Ottawa veut accueillir 1,2 million d'immigrants d'ici 2023

Marco Mendicino, ministre canadien de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, en conférence de presse à Ottawa le 30 octobre 2020.
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
« L'immigration est vitale pour l'avenir du Canada », a affirmé vendredi Marco Mendicino, ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté lors du dépôt du plan triennal en matière d'immigration. Dès 2021, le gouvernement libéral veut accueillir 401 000 résidents permanents; un objectif qui, s'il était atteint, constituerait un record historique.
Ottawa a revu ses cibles à la hausse pour admettre un total de 1,2 million d'immigrants d'ici 2023.
Ce sont des mesures robustes
, a décrit Marco Mendicino en conférence de presse à Ottawa, ajoutant que le fédéral utilisera investissements et ressources pour y parvenir.
La pandémie de coronavirus a illustré à quel point le pays a besoin d'immigrants, dit-il. Actuellement, dans le seul secteur de la santé, a-t-il rappelé, le quart des travailleurs sont issus de l'immigration
.
Les cibles fédérales pour l'accueil de résidents permanents :
- 401 000 en 2021
- 411 000 en 2022
- 421 000 en 2023
À titre de comparaison, l'objectif du Canada pour l'année en cours était d'accueillir environ 341 000 nouveaux résidents permanents, en conformité avec les niveaux d'immigration des dernières années.
Le Canada a besoin de travailleurs qualifiés et le gouvernement Trudeau s'engage d'ici 2022 à admettre jusqu'à 500 réfugiés qualifiés
dans le cadre du Projet sur la voie d'accès à la mobilité économique.
Le ministre Mendicino a aussi vanté le programme très spécial, exceptionnel
qui a permis de régulariser la situation des « anges gardiens », ces demandeurs d’asile ayant offert des soins au plus fort de la pandémie. Mais, questionné à ce sujet vendredi, il n'a pas semblé enclin à régulariser le statut d'un plus grand nombre de ces demandeurs d'asile.
Des francophones en renfort
Dans le cadre d'un autre programme, Entrée express, Ottawa accordera des points additionnels aux dossiers des candidats francophones afin de favoriser la croissance des communautés francophones des provinces (autres que le Québec).
« L’immigration reste le facteur prépondérant du maintien du poids démographique des communautés francophones en situation minoritaire », a rappelé, fin septembre, le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge. Or, la pandémie a tellement ralenti cet apport que le commissaire appréhende l'impact à long terme que cela pourrait avoir sur ces communautés.
Au Québec, la ministre de l'Immigration Nadine Girault a annoncé jeudi que les cibles d'immigration ont été revues à la baisse pour l'année en cours. Mais, à l'instar du fédéral, le gouvernement de François Legault tentera de combler le manque à gagner dans les années à venir.
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Diminution de plus de 40 %
Au Canada, dans les huit premiers mois de 2020, l'immigration a diminué de plus de 40 % par rapport à l'année dernière.
Le système redémarre, toutefois. Plus tôt ce mois-ci, la réouverture du programme de parrainage des parents et grands-parents, exceptionnellement populaire, s'est accompagnée d'une promesse d'abaisser le seuil de revenu requis pour les parrains potentiels. Ottawa reconnaît que la pandémie a pu influer sur les revenus des gens.
Le ministère de l'Immigration a également lancé un appel d'offres pour être moins dépendants des dossiers papier et des entretiens en personne avec les candidats.
Des projets pilotes sont également en cours dans les aéroports sur la faisabilité de tester, pour la COVID-19, les voyageurs entrants et d'ajuster les exigences potentielles de quarantaine. Bien que les tests, pour l'instant, ne soient effectués que sur les personnes déjà autorisées à entrer au Canada, les résultats des projets pilotes pourraient permettre à un plus grand nombre de personnes d'entrer au pays.
Dans le récent discours du Trône, les libéraux ont insisté sur l'importance de revenir à une immigration robuste.
Dans le cadre de son plan de relance économique à court terme et de son plan de croissance à long terme, le gouvernement mettra à profit les retombées de l'immigration pour maintenir la compétitivité du Canada sur la scène mondiale
, indiquait le discours.
L'opposition s'exprime
Dans le plan déposé au Parlement, les libéraux n'ont pas précisé les objectifs pour les différentes catégories d'immigration.
Selon la porte-parole conservatrice en matière d'immigration, Raquel Dancho, les libéraux doivent détailler la manière dont ils atteindront leurs objectifs, et non seulement des chiffres.
Les libéraux n'ont pas réussi à gérer efficacement le système d'immigration pendant la pandémie
, a-t-elle déclaré dans un communiqué.
La critique du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière d’immigration, Jenny Kwan, presse le gouvernement Trudeau d’accorder le statut de résident permanent aux gens qui sont déjà présents sur le territoire canadien et qui désirent l’obtenir.
Elle cite en exemple les travailleurs étrangers temporaires et les étudiants étrangers qui ont obtenu un emploi.
Dans une réaction qu’il a fait parvenir à Radio-Canada.ca, le Bloc québécois affirme qu'Ottawa ne tient pas compte de sa propre capacité à gérer les dossiers et veut quand même augmenter ses cibles en immigration
. Le Bloc québécois affirme que les témoignages, récoltés en comité parlementaire, faisaient état de délais importants dans les procédures d’immigration en raison de la situation pandémique actuelle.
« Encore une fois, le gouvernement fédéral va à l'encontre de l'approche québécoise en matière d'immigration […], affirme Christine Normandin, porte-parole bloquiste sur ces sujets. Pour le Bloc Québécois, c’est au Québec de déterminer son nombre d’immigrants en fonction de sa capacité d’intégration. »