La pandémie laisse ses traces dans le monde des affaires du Yukon

Les commerces du centre-ville de Whitehorse ont rapidement ressenti les contrecoups de la pandémie ne pouvant plus accueillir de clients.
Photo : Radio-Canada / Karen McColl
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Certains entrepreneurs du Yukon font un état sombre de la situation économique alors que certaines provinces entrent dans la deuxième vague de la pandémie.
Sauf exception, les frontières du Yukon sont fermées poussant ces entrepreneurs à demander plus que jamais le soutien des Yukonnais.
Pour ce faire, le président-directeur général du transporteur aérien Air North s’est adressé récemment directement au public dans une lettre. En entrevue, il explique son message.
« Nous éprouvons des difficultés, nous ne doutons pas de notre survie, mais l’ampleur des compressions qu’il faudra mettre en oeuvre pour survivre [...] aura un impact direct sur le nombre d’employés de la communauté que nous avons. Nous tentons d'éviter cela. »
Joe Sparling explique que le volume de passagers pour les vols vers le sud du pays, toutes lignes aériennes confondues, devrait être suffisant, mais que son entreprise ne détient pas suffisamment de parts du marché
.
Il explique qu’advenant une réduction de moitié du nombre de vols en raison du faible achalandage, il ne pourrait garder que 82 des ses 375 employés. À la fin août, avec l’aide gouvernementale, Joe Sparling employait encore 228 personnes.
Le tourisme, grand perdant
Chez Northen Vision Developement, qui possède trois hôtels de Whitehorse, on déplore également avoir dû mettre à pied un nombre important d’employés.
Michael Hale, directeur général des opérations, estime à plus d’une centaine le nombre d’employés touché dans les premières semaines, soit 75 % de son personnel. Il affirme avoir été en mesure d’en réembaucher bon nombre depuis.
Pour être honnête, le seul moyen qu’on ait pu garder les hôtels ouverts c’est en raison des mines. Si ce n’était pas des mines et des contrats de quarantaine [pour les employés venus de l’extérieur], nous n'aurions pas d'hôtel en exploitation
, explique le directeur.
Le problème est l’impact possible à long terme d’une fermeture prolongée des frontières, croit-il. Il admet que la filiale en immobilier de la grande entreprise yukonnaise génère des revenus, mais pas suffisamment pour soutenir les coûts d'exploitation des hôtels.
« Si à la fin de l’année nous déterminons qu’il faut [pour des raisons économiques] transformer un hôtel en d’autres types d’installations, on ne peut pas revenir en arrière, ces chambres ne pourront plus être utilisées pour le tourisme. »
L’éventualité, explique Michael Hale, ferait reculer la plus importante industrie privée du Yukon de 20 ans.
La fermeture des frontières questionnée
Ross Mercer qui possède une entreprise de transport d’équipement lourd affirme, lui aussi, avoir été en mesure de garder ses employés avec l’aide gouvernementale offerte.
Une bonne chose puisque les règles sanitaires en place ne lui auraient pas permis d’embaucher des conducteurs de l’Alberta.
Sa préoccupation relève de la logique entourant la mise en oeuvre des restrictions à la frontière, une question pour laquelle il poursuit, avec d’autres entrepreneurs, le gouvernement territorial devant les tribunaux.
« Les politiques ne sont pas cohérentes. [En fonction de celles-ci], qui se rend en Alberta doit s’auto-isoler en revenant à chaque fois au territoire alors que n’importe qui peut prendre l’avion et se trouver à côté d’un voyageur qui arrive de l’étranger. »
Ces règles, selon lui, minent son secteur d’activité indûment, un argument qui rejoint celui des entrepreneurs touristiques qui souhaiteraient que les Canadiens d’autres provinces puissent fréquenter le territoire.
« Achetez local »
Le président de la Chambre de commerce du Yukon Peter Turner admet que certains secteurs d’activités se sont sortis relativement bien de la tourmente, comme celui des matériaux de construction au détail. Personne n’avait anticipé ça
.
« La Chambre de commerce passe beaucoup de temps à défendre les intérêts du secteur privé pour qu’il prenne davantage de place dans l’économie, mais il s’agit ici d’une des situations inhabituelles où nous sommes soulagés qu’autant de [Yukonnais] soient à l’emploi du gouvernement. »
Peter Turner joint sa voix aux autres pour encourager ces Yukonnais qui ont encore un emploi à acheter des produits locaux. Il faudra tôt ou tard payer pour l'aide gouvernementale et l'endettement des entreprises, dit-il.
Michael Hale n’est pas aussi enthousiaste, même s’il croit que les gouvernements font tout en leur pouvoir.
Je regarde vers les prochains mois et voici ce que je vois : personne n’a été en mesure de mettre des fonds de côté, personne n’est en avance financièrement. [...] Il est difficile de voir comment toutes les entreprises du Yukon pourront survivre cet hiver
, conclut le directeur.