« Il n'y a rien de caché » sur la COVID-19, martèle Legault

François Legault dit ne rien cacher aux Québécois dans sa gestion de la pandémie.
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le premier ministre québécois François Legault a dû se défendre mardi d’avoir manqué de transparence dans la gestion de la pandémie de la COVID-19.
Il n'y a rien de caché, tout est transparent
, a insisté M. Legault devant les journalistes. Ces derniers faisaient écho aux tirs groupés de l'opposition qui reproche au gouvernement de ne pas communiquer les données scientifiques sur lesquelles sont basées ses décisions.
Il estime aussi que le Dr Arruda a toujours sa place dans les conférences de presse à ses côtés, même si des voix s'élèvent pour qu'une plus grande distinction soit faite entre le gouvernement et la santé publique. La journée où il ne va pas se sentir à l'aise, il va vous le dire
, a affirmé le premier ministre.
François Legault a également profité de la mêlée de presse pour tancer le premier ministre fédéral Justin Trudeau sur sa volonté d'imposer des normes harmonisées au niveau national dans les centres de soins de longue durée.
Monsieur Trudeau, qui veut gérer les CHSLD, qu'il s'assure de mieux gérer les frontières. Au mois de mars, ça nous a fait très mal que monsieur Trudeau ne ferme pas plus rapidement les frontières.
Le premier ministre a par ailleurs annoncé qu'un décret gouvernemental devrait être adopté mercredi afin de permettre aux autorités de donner des amendes aux clients de gyms récalcitrants.
Des propriétaires d'établissements opposés au prolongement des mesures sanitaires en zone rouge ont fait savoir qu'ils ouvriront leur salle d’entraînement jeudi matin, même s’ils risquent de recevoir des contraventions.
L'opposition en rang serré
Les partis d'opposition ont multiplié les attaques pour fustiger la gestion de crise du gouvernement, mettant l'accent notamment sur le manque de cohérence des mesures, qui fragilisent, selon eux, la confiance des Québécois envers l'exécutif.
Le Parti libéral du Québec a demandé au premier ministre de se ressaisir pour maintenir la paix sociale au Québec
, alors que 200 centres de conditionnement physique, de yoga ou de danse prévoient d'ouvrir leurs portes, faisant fi des restrictions.
Québec solidaire estime que la population n'est plus prête à suivre aveuglément les consignes et ne saisit pas pourquoi l'abattoir d'Olymel de Vallée-Jonction, qui compte une centaine de cas de COVID-19 et un décès, reste ouvert, alors que les cinémas et les théâtres ont dû fermer leurs portes.
C'est quoi la logique? Vous savez, les montagnes russes, ça finit par donner mal au cœur. Je comprends qu'il y a des gens qui sont complètement en train de décrocher, qui ne savent plus où donner de la tête.
Le chef du Parti Québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a quant à lui demandé un observateur indépendant scientifique
au sein de la cellule de crise du gouvernement. Elle est, selon lui, principalement composée de personnel politique partisan spécialisé en communications
.
La courbe se maintient
Québec a recensé mardi 963 nouveaux cas de COVID-19, en légère hausse par rapport aux deux derniers jours, où la province se situait sous la barre des 900 nouvelles infections.
La hausse de 155 cas par rapport au bilan de la veille est essentiellement attribuable aux augmentations enregistrées à Montréal (319 cas, en hausse de 112 cas ou de 35 %) et dans la Capitale-Nationale (91 cas, en hausse de 38 ou 41 %).
Dix-neuf personnes de plus ont aussi succombé à la maladie, dont quatre au cours de la période de 24 heures qui s'est conclue lundi à 16 h. Quatorze décès ont eu lieu entre le 20 et le 25 octobre et un autre à une date inconnue.
Encore une fois, c’est 19 personnes de trop, ce ne sont pas juste des statistiques, ce sont des familles, des amis, des proches qui sont dans le deuil. Continuons nos efforts pour limiter le nombre de victimes.
Le nombre d'hospitalisations diminue légèrement pour une deuxième journée de suite. Québec en compte maintenant 527, en baisse de 16 par rapport au dernier bilan, dont 91 aux soins intensifs, un recul de deux.
Un total de 18 985 tests de dépistage ont été effectués dimanche, dernière journée pour laquelle ces données sont disponibles. Plus de trois millions de tests ont été effectués dans la province depuis le début de la pandémie.
Au total, la COVID-19 a infecté 101 885 Québécois, dont 6172 qui en sont morts.
Au moins 130 000 chirurgies reportées
En entrevue à l'émission Tout un matin, le ministre Dubé a mentionné que 130 000 Québécois étaient présentement en attente d'une chirurgie. Il s'agit du nombre de requêtes en attente dans l'ensemble des établissements du Québec.
On a maintenant à peu près 130 000 à 135 000 chirurgies en attente
, a indiqué M. Dubé.
Par ailleurs, on précise au ministère de la Santé qu'il y a eu à ce jour 92 273 chirurgies réalisées en moins cette année que l’année dernière.
Le ministre a réitéré que les mesures sanitaires prolongées par Québec dans les zones rouges visent notamment à préserver le système de santé de la province, déjà mis à rude épreuve le printemps dernier.
Chaque patient COVID qu’on doit soigner nous empêche de rattraper les chirurgies sur lesquelles on a pris un retard.
Une importante opération de délestage avait été mise en œuvre dans les hôpitaux lors de la première vague, le printemps dernier, en prévision d’un afflux de patients ayant la COVID-19 qui n’a finalement pas eu l’ampleur anticipée. Cela a cependant fait grimper rapidement le nombre de chirurgies reportées dans les hôpitaux du Québec.
En prévision de la deuxième vague, Québec a demandé aux hôpitaux d’éviter le délestage autant que possible. La hausse des hospitalisations des dernières semaines, conjuguée au manque de personnel infirmier, a cependant forcé certaines institutions à continuer de reporter des chirurgies.
Selon le cabinet du ministre de la Santé, il manque environ 6000 travailleurs de la santé dans le réseau à l'heure actuelle. Au sommet de la première vague, il en avait manqué jusqu'à 12 000.
Trois indicateurs importants
Outre l'état du système hospitalier, le nombre de cas et le nombre d'éclosions sont les deux autres indicateurs que Québec suit de près en prévision d'un relâchement des mesures de prévention, qui incluent la fermeture des salles à manger des restaurants, des bars, des théâtres, des cinémas et des salles d'entraînement.
Le point le plus important pour les trois [indicateurs], c’est la tendance
, a indiqué M. Dubé. C’est-à-dire que pour être capable de revenir en zone orange, il faudrait qu’on ait une tendance régulière à la baisse d’au moins deux semaines. On a dit un autre 28 jours, c’est deux cycles de deux semaines.
Jusqu'à nouvel ordre, ces mesures demeureront en vigueur jusqu'au 23 novembre, a annoncé lundi le premier ministre François Legault, quoique leur bien-fondé sera réévalué dans deux semaines.
Il s'est félicité du fait que le Québec ait réussi à « mater la vague », mais observe qu'il y en a une autre, et que la propagation du virus reste forte.
M. Dubé a quant à lui félicité les Québécois pour avoir réussi à stopper la progression exponentielle
de la maladie constatée à la fin du mois de septembre. On a accompli la moitié de nos objectifs. Maintenant, il faut baisser le nombre de cas pour limiter l’impact sur notre réseau de la santé
, a-t-il résumé.
Le ministre juge d'ailleurs encourageant
le fait que Québec ait recensé moins de 900 cas dans ces deux derniers bilans quotidiens. On a vu qu’il y avait une certaine tendance vers la baisse
, a-t-il dit. Mais il faudrait voir ça tous les jours sur une base régulière pour les deux prochaines semaines, dans l’ensemble de ces indicateurs.
Malheureusement, lorsqu'on [a] entre 800 et 1000 cas par jour, comme [...] en ce moment, on affecte beaucoup notre réseau de santé, pour les raisons qu’on connaît, et c’est pour ça qu’on demande un deuxième effort maintenant pour essayer de diminuer le nombre de cas quotidiens.
On sait que c’est très difficile. C’est difficile pour tout le monde
, a-t-il convenu, en réitérant que le gouvernement est à la recherche d'un équilibre
entre les impératifs de santé publique et d'économie.