Le maintien de l'autonomie, l’option la plus solide, selon le doyen du Campus Saint-Jean
Le démantèlement du Campus a été envisagé comme étant l'une des façons d’éponger le manque à gagner de 130 millions de dollars causé par les compressions provinciales.

Pierre-Yves Mocquais a participé lundi à une réunion du General Faculty Counsel.
Photo : Radio-Canada / Sébastien Tanguay
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Selon le doyen du Campus Saint-Jean, l’organe décisionnel chargé de choisir parmi trois scénarios de restructuration pour l’Université de l’Alberta voit d’un bon oeil le maintien de l’autonomie pour le campus, dont le démantèlement avait été envisagé.
Pierre-Yves Mocquais a fait ces commentaires au cours d’une rencontre virtuelle durant laquelle il a répondu aux questions du public. Il avait récemment participé à une réunion du General Faculty Counsel (GFC), l’équivalent du Sénat de l’Université. C’est une des deux assemblées de l’Université qui choisiront parmi trois plans de restructuration présentés la semaine dernière.
Le scénario B prévoit le regroupement de la plupart des 18 facultés au sein de trois entités administratives. Le Campus Saint-Jean et deux autres facultés à vocation particulière demeureraient autonomes. Si j’en juge par les discussions qui se sont déroulées lors de [la rencontre du] GFC aujourd’hui, des trois options qui ont été présentées, c’est celle qui semble être la plus solide
, a répondu Pierre-Yves Mocquais lorsqu'on lui a posé directement la question.
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Il prévient toutefois qu’il est beaucoup trop tôt pour crier victoire. Ça ne veut pas dire qu’il y a eu jusqu'à présent un véritable assentiment de la part du GFC. On en est encore au niveau des discussions.
La discussion a été extrêmement bonne. Il y a eu des recommandations, des suggestions, des commentaires qui étaient vraiment de très bonne valeur, ajoute-t-il sur un ton plus optimiste. Où est-ce que ça va aller, je ne sais pas, mais j’ai confiance que le Campus Saint-Jean va demeurer une institution autonome au sein de l’Université de l’Alberta.
Le GFC et le Conseil des gouverneurs sont les deux organismes qui devront trancher au sujet du plan de restructuration. Selon Pierre-Yves Mocquais, des liens très étroits existent entre les deux instances et il est très rare qu’elles soient en désaccord.
Le pire semble évité, mais...
Le maintien du CSJ en tant qu’entité autonome n’est que la première étape et de nombreuses questions demeurent sans réponse, affirme par ailleurs Pierre-Yves Mocquais. Le diable est dans les détails
, dit-il.
Comment la restructuration touchera-t-elle les services administratifs du campus? Quel poids aura le campus face aux trois facultés qui pourraient émerger de la réorganisation? Qu’arrivera-t-il aux structures de gouvernance de l’Université? Autant de questions posées lors de la rencontre auxquelles le doyen a avoué ne pas pouvoir donner de réponses.
Surtout, l’avenir financier du campus est loin d’être garanti avec un gouvernement provincial déterminé à diminuer les subventions qu’il verse aux universités et un financement fédéral qui n’a pas été augmenté depuis 2003.
Une solution à long terme pourrait venir de la poursuite intentée par l’Association canadienne-française de l’Alberta contre l’Université de l’Alberta et le gouvernement provincial, mais cela pourrait prendre des années, rappelle Pierre-Yves Mocquais.
Le Campus, mal compris dans la communauté universitaire
Le doyen a par ailleurs fait remarquer que le fonctionnement du campus demeure méconnu au sein de la communauté universitaire, notamment au sein du comité chargé de planifier la restructuration des services administratifs de l’Université. Tout ça a entraîné une prise de conscience - qui n’avait jamais existé auparavant - que le Campus Saint-Jean fonctionne en français
, explique-t-il.
Ça peut paraître bizarre, mais il est évident qu’il y avait une perception que le Campus Saint-Jean donne des cours en français, mais, autrement, fonctionne comme le reste de l’Université, en anglais.
Il ajoute que cette prise de conscience a convaincu plusieurs membres du comité qu’il était préférable que le campus demeure à son emplacement actuel.

Le Campus a déjà procédé à une réorganisation de son offre de cours pour s'adapter aux compressions imposées par la province.
Photo : Radio-Canada / Emilio Avalos
Université d’Ottawa : une affiliation risquée
Pierre-Yves Mocquais a finalement révélé avoir eu des discussions avec le recteur de l’Université d’Ottawa, Jacques Frémont. C’est ce dernier qui aurait évoqué l’idée d’une association entre le CSJ et l’établissement ontarien.
Selon le doyen, cette option comporte un certain attrait, notamment parce que les deux établissements ont été fondés par des frères oblats. Elle comporte cependant des risques importants, en particulier celui que l’Alberta et l’Ontario se renvoient la balle au sujet du financement. L’Ontario disant : "Ce n’est pas notre problème, elle est en Alberta.", l’Alberta disant : "Ce n’est pas notre problème, vous dépendez d’une université en Ontario."
, dit-il à titre d'exemple.
Un grand forum de discussion animé par le président de l’Université, Bill Flanagan, aura lieu le mercredi 30 septembre.