Les secrets de la récolte du riz sauvage

Fern Gallant retournait pour la première fois au lac McCoy, trois ans après vendu son entreprise à Kevin De Pape.
Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
En plein milieu de la forêt boréale du Nord de l’Ontario, Kevin De Pape sillonne le lac McCoy sur son hydroglisseur. Nous avons retrouvé cet agriculteur de Kapuskasing en pleine saison de la récolte du riz sauvage.
La route est longue pour le rejoindre au beau milieu du bois. Le lac McCoy se trouve à plus de deux heures de route au sud de Hornepayne.
Comme Kevin De Pape s’y trouve depuis quelques jours, c'est l’ancien propriétaire de l’endroit, Fernand Gallant, qui nous guide vers le lieu de la récolte.
Alors que l'on traverse le village le plus proche, il nous explique qu’il faut être un homme à tout faire pour faire ce boulot saisonnier.

Une fois transformé, le riz sauvage devient noir.
Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot
Il faut faire deux heures du lac à Hornepayne, juste pour aller voir le mécanicien : tu perds cinq heures de ta journée. Il faut donc que tu te répares toi-même dans le bois. Si tu n’as pas récolté le riz en deux jours, il tombe à l’eau
, nous raconte M. Gallant, précisant que la période pour récolter le riz mûr est très courte.
Deux heures plus tard, nous arrivons au lac McCoy, alors que Kevin De Pape s’affaire à réparer son hydroglisseur, que le vent a poussé violemment dans des arbustes, déformant ainsi son panier.
Le vent, c’est ton plus grand ennemi sur le lac. Il peut mouiller, faire tous les temps; mais, s’il vente, ça peut t’amener n’importe où. Faut que tu fasses attention pour ne pas que le vent t’amène contre les roches qui sont difficiles à voir à travers les plants de riz de 3 pieds de hauteur
, dit-il.

Au cours du mois de septembre, Kevin prévoit amasser 15 000 livres de riz sur le lac McCoy. Il sera aidé d'un autre homme pour la récolte.
Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot
Le conducteur de l’hydroglisseur ne doit pas dépasser 18 kilomètres par heure. Il percute de plein fouet la plante aquatique qui se trouve sur son passage et détache ainsi le grain de la tige. À cette vitesse, seul le riz mûr tombe dans le panier installé devant l’embarcation.
Le riz sauvage, une affaire de famille
Kevin De Pape a repris l’entreprise de son grand-oncle Fernand Gallant en 2018. Fernand Gallant avait quant à lui racheté les parts de l’entreprise de son beau-frère décédé dans un tragique accident d’avion en 1987.
La culture du riz sauvage et les avions ont un lien très étroit : un moteur d’avion se trouve derrière l’hydroglisseur, mais c’est également le moyen par lequel le lac a été ensemencé.
En 1987, mon beau-frère a acheté du riz en graine. Il a survolé le lac en avion et mon neveu lançait du riz par la porte ouverte
, raconte l'homme à qui a appartenu l'entreprise Real McCoy Wild Rice pendant 30 ans.

Chaque sac de riz pèse entre 50 et 60 livres. Kevin De Pape prépare la remorque pour ramener le tout à la maison à Kapuskasing.
Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot
Une fois ensemencés, les plants poussent un peu comme de la mauvaise herbe. Mes amis voulaient essayer d’en faire pousser dans leur lac, je leur en ai vendu. Chaque fois qu’ils croyaient avoir arraché les derniers plants, ils refaisaient surface deux ans plus tard
, relate Fernand Gallant.
Kevin De Pape considère son grand-oncle comme une véritable encyclopédie du riz sauvage.
Si ce n’était pas de Fern, je ne ferais pas ça comme c’est là. Fern m’en apprend toutes les fois que je lui parle.
Après avoir récolté plus de 15 000 livres de riz en quelques jours, il dispose les sacs sur le terrain de Fernand Gallant avant de les envoyer à Winnipeg pour la transformation.

Fernand Gallant débarque les sacs de riz dans sa cour arrière.
Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot
Kevin De Pape distribue ensuite son riz dans les marchés, les dépanneurs et les épiceries du Nord de l’Ontario.
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