Autochtones et soins de santé : un lien de confiance à rebâtir avec les soignants

Le mari de Joyce Echaquan, Carol Dubé, veut que les responsables de la mort de sa conjointe soient identifiés et punis.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Un médecin qui pratique au sein d’un groupe de médecine familiale offrant des soins de santé à plus de 2000 personnes de la communauté atikamekw de Manawan a honte, est triste et en colère de ce qui s’est passé à l’hôpital de Joliette où Joyce Echaquan est morte en début de semaine.
L’Atikamekw de 37 ans s’est filmée en direct sur son lit d’hôpital pendant que du personnel soignant l'insulte. Au lendemain de sa mort, une infirmière a été congédiée et des enquêtes ont été annoncées.
À Manawan, comme dans toutes les communautés autochtones du Québec, il y a des gens qui ont encore de la méfiance envers les soignants allochtones et avec raison. On le voit cette semaine. Moi je tiens à dire que le groupe, on est triste, on est en colère, on a honte de ce qui s’est passé
, a exprimé Mathieu Pelletier, médecin de famille au groupe de médecine de famille universitaire du Nord de Lanaudière, en entrevue à l’émission Tout un matin jeudi.
Sa clinique offre des soins à la communauté depuis 2015 et il soutient que leurs rapports sont excellents, mais [que] c’est une relation qui se bâtit à long terme
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C’est une relation qu’on a eu à construire et c’est normal parce que les Autochtones portent en eux des blessures qui se sont passées de génération en génération et qui ont été rouvertes à de multiples reprises. Malheureusement encore cette semaine.
Selon l’omnipraticien, le racisme et la discrimination existent partout, pas seulement à Joliette. Moi j’ai eu la chance dans ma maison d’avoir une éducation qui m’a éloigné de ces préjugés et même en 2015 quand on a bâti le partenariat, j’ai continué à apprendre des choses et à m’améliorer
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Il reconnaît qu’un climat de méfiance s’est de nouveau installé depuis la mort de Joyce Echaquan, une mère qui laisse dans le deuil ses sept enfants et sa communauté.
Ce qui est malheureux, c’est que c’est un pas à la fois, un pas en avant. Et puis là, c’est cinq pas en arrière, un événement comme cette semaine.
Il promet néanmoins de continuer à travailler pour maintenir les ponts et une relation de confiance avec la communauté de Manawan. Il ne faut pas lâcher, car ces gens-là méritent la même chose que nous et ils n’ont pas la même chance que nous dans leur société
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Les derniers moments de Joyce Echaquan ravivent des douleurs
Depuis lundi, des témoignages ressortent pour montrer que les propos et la manière dont a été traitée Joyce Echaquan sur son lit d’hôpital ne sont pas un cas isolé, notamment à l’hôpital de Joliette. Le PDG du CISSS de Lanaudière a pour sa part assuré que le genre de propos racistes dont a fait l'objet Joyce Echaquan n'arrive pas tous les jours.
Le décès de la trentenaire survient un an après le dépôt du rapport Viens, qui avait dénoncé le racisme systémique dans les services publics québécois, notamment dans le système de santé.