Lithium : il faudra un nouveau contrat social minier, dit QS
Le ministre de l'Économie Pierre Fitzgibbon se dit prêt à investir jusqu'à 1,4 milliard dans le projet.
Québec solidaire demande au gouvernement de revoir le fonctionnement de l'industrie minière dans la province.
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les Québécois devront signer un nouveau « contrat social minier » avec les compagnies minières avant que ne puisse s'amorcer l'exploitation des ressources de lithium du Québec, met en garde Québec solidaire.
La formation politique entend faire de ce dossier l'une de ses grandes priorités durant les mois à venir, alors que le gouvernement s'apprête à engager beaucoup d'argent public dans cette industrie.
La semaine dernière, le ministre de l'Économie et de l'Innovation Pierre Fitzgibbon confiait au Journal de Montréal vouloir faire du développement du lithium un projet de société
. Il se disait prêt à investir jusqu'à 1,4 milliard dans le projet, soit entre 15 et 20 % des investissements totaux, du minerai à la batterie
.
Si Québec solidaire (QS) dit partager l'objectif du ministre, le parti exprime toutefois des doutes sur la stratégie qui se dessine.
« L'exploitation des ressources naturelles ne peut pas se faire sans un nouveau contrat social, un nouveau contrat minier, pour nous assurer qu'on va utiliser les ressources naturelles de façon responsable et d'avoir ainsi un réel impact sur la lutte aux changements climatiques. »
Avant d'entreprendre des projets précis, dit Mme Massé, il faudra d'abord consulter les Québécois sur les conditions environnementales et d'acceptabilité sociale que devront remplir ces projets. Il y a des éléments qui sont déjà identifiés qui sont essentiels en 2021. Je pense à toute la question de la consultation, notre façon de faire historique – ce que les lois ont permis au Québec – c'est une façon très cowboy d'utiliser les ressources naturelles
, dit-elle.
Une réforme de la Loi sur les mines s'impose afin de fixer le cadre à l'intérieur duquel pourra se faire l'exploitation de la ressource, y compris les redevances minières que le Québec percevra.
La première chose à faire c'est de dépoussiérer notre loi sur les mines. Quand on l'a adoptée, on ne savait même pas qu'il y avait du lithium au Québec, on n'était pas prêts à assumer de façon responsable l'utilisation du sous-sol québécois
, ajoute Mme Massé.
Elle déplore que, trop souvent, des entreprises se soient enrichies sans que les contribuables n'y trouvent leur compte. À ce sujet, dit-elle, l'État devra prendre des participations et siéger aux conseils d'administration des entreprises qui exploiteront et transformeront la ressource. Le parti évoque aussi une chaîne de valeur complète du lithium
de même qu'une grappe de l’économie électrique
.
L'ancienne façon de faire, à la CAQ : on investit des millions, on invite les entreprises privées à venir profiter du sous-sol québécois, mais les Québécois et Québécoises ne se retrouvent pas avec les retombées économiques avec lesquelles on devrait se retrouver quand on une ressource aussi stratégique que le lithium. Il faut que l'État se mette les mains là- dedans!
Propositions à venir
La formation politique entend multiplier les sorties sur le sujet au cours des prochains mois, afin de s'assurer que ses préoccupations soient prises en compte dans le développement de la filière. On entend notamment soumettre une proposition de consultation des Québécois, énoncer les grands principes selon lesquels l'argent public devrait être investi et réfléchir à la manière d'optimiser l'utilisation d'une ressource qui n'est pas renouvelable.
Le ministre Pierre Fitzgibbon a déjà indiqué qu'il voulait voir se développer au Québec une industrie de deuxième et de troisième transformation de la ressource.
Manon Massé le souhaite aussi, mais elle s'inquiète de voir se répéter certains événements du passé récent. Elle donne en exemple le dossier Nemaska Lithium. On a mis de l'argent, on a voulu attirer le privé; le privé a dit bof pas sûr que je suis prêt à y aller. On a dit : "Bon, eh bien, finalement, ça ne marche pas." Alors donc qu'est-ce que ça fait? On a perdu notre argent, il y a des petits investisseurs québécois qui ont perdu leur argent puis en bout de ligne on se retrouve un peu à la case départ.
Bien qu'on attende encore les détails de son plan, la co-chef de Québec solidaire estime que le gouvernement ne va pas dans la bonne direction, notamment dans son appel aux grands investisseurs privés.
C'est sûr pour nous que la façon dont la CAQ nous annonce qu'elle veut faire ça, ça n'a pas de bon sens. Ça n'a pas de bon sens parce que c'est encore une fois utiliser les ressources du Québec, appeler les grandes compagnies du monde à venir exploiter cette ressource-là, mettre beaucoup de notre argent là-dedans et, en bout de ligne, ne pas avoir les retombées pour les Québécois et Québécoises pleinement
, conclut-elle.