La COVID-19 force le mythique Grumman 78 à tirer sa révérence

Le Grumman 78 était célèbre pour ses tacos.
Photo : Facebook/Grumman'78
La crise sanitaire aura eu raison du populaire restaurant de tacos de Saint-Henri et de son mythique camion de rue, qui roulait sa bosse depuis 2010 et avait même aidé à ouvrir la voie à tous les autres à Montréal. Le Grumman 78, « c'est fini », confirme la copropriétaire Gaëlle Cerf.
Le camion de rue du Grumman 78 ainsi que son adresse fixe sur la rue de Courcelle ferment donc définitivement leurs portes. Les projets, dont une nouvelle adresse dans Pointe-Saint-Charles, partent également en fumée.
On va carrément fermer la compagnie. On connaît encore nos recettes. Mais le Grumman comme tel, comme on l’a connu, il disparaît. Il n’aurait plus de maison. C’est fini
, laisse tomber la copropriétaire en entrevue jeudi, peu de temps après la publication de la nouvelle sur le compte Facebook du restaurant.
L’été a été super difficile, a-t-elle admis. On a perdu 30 000 $ par mois cet été, même si on avait une terrasse.
On aime mieux fermer maintenant avant d’y laisser toutes nos plumes.
La copropriétaire explique que son entreprise, qui a perdu 65 % de son chiffre d'affaires pendant la première vague de COVID-19, n'a ainsi pas pu avoir accès à l'aide au loyer. Pour l'obtenir, il faut avoir connu une baisse de revenus d'au moins 70 %.
Ça, ça nous a vraiment permis de creuser un trou énorme, déplore-t-elle. La nouvelle fermeture des salles à manger, c’est le dernier clou dans le cercueil.
En veut-elle au gouvernement pour avoir imposé de nouvelles restrictions sanitaires visant les restaurants? Lucide, elle estime plutôt que le problème est beaucoup plus vaste que la simple fermeture des salles à manger : tellement de restaurants ont besoin de leur clientèle touristique, et les clients, de manière générale, ils ne sont plus au rendez-vous de toute façon, dit-elle.
Je ne peux pas trouver de coupable. Le coupable, c’est la COVID, et puis c’est tout. C’est 2020.
Le Grumman 78 a été à l'avant-plan de la renaissance de la cuisine de rue à Montréal, bannie en 1947 sous prétexte de salubrité. Il est monté au front pour permettre d'adapter la réglementation municipale.
Gaëlle Cerf est d'ailleurs cofondatrice et vice-présidente de l’Association des restaurateurs de rue du Québec, qui milite toujours auprès de la Ville pour permettre davantage de camions de cuisine de rue sur la place publique.
C’est épouvantable. On a été les pionniers de plusieurs trucs. J’espère qu’on n’est pas des pionniers ce coup-là.