Deuxième vague : les résidents du Grand Montréal gardent le moral… pour l’instant
Mais la situation est plus difficile que lors de la première vague.
Chargement de l’image
Après la pluie, le beau temps?
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les Montréalais et leurs voisins des banlieues ne désespèrent pas de vaincre la COVID-19.
Selon un sondage commandé par Radio-Canada, la grande majorité d’entre eux (73 %) arrivent à garder le moral malgré la pandémie. Mais la situation est plus difficile que lors de la première vague. Les jeunes, en particulier, vivent difficilement ces chambardements.
Le coup de sonde a été donné il y a environ un mois, au moment où la COVID-19 effectuait un retour en force et que la moitié du Québec basculait d’un coup en zone rouge. Ses résultats soulignent jusqu’à un certain point la résilience des résidents du Grand Montréal.
Ainsi, 73 % des personnes interrogées ont qualifié leur moral de « bon » ou de « très bon » dans le contexte actuel. Cette appréciation varie cependant avec l’âge : si 86 % des 65 ans et plus ont affirmé avoir un bon moral, ce taux chute à 56 % chez les 18-24 ans.
« Être à l'université et être confinée sans pouvoir aller dans des cafés ou interagir avec d'autres gens est très difficile pour ma santé mentale. Je ressens que nous sommes la tranche d'âge des mal-aimés. »
Ce sentiment se justifie, selon Michel Berne, associé principal et cofondateur d’Ad hoc Recherche, qui a réalisé le sondage à la demande de Radio-Canada.
Les plus jeunes sont ceux qui souffrent le plus des restrictions en ce moment à cause du caractère très social de leur vie, à cause de leur mobilité, explique-t-il. Parce qu’en ce moment, qu’est-ce qu’on restreint? On restreint les contacts sociaux. Et les plus jeunes, ce sont des animaux sociaux, qui ont des contacts multiples au quotidien, qui sont très mobiles, alors ils sont particulièrement brimés dans le contexte.
Un hiver pénible à nos portes
Elle avait beau être prévisible, la deuxième vague de COVID-19 s’annonce plus difficile que la première, à en juger par les résultats compilés par Ad hoc Recherche.
Dès l’arrivée du mois d’octobre, les résidents du Grand Montréal étaient déjà deux fois plus nombreux à dire que leur moral s’était dégradé plutôt qu’amélioré par rapport à leur état d’esprit du printemps dernier.
Si, pour 45 % des répondants, leur moral n’a pas changé depuis six mois, 38 % jugent qu’il est aujourd’hui moins bon, contre 17 % qui croient, au contraire, qu’il est meilleur aujourd’hui – un écart de 21 points de pourcentage.
On sent essentiellement de l’usure par rapport à la situation
, résume Michel Berne.
À lire aussi :
Invités à s’exprimer sur ce qu’ils trouvaient le plus difficile depuis le début de la crise, les répondants au sondage ont exprimé avant tout des irritants en lien avec leur bien-être psychologique.
Je me sens très seule, toute seule chez moi
, écrit par exemple une Lavalloise âgée entre 45 et 54 ans. Les fêtes de Noël et du jour de l'An vont bientôt arriver, alors ça m'inquiète d'avoir à passer peut-être un temps des fêtes toute seule [...] C'est si important de se réunir avec nos proches…
À en juger par leurs commentaires, l’isolement social, le manque de contacts physiques, l’anxiété, la solitude et l’éloignement de la famille semblent peser lourd sur les épaules des résidents du Grand Montréal.
Il y a bien sûr d’autres choses, reconnaît Michel Berne : il y a des gens qui nous disent "c’est plate, je ne peux pas voyager"; il y a des restrictions qu’on n’apprécie pas; des souffrances économiques également; mais dans l’ensemble des commentaires qui nous sont rapportés, c’est vraiment mineur par rapport aux difficultés psychologiques qui sont vécues par les gens.
Pourtant, les conséquences de la crise sur les finances personnelles des résidents du Grand Montréal ne sont pas négligeables : 36 % des répondants affirment que la pandémie a eu un impact négatif sur leur budget, alors qu’ils sont seulement 11 % à soutenir l’inverse.
Les mesures en zone rouge bien acceptées
Par ailleurs, les résidents du Grand Montréal font preuve d’indulgence face aux restrictions imposées par le gouvernement Legault dans les zones rouges : 42 % des répondants estiment que les mesures adoptées jusqu’ici ne sont « pas assez sévères », alors que 34 % les jugent « juste correctes » et que 24 % les trouvent « trop sévères ».
Ces mesures visent les bons secteurs, estiment-ils en grande majorité (70 %), et ne briment pas leurs droits et libertés (77 %). En fait, seuls 8 % des répondants croient fermement qu’elles y font obstacle.
Ces résultats font dire à Michel Berne qu’il y a une acceptation assez générale
, dans la population métropolitaine, face aux mesures adoptées par Québec pour contrer la pandémie, et qu’il y a même une ouverture à plus de sévérité
.
« Quand on pense à ce qui vient d’être autorisé pour l’Halloween, on peut se dire : "Est-ce qu’on est trop laxistes par rapport à une fête comme celle-là?" Quand je vois des résultats comme ceux-là, je me dis qu’il doit y avoir un certain nombre de gens qui pensent ça. »
Quant à ceux qui croient « tout à fait » que les mesures adoptées en zone rouge briment leurs droits et libertés, Michel Berne observe qu’ils ne représentent qu’une infime minorité
des répondants. Cette partie de la population, selon lui, serait donc pas mal plus [audible] que ce qu'on voit dans les chiffres
.

Une grande majorité de la population arrive à garder le moral, malgré la pandémie. C'est ce que révèle un sondage commandé par Radio-Canada. Mais la situation est plus difficile que lors de la première vague, surtout pour les jeunes. Reportage de Jacaudrey Charbonneau.
Le télétravail plaît
Les répondants conviennent toutefois que la pandémie de COVID-19 et les restrictions qui ont suivi ont eu un impact évident sur plusieurs aspects de leur vie.
Par exemple, 56 % des répondants ont eu recours au télétravail depuis la mi-mars, et cette réalité concerne toujours 45 % des résidents du Grand Montréal – un mal pour un bien, puisque 56 % des répondants préfèrent travailler à domicile plutôt que sur place.
Cette popularité du télétravail explique d’ailleurs en partie pourquoi tant de Montréalais jugent probable qu’ils quittent la ville au cours des prochaines années.
Le recours accru au télétravail et la mise à l’arrêt de nombreux secteurs d’activité ont aussi eu un impact considérable sur l’achalandage des services de transport en commun, qui se confirme dans le sondage commandé par Radio-Canada.
Pas moins de 74 % des résidents du Grand Montréal affirment qu’ils prennent moins souvent le métro, le bus ou le train de banlieue depuis le début de la pandémie; 11 % ont soutenu l’inverse.
La peur d’y contracter la COVID serait en cause : 58 % des répondants ont dit se sentir peu en confiance
ou pas du tout en confiance
sur le plan sanitaire dans les transports collectifs.
Méthodologie : Ce sondage a été commandé par Radio-Canada auprès de la firme Ad hoc Recherche, qui a consulté entre le 30 septembre et le 4 octobre un panel web de 1454 adultes capables de s’exprimer en français ou en anglais dans le Grand Montréal. Un échantillon probabiliste de la même taille aurait une marge d’erreur maximale de plus ou moins 2,6 % à un niveau de confiance de 95 % ou plus, et la marge d’erreur serait supérieure dans les sous-échantillons. L’ensemble des résultats a été rendu disponible mardi matin sur le site web d’Ad hoc Recherche (Nouvelle fenêtre).