Forte augmentation du nombre de plaintes pour profilage racial au Québec

Les personnes autochtones et noires ont « entre quatre et cinq fois plus de chances » d’être interpellées que les personnes blanches, selon un rapport de la Ville de Montréal.
Photo : Getty Images / Andrey Popov
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le Québec connaît une hausse marquée de plaintes, plus particulièrement pour cause de profilage racial, rapporte la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ).
Celle-ci a déposé mercredi l'édition 2019-2020 de son rapport d'activité et de gestion à l'Assemblée nationale.
Depuis trois ans, le nombre de plaintes reçues pour ce motif est passé de 28 à 76, ce qui confirme que le profilage racial est un réel enjeu au Québec, soutient Myrlande Pierre, vice-présidente à la CDPDJ.
Elle a ajouté en conférence de presse être préoccupée par l'augmentation des plaintes pour profilage racial impliquant un corps policier.
En cinq ans, la commission a reçu 135 plaintes à cet effet. Parmi elles, 44 ont été ouvertes l'année dernière. La CDPDJ avait réclamé, en novembre dernier, la fin des interpellations policières de routine.
Les plaintes [...] ne sont que la partie émergée de l'iceberg
, a prévenu Mme Pierre, qui y voit tout de même un côté positif. Collectivement, il y a une prise de conscience pour dire non, le racisme, c'est un déni de mes droits.
Par ailleurs, la commission a rapporté avoir ouvert 360 enquêtes en matière de protection de la jeunesse en 2019-2020, contre 308 l'année précédente, ce qui constitue une augmentation importante
.
Je suis optimiste que les conclusions de la commission Laurent nous permettront de disposer d'une Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) améliorée
, a déclaré Suzanne Arpin, vice-présidente à la CDPDJ.
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Mercredi, la CDPDJ a également abordé le problème du racisme systémique vis à vis des Autochtones, au moment où le gouvernement Legault refuse de reconnaître son existence.
Le premier ministre François Legault a expliqué en point de presse qu'il refusait d'utiliser le terme racisme systémique
parce qu'une bonne partie de la population y percevait une attaque
contre les Québécois.
Ce n'est pas une bonne idée de se chicaner, de faire une guerre de mots
, a-t-il déclaré mercredi.
La CDPDJ ne partage pas cet avis. Nommer un problème au départ, c'est déjà proposer une réponse
, a déclaré Mme Pierre. Ça nous apparaît essentiel de bien comprendre un phénomène pour pouvoir agir.
Entre-temps, le rapport Viens peut guider les actions du gouvernement et l'aider à rétablir les ponts avec la communauté autochtone, a renchéri le président de la CDPDJ, Philippe-André Tessier.
C'est toujours une bonne chose de prendre connaissance des différents rapports qui ont été mis sur la table, de s'assurer que ces rapports-là soient bel et bien compris
, a-t-il déclaré, déplorant qu'une poignée seulement de recommandations aient été appliquées en matière de relations avec les Autochtones depuis l'année dernière.