Suspension temporaire d’une professeure de l’Université d’Ottawa

Un panneau qui mentionne l'Université d'Ottawa (archives).
Photo : Radio-Canada / Jean-Sébastien Marier
Une professeure à temps partiel de l'Université d'Ottawa a été suspendue pour avoir prononcé le « mot en n » lors d'un cours en anglais sur la représentation des identités sexuelles.
Verushka Lieutenant-Duval a été suspendue le 23 septembre à la suite d’une plainte déposée par une étudiante.
Le mot en n
a été prononcé pour donner l’exemple d’un mot qui a été réapproprié par une communauté.
Selon les informations confirmées par l'Association des professeur.e.s à temps partiel de l'Université d'Ottawa (APTPUO), une étudiante lui a mentionné que ce mot ne pouvait pas être utilisé par une personne à la peau blanche. L’étudiante a ensuite formulé une plainte au doyen de la Faculté des arts.
La professeure Lieutenant-Duval a aussitôt été suspendue par la direction de l'Université d'Ottawa qui a ensuite donné l’option aux étudiants de changer de professeur pour la suite du cours.
L'APTPUO
dit avoir reçu plusieurs témoignages d'appui envers la professeure dans les derniers jours. Le directeur exécutif Jean-Sébastien Daoust dit craindre pour la sécurité des professeurs qui ont un statut précaire et estime que la décision de l’Université met de côté le processus académique.Il ajoute que c'est préoccupant, parce que la déclaration de l'Université a été faite sans que la membre puisse s'expliquer, sans qu'il y ait une enquête formelle de façon juste et équitable pour permettre à la membre d'expliquer la situation. Donc, on a condamné sur la place publique la membre pour satisfaire en quelque sorte la clientèle étudiante
.
Plusieurs réactions
Les propos et la suspension de la professeure Lieutenant-Duval ont aussi suscité des réactions de la part du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO). Il dénonce les propos qu’il qualifie de racistes
et ajoute que le mot en n
ne devrait jamais être utilisé à l’Université.
Je ne peux pas me permettre de dire qu'elle est raciste, mais elle a utilisé un mot raciste dans un cours. C'est inacceptable et c'était aussi un comportement non éthique pour un professeur et irrespectueux en même temps
, soutient Kerry Menelas, un étudiant de l’Université d’Ottawa qui signé une pétition pour dénoncer les propos de la professeure.
Pour sa part, le professeur et directeur du Département de français de l’Université d'Ottawa, Maxime Prévost, estime qu' il faut y aller avec précaution. Il faut vraiment être sensible à ce que peuvent vivre les étudiants. Mais une classe, qu'elle soit physique ou virtuelle, ne peut pas devenir tout à fait un safe space. Il y a des textes passés qu'on va lire qui vont nous déranger
.
La professeure Lieutenant-Duval, qui n'a pas retourné nos messages, devrait pouvoir présenter à nouveau d'autres cours à compter de vendredi.
L'Université d'Ottawa n’a pas voulu commenter jeudi.
Avec les informations de Jean-François Poudrier et de Josée Guérin