Les francophones du Yukon à l’aube de grands projets
L'assemblée générale annuelle de l'AFY s'est déroulée à guichets fermés avec 50 participants, le nombre maximal permis en vertu les mesures sanitaires actuelles.
Photo : Radio-Canada / Claudiane Samson
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La 38e assemblée générale annuelle de l’Association franco-yukonnaise (AFY), tenue mercredi soir à Whitehorse, s’est faite porteuse de grands espoirs pour les prochaines années.
Devant une salle comble en raison des mesures sanitaires qui limitent à 50 le nombre de participants admis, le ministre des Services aux collectivités, John Streicker, a annoncé la signature imminente d’une entente de financement record.
Le gouvernement du Yukon est sur le point de conclure une entente bilatérale avec le gouvernement fédéral de 28 millions de dollars sur 5 ans.
John Streicker explique, en français, que le financement permettra de bonifier l'offre de services de première ligne du gouvernement territorial.
« On espère que tous nos ministères feront mieux [...] mais il y a une autre raison. Si on peut améliorer les langues minoritaires, c’est bon pour le Yukon. Un territoire plus diversifié, c’est meilleur. »
La présidente de l’AFY, Jeanne Beaudoin, est optimiste quant à l’injection de ce financement qui, elle espère, s’accompagnera de vérifications pour éviter un gaspillage
possible.
« Ce qui nous intéresse, c’est que cet argent-là aille aux services et aux communications en français, que ce soit utilisé de façon intelligente et durable pour vraiment répondre aux objectifs de la loi sur les langues telle qu’elle a été conçue et discutée et adoptée en 1988. »
L’annonce s’ajoute à celle de la concrétisation du projet de centre de soins primaires bilingue, qui deviendra la première polyclinique de la grande réforme des soins de santé au territoire. Deux délégués du ministère de la Santé et des Affaires sociales s’étaient déplacés pour l’assemblée.
À lire aussi :
Des relations qui s’améliorent
La directrice générale de l’AFY, Isabelle Salesse, souligne à titre d’exemple la publication du récent rapport Vieillir chez soi simultanément dans les deux langues. Elle ajoute en avoir reçu un exemplaire à l'avance du bureau de la ministre.
Moi, c’est la première fois que je vois ça. [...] Je remarque vraiment un changement dans les instances gouvernementales
, affirme la directrice générale.
La présidente Jeanne Beaudoin le remarque aussi. La communauté francophone est plus considérée, on nous consulte et ce qui est plus important, c’est qu’on écoute ce qu’on dit.
Dans son rapport annuel, l’organisme fait mention des rencontres positives entre les dirigeants et les différents ordres de gouvernement, qu’il s’agisse du premier ministre du territoire, Sandy Silver, ou du maire de Whitehorse, Dan Curtis.
Encore des défis
Jeanne Beaudoin souligne toutefois que tous les objectifs ne sont pas atteints pour autant. Les priorités, pour nous, ça demeure les services et les communications en français, l’éducation, la santé, les services aux aînés [et] l’immigration.
Dans sa planification stratégique pour les cinq prochaines années, l’AFY entend travailler à un rapprochement avec les Premières Nations. Nous sommes rendus là
, affirme Isabelle Salesse.
« Dans un esprit de réconciliation dans les cinq années à venir, on va tenter de faire un rapprochement, de sensibiliser notre population aux réalités des Premières Nations, tout en tentant aussi de [les] sensibiliser à notre réalité. »
L’organisme souhaite également élaborer un plan d’action pour mettre en oeuvre l’entente conclue auprès de l’Université du Yukon. La présidente a affirmé à l’assemblée que le travail devait reprendre avec le changement récent de présidence à l'établissement postsecondaire.
Une présence de longue date méconnue
Un projet de transfert des archives de l'AFY vers celles du territoire est par ailleurs en cours.
On veut valoriser le patrimoine franco-yukonnais [...] On tient vraiment à ce que la contribution des francophones à l’édification du Yukon tel qu’on le connaît aujourd’hui soit reconnue davantage
, explique la présidente.
C'est un premier pas vers la réalisation d'un potentiel
projet communautaire à plus long terme : la création d’une société historique. C’est la 38e AGA, mais la francophonie est redevenue active bien avant, dans les années 1970.