Des lits fermés en cancérologie à cause de la pénurie d'infirmières
« Il va y en avoir d’autres cas comme ça parce qu’il nous manque de personnel », prévient le ministre de la Santé Christian Dubé

Jusqu'au tiers des lits en oncologie ne seraient plus disponibles à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont à Montréal.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
C'est une perte qui n'aidera pas à rattraper les retards accumulés en traitement de cancers. Selon nos informations, au moins 12 lits sur 60 seront fermés en oncologie à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, à Montréal. De plus, 18 lits devraient aussi fermer en hospitalisation transitoire et quelques autres ailleurs.
Depuis plusieurs jours déjà, l'unité d'oncologie 5-B ne remplaçait plus les congés de patients, alors qu'en temps normal, les départs sont comblés dans les 24 heures. C'est donc une fermeture à petit feu, par attrition.
Le service de cancérologie de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) est ultraspécialisé et traite des patients venus de partout au Québec.
L'enjeu est important, car quelque 5000 cancers n’auraient pas été diagnostiqués durant la première vague de la COVID-19.
Et il faut s'attendre à d'autres fermetures de lits dans d'autres hôpitaux, prévient le ministre de la Santé, Christian Dubé.
« Malheureusement, il va y avoir délestage. Pour être transparent avec la population, c’est exactement ça qu’on essaie d’éviter. Mai, il va y en avoir d’autres cas comme ça, parce qu’il nous manque de personnel. »
Infirmières épuisées
Le président du syndicat des professionnelles en soins de l'Est-de-l'Île-de-Montréal, Denis Cloutier, fait part de son dilemme : Je suis partagé, car je veux offrir le service à la population, mais d'un autre côté, on n'est plus capable de soutenir ce qu'on nous demande avec le personnel qu'on a en place.
Il manque tellement d'infirmières que le recours au temps supplémentaire obligatoire est de plus en plus fréquent.
« On voit des gens complètement découragés. C'est d'une violence inouïe, le temps supplémentaire obligatoire. C'est des cris, des pleurs quand elles doivent aller voir leur enfant... Elles sont quand même super résilientes, mais là, on a atteint un point de rupture. »
Un contexte différent
Martine Leblanc, directrice des services professionnels et directrice générale adjointe du volet santé physique pour le CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal, confirme que le manque d'infirmières est en cause en plus de la réalité de la COVID.
« On traverse une période très difficile. »
Elle explique que l'hôpital avait l'habitude d'utiliser des civières de surcapacité dans les corridors, mais ce n'est plus possible en contexte de pandémie.
De plus, des chambres doubles ont été converties en chambres simples pour éviter la propagation du virus.
« Des chambres à quatre séparées par des rideaux, ce n'est pas l'idéal. »
On a un modulaire en construction pour l'oncologie, ça représente 36 chambres simples
, précise Martine Leblanc, mais ça n'arrivera qu'en janvier. Et il faudra trouver du personnel.
L'urgence déborde
Les urgences de HMR sont encore pleines avec un taux d'occupation qui s'élève à 143 %.
Radio-Canada révélait, la semaine dernière, que l'établissement procède à du délestage, ce qui signifie que certaines activités sont réduites afin de récupérer du personnel pour le réaffecter dans certains secteurs.
Des patients ont aussi obtenu un congé des soins intensifs ou de l'unité coronarienne la semaine dernière. D'autres ont été transférés dans d'autres établissements.
Le ministre de la Santé du Québec Christian Dubé se rendra à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont pour constater sur place la gestion de la deuxième vague. C'en est un qui est important à régler
, a-t-il déclaré lors de sa conférence de presse, jeudi.
« S'il faut mettre un modulaire, des modulaires pour régler certains problèmes à Maisonneuve-Rosemont, on va le faire. »
L'hôpital vétuste doit être rénové et agrandi pour un coût de 1,8 milliard de dollars.
À l'Hôpital Santa Cabrini, une vingtaine de lits sont fermés en raison du manque d'infirmières.