COVID-19 : que fait la santé publique du Québec pour étudier les réinfections?

Représentation du coronavirus SRAS-CoV-2.
Photo : iStock / borchee
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Depuis cet été, plusieurs cas de personnes ayant attrapé la COVID-19 deux fois ont été confirmés dans le monde. Au Québec, malgré quelques signalements, aucun cas de possible réinfection n'a encore été étudié par la santé publique. Une vaste étude est toutefois en préparation.
La semaine dernière, Radio-Canada rapportait le cas d'une femme de 37 ans ayant possiblement contracté la COVID-19 deux fois en l'espace de cinq mois. À la suite de ce reportage, d'autres Québécois avec une histoire semblable nous ont contactés.
Tous s'interrogeaient sur l'apparente indifférence de la santé publique provinciale, qui ne leur aurait pas posé de questions par rapport à cette possible deuxième infection.
Par courriel, la porte-parole de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), Sybille Jussome, confirme qu'à ce jour, aucun cas potentiel de réinfection n'a été étudié
dans la province.
Mme Jussome indique toutefois qu'une équipe de l'INSPQ et du Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) s'apprête à mener une étude afin d'établir des bases pour pouvoir mieux documenter ce phénomène
.
Priorité
Ça fait partie de nos priorités d'analyse
, indique Sandrine Moreira, responsable de la génomique et de la bio-informatique au LSPQ, qui fait partie de l'équipe de chercheurs.
« À quel point c'est répandu dans la population? Qu'est-ce que ça nous dit sur l'immunité des personnes? [...] Ça va influencer la gestion de ces cas-là. »
Alors pourquoi ne pas avoir démarré ces travaux plus rapidement, alors que des cas de réinfection ont déjà été rapportés en Chine et aux États-Unis, notamment?
Parce que le Québec ne souhaite pas répertorier quelques cas anecdotiques
, répond Mme Moreira. C'est certain qu'on pourrait très bien faire comme ça a été fait dans certains pays [...], c'est-à-dire utiliser un des cas et publier ce cas-là.
La grande chance qu'on a au Québec, c'est de pouvoir aller rechercher dans la biobanque les échantillons sur un plus grand nombre de patients et d'avoir une idée de l'amplitude du phénomène
, dit-elle.
Une mine d'or
La biobanque dont parle Mme Moreira, c'est la CoVBanQ, une mine d'or
dans laquelle on retrouve environ 50 000 échantillons du virus prélevés sur les Québécois infectés depuis le printemps dernier.
Jusqu'à tout récemment, on ne conservait qu'un seul échantillon par patient. Mais à la fin de l'été, quand est apparue l'hypothèse qu'une personne puisse être infectée plus d'une fois, la CoVBanQ a commencé à recueillir des échantillons de possibles deuxièmes infections.
On en a déjà reçu qui pourraient être des candidats
, confirme Mme Moreira.
Pour confirmer qu'une réinfection a bel et bien eu lieu, il faut réaliser du séquençage en laboratoire et prouver que le génome du virus n'était pas le même lors de la première et de la deuxième infection.
Mieux comprendre les risques
C'est ce travail qui devrait démarrer au cours des prochaines semaines, une fois que l'équipe de chercheurs aura fini d'établir les critères cliniques permettant de bien identifier les cas de possibles réinfections présents dans la biobanque.
En accumulant comme ça plusieurs cas, on va pouvoir éventuellement trouver s'il y a un certain profil de patient ou un certain profil de virus qui serait plus sujet à des réinfections
, illustre Mme Moreira.
« Est-ce que ce sont des personnes, par exemple, qui ont un statut immunitaire affaibli? Est-ce que ce sont des personnes qui sont particulièrement plus exposées? Est-ce que ce sont des personnes qui sont souvent asymptomatiques? »
Pour le moment, aucun calendrier n'est prévu pour diffuser les résultats de cette étude, mais Mme Moreira espère qu'ils seront disponibles le plus rapidement possible.
Rappelons qu'une autre étude concernant les réinfections débute à Montréal. Supervisée entre autres par la Dre Caroline Quach-Thanh, cette étude ne vise toutefois que les travailleurs du réseau de la santé.
La biobanque CoVBanQ est le fruit d'un partenariat entre le LSPQ et Génome Québec. Les échantillons de virus qui y sont stockés permettent de mener des travaux en laboratoire pour étudier l'évolution de la COVID-19 au Québec.
Récemment, grâce au séquençage des échantillons prélevés auprès des premiers patients atteints de la COVID-19 au Québec, on a pu déterminer que ce n'est pas un seul voyageur, mais bien un minimum de247 personnes qui ont introduit le virus dans la province.
La biobanque offre aussi le potentiel de retracer l'évolution du virus et de déterminer quelles souches se propagent au sein de la population.