Col de l'utérus : des centaines de lésions précancéreuses passent sous le radar

Le reportage de Nicole Germain
Photo : Radio-Canada / Carl Boivin
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des dizaines de milliers de femmes qui devaient passer un test Pap cette année à Québec ne l’ont pas fait en raison de la pandémie. Une chercheuse craint que des centaines de cas de lésions précancéreuses ne puissent donc être détectés.
Au mois d’août 2020, on recensait 20 000 cytologies vaginales (tests Pap) de moins qu’à pareille date l'an dernier au CHU de Québec, selon les estimations de la Dre Céline Bouchard, chercheuse et gynécologue.
D'après les statistiques, entre 300 à 350 femmes de la région de Québec qui auraient des lésions précancéreuses n’ont donc pas été dépistées en raison des retards causés par la pandémie.
Le test Pap est recommandé tous les deux ou trois ans pour les femmes âgées de 21 à 65 ans. Il permet de détecter des lésions précancéreuses qui, sans prévention, peuvent mener à certaines complications, comme le cancer du col de l’utérus.
L'un des cancers les plus fréquents
Au Québec, le cancer du col de l’utérus se classe au troisième rang parmi les cancers les plus fréquents chez les femmes de 25 à 44 ans. Chaque année, près de 300 patientes apprennent qu’elles en sont atteintes. Le cancer du col de l’utérus est principalement causé par certains types de virus du papillome humain (VPH).
Contrairement aux campagnes de dépistage pour le cancer du sein, le suivi des cytologies n’est pas aussi rigoureux et organisé, malgré les nombreuses demandes des gynécologues au fil des ans. La Dre Céline Bouchard affirme donc qu’il n’est pas possible de savoir exactement qui nécessite un nouvel examen.
Les patientes ne reçoivent pas de lettre, ne sont pas invitées. Il faut que les patientes pensent à leur test de dépistage
, explique-t-elle.
Une question de prévention
Ginette Bouffard, une résidente de Saint-Ferréol-les-Neiges, prend très au sérieux les risques de cancer du col de l’utérus. La dame de 61 ans est donc généralement très assidue dans sa prise de rendez-vous pour la cytologie.

Ginette Bouffard a dû insister pour avoir accès au test Pap.
Photo : Radio-Canada / Nicole Germain
Au printemps dernier, elle aurait dû être examinée. Après avoir insisté cet automne, elle a finalement pu avoir un rendez-vous au mois d’octobre.
Ginette Bouffard estime qu’un meilleur suivi devrait être fait auprès des patientes, puisque la prévention des maladies de l’utérus fait partie de la santé globale de la femme.
Quand on a nos résultats, on n’a plus d’inquiétude, mais en plus on prévient tellement des choses qui peuvent devenir plus graves
, affirme-t-elle.
Impossible à distance
Des obstacles se dressent toutefois présentement devant celles qui doivent subir l’examen. Selon la Dre Bouchard, plusieurs médecins de première ligne, qui sont généralement ceux qui font les tests Pap, sont en télétravail. Il ne s’agit évidemment pas d’une procédure réalisable à distance. Elle s’inquiète ainsi que ces défis découragent les femmes et les empêche d’aller se faire dépister.
La gynécologue affirme qu’elles doivent insister pour passer le test, pandémie ou pas. Elle croit que cela permettrait de prévenir bien des complications dans le futur, particulièrement pour celles qui n'ont pas reçu le vaccin contre le VPH.
Avec des informations de Nicole Germain