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La santé mentale des étudiants inquiète, les ressources tardent

Une adolescente porte un masque de protection au visage et suit sur son ordinateur un cours en ligne à la maison.

Le reportage d'Alexane Drolet

Photo : damircudic

Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

En plus d'être insuffisante aux yeux de certains, l'aide financière visant à bonifier l'offre de soutien en santé mentale pour les étudiants postsecondaires en contexte de pandémie tarde à se faire sentir sur le terrain.

L'état préoccupant de la santé psychologique des étudiants postsecondaires était déjà bien documenté avant l'arrivée de la COVID-19 en sol québécois.

D'après une enquête menée par l'Union étudiante du Québec (UEQ) il y a deux ans, un étudiant universitaire sur cinq souffrait de symptômes justifiant une consultation auprès d'un professionnel.

L'UEQ n'a pas de nouvelles données à sa disposition pour dresser le portrait actuel, mais ne cache pas son inquiétude. On peut croire que ce pourcentage-là a augmenté, avance sa présidente, Jade Marcil. On peut être assez pessimiste, on sait que ça va s'être détérioré, ajoute-t-elle.

Elle rappelle que la solitude se trouvait déjà en tête des facteurs menant à des troubles dépressifs et anxieux chez les universitaires. On craint que la formation à distance et l'absence de socialisation, surtout en zone rouge, ne viennent accentuer le phénomène.

« La solitude se répand avec les mesures de confinement et les restrictions. Automatiquement, on s'inquiète beaucoup de la situation. »

— Une citation de  Jade Marcil, présidente, Union étudiante du Québec

Sans faire une enquête aussi exhaustive qu'en 2018, laquelle avait touché 25 000 personnes, l'UEQ lancera sous peu un vaste sondage aux quatre coins du Québec pour bien comprendre comment est vécue la session d'automne.

Les salles de classe sont munies de points verts pour signifier aux étudiants où ils peuvent s'installer.

La distanciation physique était la norme à suivre en prévision de la rentrée universitaire d'automne. Mais la deuxième vague a brouillé les cartes en cours de route.

Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc

Les universités devront rendre des comptes

Le gouvernement Legault, par la voix de la ministre de l'Enseignement supérieur, Danielle McCann, a annoncé, fin août, une enveloppe de 10 millions de dollars destinée au soutien psychosocial des étudiants. Le montant doit couvrir l'ensemble du réseau postsecondaire, cégeps comme universités.

Selon les échos qu'elle en avait encore cette semaine, l'UEQ ne voit pas de résultats concrets sur le terrain. Nous, présentement, on ne voit pas encore la couleur de cet argent-là. Les étudiants et les étudiantes, je ne pense pas non plus qu'ils sont capables de le percevoir, affirme Jade Marcil.

La présidente attend avec impatience la reddition de comptes des universités, lesquelles seront responsables des investissements à faire. Ce sont ces dernières qui encaissent les fonds pour ensuite les utiliser afin de bonifier les services d'aide en santé mentale vers leurs communautés respectives.

« Puisque ce sont les établissements [qui administrent les fonds], ça tarde à se faire sentir. C'est pour ça que la reddition de comptes est importante. »

— Une citation de  Jade Marcil, présidente, Union étudiante du Québec

Selon Mme Marcil, l'aide présentement en place dans les campus ne suffit pas et ne parviendra pas à répondre à la demande, surtout si celle-ci a augmenté au cours des derniers mois.

On sait qu'il y a un temps d'attente énorme sur les campus pour avoir accès [aux services], comme dans la population en général, dit-elle. Dans ce contexte, l'aide du gouvernement doit, selon elle, servir en priorité pour les besoins urgents. En parallèle, l'UEQ maintient que le Québec devra se doter d'une stratégie nationale pour ses étudiants.

Un étudiant seul sur le campus.

L'accès aux services sur les campus demeure un enjeu de taille au cours de la pandémie, souligne l'UEQ.

Photo : Radio-Canada / Andrew Lee

Pour le moment, un étudiant peut faire appel aux ressources au sein même de son université. Il peut aussi vérifier si son association étudiante offre une couverture d'assurance qui assumerait une partie des frais de consultation au privé.

Pour calmer l'angoisse des étudiantes et des étudiants, les associations étudiantes demandent par ailleurs un minimum de prévisibilité et une meilleure transmission des informations par les directions d'établissements.

Aide insuffisante

Le son de cloche est similaire à la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ). Il y a un désir que ça fonctionne, lance d'emblée Noémie Veilleux, présidente de la FECQ, au sujet des directions d'établissements collégiaux.

Le problème, dit-elle, est que l'argent avancé par Québec ne va pas colmater toutes les brèches. Dix millions pour un réseau d'enseignement supérieur complet, ce n'est pas suffisant. C'est bien peu par rapport aux besoins, affirme Mme Veilleux.

« Ce n'est pas assez substantiel pour faire la différence du jour au lendemain. »

— Une citation de  Noémie Veilleux, présidente, Fédération étudiante collégiale du Québec

Le nerf de la guerre, selon la FECQ est l'accessibilité et la disponibilité des ressources. En zone rouge et là où la formation à distance est devenue la norme, il est difficile pour les étudiants d'aller chercher de l'aide, selon elle. C'est plus compliqué et difficile maintenant que c'est à distance, soutient Noémie Veilleux, surtout pour les étudiants qui faisaient leur entrée au collégial cette année.

En plus d'offrir de meilleurs services, les directions devraient s'attarder à maximiser leurs canaux de communication. La FECQ croit que l'aide offerte n'est pas assez promue. Trouver les ressources, en soi, ça représente un défi [actuellement]. Déjà que demander de l'aide demeure un grand défi pour bien des personnes, insiste Mme Veilleux.

La FECQ a pour sa part lancé, le 22 septembre, une enquête pour s'enquérir de l'état de santé de ses membres.

Gros plan de Danielle McCann, ministre de l’Enseignement supérieur.

La santé mentale étudiante figure au sommet de la liste des priorités, assure le cabinet de la ministre Danielle McCann.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Au sommet des priorités

Au cabinet de la ministre Danielle McCann, on assure que la santé mentale des étudiants québécois est au sommet des priorités.

Alexandre Lahaie, attaché de presse de la ministre, assure qu'une reddition de comptes a été demandée au début du mois d'octobre afin de savoir où les sommes versées sont allées. On va faire des suivis, promet-il à la communauté étudiante de la province.

M. Lahaie ne ferme pas complètement la porte à ce que de nouvelles annonces surviennent, si jamais les sommes déjà versées s'avéraient insuffisantes. Mais pour le moment, l'heure est à s'assurer que les fonds déjà accordés se répercutent dans l'offre actuelle.

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