Mobilisation contre la hausse des frais de scolarité à l'Université Laval
Des centaines d'étudiants étrangers vont voir leurs frais de scolarité augmenter.
Photo : Radio-Canada / Marc-André Turgeon
La hausse des frais de scolarité qui touchera les étudiants étrangers de l'Univesité Laval à compter de l'automne 2021 soulève du mécontentement sur le campus. Une association étudiante affirme que rien ne justifie une telle décision, surtout pas dans le contexte actuel de pandémie.
L'Association des étudiantes et étudiants de Laval inscrits aux études supérieures (AELIÉS) dit avoir envoyé une lettre à la rectrice de l'Université, Sophie D'Amours, afin que son administration fasse marche arrière.
Dans le cas de l'Université Laval, je crois qu'il n'y a pas d'argumentaire qui permet de justifier une hausse des frais de scolarité pendant le contexte de la COVID
, soutient la présidente de l'AELIÉS , Aurele Fanny Deutcha Nguelieu.
Mercredi, le conseil d'administration de l'Université a adopté une proposition qui fera augmenter de quelques centaines de dollars la facture des étudiants internationaux des programmes de premier cycle ainsi que ceux des programmes de deuxième cycle sans recherche.
Actuellement, ces étudiants paient entre 9796 $ et 11 369 $ pour une seule session de 15 crédits.
La future hausse indexera ces montants de 2,5 %. À cela s'ajoutera un rattrapage pouvant aller jusqu'à 4,7 % pour certaines catégories d'étudiants.
Mme Deutcha Nguelieu se désole de voir que malgré la présence de deux étudiants au conseil d'administration, la décision finale ne semble pas avoir pris en compte leur réalité.
Il faut assurer une meilleure représentativité des étudiants à l'intérieur de ces instances décisionnelles.
Marchandisation du savoir
Selon la présidente de l'AELIÉS, cette hausse s'inscrit dans une logique d'utilisateur-payeur
promue par le gouvernement du Québec, mais à laquelle l'Université Laval n'a pas à se plier.
On a demandé [à la rectrice] de ne pas appuyer cette consigne-là, de se ranger du côté des étudiants.
Depuis l'an dernier, le gouvernement provincial a complètement déréglementé les frais de scolarité des étudiants internationaux au premier cycle et au deuxième cycle sans recherche.
Ce sont donc les universités elles-mêmes qui fixent leur grille tarifaire et elles ne reçoivent plus de subventions pour accueillir ces étudiants.
Or, Mme Deutcha Nguelieu rappelle que le gouvernement a offert certaines sommes aux universités pour leur permettre de s'adapter à ce nouveau régime.
Il ne faudrait pas encourager cette dynamique de compétitivité qu'essaie de mettre en place le gouvernement
, dit-elle.
Une hausse équitable, se défend l'Université
Dans un courriel envoyé jeudi après-midi, l'administration de l'Université Laval dit qu'il n’est jamais agréable de procéder à l’indexation des frais de scolarité
, mais assure que son approche est équitable pour tous ses étudiants.
Le scénario retenu permet de ne pas causer de choc tarifaire pour les étudiants en procédant de manière très graduelle
, indique le porte-parole Simon La Terreur.
L’Université Laval est au sein des universités québécoises parmi celles présentant la plus faible indexation de la tarification pour les étudiantes et étudiants au premier et au deuxième cycle dans les domaines déréglementés.
L'Université promet aussi d'atténuer les effets de cette hausse pour plusieurs étudiants internationaux, notamment grâce à des bourses totalisant plus de 2,5 millions de dollars pour les deux années à venir.
Selon les données du ministère de l'Éducation, plus de 850 étudiants étrangers pourraient être touchés par la nouvelle hausse à l'Université Laval en 2020-2021.
Les étudiants Français et les francophones de Belgique sont exclus de cette hausse, puisque le Québec possède une entente particulière avec des deux pays concernant les frais de scolarité.