GNL Québec : le GREMM réclame une aire marine tranquille pour le béluga

Le président du GREMM a présenté son mémoire mardi après-midi.
Photo : Meighan Makarchuk
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) demande que soit reportée l’évaluation du projet Énergie Saguenay afin de permettre aux études scientifiques de déterminer précisément l’ampleur des impacts du bruit sur le béluga du Saint-Laurent.
Le président de l’organisme, Robert Michaud, a présenté un mémoire mardi après-midi dans le cadre de la deuxième portion des audiences du BAPEaire marine tranquille
dans le Saguenay pour protéger les bélugas du bruit sous-marin en leur permettant d’aller s’y réfugier.
L’organisme estime que le bruit constitue la principale menace pour la survie de l’espèce et s’inquiète du fait qu’un projet comme celui de GNL Québec pourrait faire doubler le trafic maritime.
Plusieurs études sont en cours pour déterminer les impacts du bruit et le GREMM
croit qu’il est nécessaire de connaître leurs conclusions avant de permettre la réalisation d’un projet comme celui de GNL Québec.L’entreprise souhaite construire un terminal de liquéfaction de gaz naturel au port de Grande-Anse au coût de 9 milliards de dollars. Le projet est assorti de l’aménagement d’un gazoduc de 780 kilomètres pour acheminer du gaz naturel de l’Alberta jusqu’à Saguenay.
On a assez d’infos aujourd’hui pour supporter une approche de précaution. Pour la population de bélugas du Saint-Laurent, moins de bruit sera mieux à tel point que le premier plan d’action porte sur la réduction du bruit, sur le développement d’une stratégie pour atténuer l’effet du trafic maritime et qu’il y a beaucoup d’énergie investie dans ce sens-là
, a fait savoir Robert Michaud.
L’existence de refuges acoustiques, c’est-à-dire des endroits qui ne sont pas encore envahis
, est nécessaire à la survie de l’espèce, a fait valoir le porte-étendard du GREMM .
Non seulement l’impact serait direct sur la physiologie des bélugas, l’insonification du Saguenay pourrait nous exclure d’une possibilité de protéger le béluga dans l’avenir en créant un refuge acoustique
, a prévenu Robert Michaud.
Il demeure évident, selon les chercheurs, que le Saguenay est utilisé par une forte proportion de la population des bélugas et fait partie de son habitat essentiel
.
Greenpeace
L’organisme Greenpeace s’est montré catégorique lors de son passage devant les commissaires du BAPE
: le gouvernement du Québec doit absolument rejeter le projet de complexe méthanier par GNL QuébecIl n’y a pas d’acceptabilité sociale, c’est une menace pour le béluga et c’est une véritable bombe climatique. […] C’est un projet qui est complètement incompatible avec les objectifs de l’Accord de Paris [qui vise une réduction du climat de 1,5 degré Celsius] au moment où la science ne cesse de nous rappeler que nous sommes en urgence climatique et qu’on doit faire un virage rapide pour se sortir des combustibles fossiles
, a exposé Patrick Bonin, responsable de la campagne climat-énergie chez Greenpeace.
À l’instar d’autres organismes, Greenpeace croit qu’il est impensable que le projet de gazoduc ne soit pas analysé par le BAPE en même temps que celui de construction d’une usine de liquéfaction.
Il faut outiller les gouvernements dans leur prise de décision et leur donner une image réelle de ce projet-là […] d’autant plus que le gouvernement Legault parle de financer ce projet-là et qu’il y aurait de l’aide financière à travers Hydro-Québec
, plaide Patrick Bonin.
Le Québec peut et doit faire mieux. Ce n’est pas le type de projet qu’on doit développer
, a-t-il renchéri.
Les émissions fugitives de méthane provenant de la fracturation hydraulique inquiètent Patrick Bonin et Daniel Horen Greenford, doctorant à l’Université Concordia et chercheur en changements climatiques.
Des jeunes rongés par l’écoanxiété
Plus tôt en après-midi, une représentante de l’Association des étudiants et étudiantes aux cycles supérieurs en sciences de l’environnement, Gabrielle Roy-Grégoire, a parlé de l’inquiétude, de l’angoisse et de la frustration que des projets comme Énergie Saguenay suscitent chez plusieurs jeunes.
Elle a rappelé aux commissaires que la jeune génération de chercheurs et de professionnels qualifiés sont aussi des citoyens mobilisés, et qu’ils craignent les répercussions environnementales de la construction d’une usine de liquéfaction de gaz naturel.
Des projets comme Énergie Saguenay, on n’en veut pas. Ni aujourd’hui ni demain, ni jamais
, a déclaré Gabrielle Roy-Grégoire, ajoutant que le phénomène de l’écoanxiété est de plus en plus présent au sein de la population étudiante.
Gabrielle Roy-Grégoire, qui représente un groupe d’environ 150 étudiants à la maîtrise et au doctorat, a expliqué que les changements climatiques peuvent engendrer des peurs chroniques et qu’elle est ses pairs souhaitent, pour les générations futures, un fjord et un fleuve sains
.
GNL revient défendre son projet
L’entreprise GNL Québec a à nouveau défendu son projet devant les commissaires du BAPE
.Le directeur régional de la compagnie, l’ex-député Stéphan Tremblay, a fait la nomenclature de qu’il considère comme des avantages de l’implantation d’un terminal de liquéfaction de gaz naturel à Saguenay. Ce projet pourrait, selon lui, devenir une vitrine technologique mondiale
.
Le directeur a présenté le mémoire du personnel d’Énergie Saguenay en affirmant que l’équipe, composée majoritairement de gens du Saguenay-Lac-Saint-Jean, est convaincue de la pertinence et de l’importance d’un tel projet dans le cadre de la lutte aux changements climatiques.
Stéphan Tremblay a aussi profité de son passage devant le BAPE
pour décocher une flèche à l’endroit des opposants au projet.Les opposants à GNL n’ont pas le monopole de l’angoisse climatique. Je suis personnellement conscient et inquiet du dérèglement du climat. Je pense que GNL peut jouer un rôle majeur pour tasser le charbon, beaucoup plus polluant. Le GNL n’est pas la solution, mais c’est une solution
, a-t-il martelé, ajoutant que son entreprise veut mettre en place la première usine de liquéfaction de gaz naturel carboneutre.
Le climat froid et l’accès à l’hydroélectricité font en sorte que ce projet ne peut se faire nulle part ailleurs, argue Stéphan Tremblay.
L’équipe d’Énergie Saguenay est ancrée dans sa communauté et a pour objectif de développer un projet crédible […] Ce que nous sentons, c’est un réel désir des gens de la région de réaliser le plus grand projet privé de l’histoire du Québec afin de mettre une expertise régionale industrielle éprouvée pour ensuite récolter les bénéfices économiques substantiels pour plusieurs décennies à venir
, a résumé le directeur régional.
Oui à GNL Québec
Des citoyens et organismes qui sont en faveur du projet se sont aussi fait entendre mardi après-midi. Louise Paradis et Pierre Laroche sont successivement venus vanter les mérites d’Énergie Saguenay.
La première intervenante a fait l’éloge du projet, qu’elle associe à une occasion unique de diversification de l’économie régionale.
Pierre Laroche, qui a salué l’audace et le dynamisme de l’équipe de GNL Québec, a avancé qu’Énergie Saguenay serait l’un des plus propres au monde en termes de liquéfaction de gaz naturel, ce qui permettra de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre
.
Pierre Charbonneau a présenté sa pétition signée par environ 12 000 personnes favorables au projet.
Au total, le BAPE
entendra près de 250 intervenants, sur quelque 2500 mémoires reçus.