers par exemple.
L’été, l’impact ne sera pas trop grave [...], mais l’hiver! Si vous voulez prendre un vol d’avion de Whitehorse, il faudra prendre en considération les heures d’ouverture des frontières. Ce sera beaucoup plus compliqué.
Les habitants des deux villages fréquentent également, en temps normal, Whitehorse pour du magasinage, des rendez-vous chez les vétérinaires ou les cabinets de médecin.