Garderies : le dépistage des symptômes, dure responsabilité pour les éducatrices

Les responsables de plusieurs garderies ontariennes disent ne pas être revenus au niveau d'activité habituel.
Photo : Radio-Canada / Jean Delisle
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le dépistage des symptômes pouvant s'apparenter à ceux de la COVID-19 doit être fait avec rigueur par les éducatrices en garderie. Or, cette mesure n’est pas toujours facile à justifier auprès de certains parents, disent certaines éducatrices.
La démarche est nécessaire mais entraîne son lot de défis pour les garderies, qui peinent par ailleurs à retrouver leur clientèle habituelle.
À la garderie Grandir en français de Thunder Bay, plusieurs enfants ont été renvoyés à la maison
depuis la réouverture de l’établissement à la mi-août, selon sa directrice Tanya Lapointe.
Le dépistage actif des enfants exigé par le gouvernement permet de détecter des symptômes qui pourraient être associés à la COVID-19.
« Même avec un petit symptôme, le bureau de santé publique nous conseille de les renvoyer à la maison et passer un test de dépistage de la COVID-19. »
Mais la mesure, ajoute-t-elle, n’est pas toujours facile à justifier auprès de certains parents, surtout parce qu’ils doivent continuer de payer les frais de garde de leurs enfants même pendant leur absence.
Parfois, ça nous cause de petites inquiétudes avec les familles. Je les comprends, c’est très frustrant, on doit travailler (...), mais au bout du compte, on doit respecter les règlements du bureau de santé
, explique Mme Lapointe.
Même son de cloche chez le directeur des Services à l’enfance Timiskaming, Sylvain Guilbault.
On peut comprendre les frustrations des parents parce qu’on les vit tous les jours. Les politiques changent constamment. On doit penser aux petits nounours, s’assurer qu’ils soient dans un bon environnement et en sécurité
, note-t-il.
En prévision de telles situations, la directrice générale des garderies coopératives Boîte à soleil dans le Niagara, Véronique Emery a dû envoyer une communication aux clients.
« C’est la première fois de ma vie (...) que ça nous a pris deux jours pour écrire un courriel, mais c’était un courriel très important, donc il a fallu le réécrire, le faire lire par des parents, des employés, des superviseurs de la garderie, il a fallu peser chaque mot. »
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Des défis financiers
Plusieurs garderies disent aussi éprouver des défis de nature financière, n’étant pas encore revenues au niveau d’activité habituel.
Les garderies Boîte à soleil ne comptent actuellement que 230 enfants, alors qu’elles en comptaient 530 à la mi-mars.
Il y a des parents qui ne se sont pas réinscrits et des parents qui n’ont pas nécessairement besoin du service et qui ont trouvé des solutions alternatives avec les parents, les beaux-parents, les grands-parents
, fait savoir Mme Emery.
À Thunder Bay, le tiers de 68 clients de la garderie Grandir en français n’est pas encore revenu, en raison principalement de la nervosité de partager les germes avec d’autres familles
, selon Mme Lapointe.
« Il y a beaucoup de difficultés (...), c’est compliqué. »
Dès la reprise officielle des activités en juin, les garderies ont demandé aux parents de leur signifier leur volonté de ramener leurs enfants. Dans la plupart des cas, ceux qui ont répondu de manière affirmative devaient automatiquement recommencer à s’acquitter des frais de garde afin de ne pas perdre leurs places.
Mais la situation est tout autre à la garderie Les petites mains de Windsor, où il n’y a qu’une dizaine
d’enfants qui sont déjà revenus. Selon la directrice Bassima Zein, l’intérêt des parents — y compris ceux qui se trouvent sur la liste d’attente — est si faible en ce moment qu’aucun paiement n’est exigé aux clients permanents pour l’instant.
La plupart des parents m’ont dit qu’ils veulent attendre et voir ce qui va se passer
, affirme la directrice, préoccupée.
« C’est stressant, mais c’est nouveau. On ne peut rien faire. Je ne peux pas fermer la garderie, je dois l’ouvrir parce qu’il y a des parents qui en ont besoin. »
Un regain d’intérêt pour les garderies en milieu familial
Plusieurs garderies en milieu familial à travers la province sont demeurées ouvertes même au plus fort de la crise sanitaire.
Selon la vice-présidente du réseau de garderies Wee Watch, Lisa Patrise, bien que les directives du gouvernement n’aient pas changé de manière significative en août, l’obligation du port du masque a été un défi pour les fournisseurs
.
Dans les garderies en milieu familial agréées, il y a un maximum de six enfants et la plupart des foyers ont moins de six enfants, donc ce sont de petits groupes et porter un masque dans sa propre maison, c’est très différent que d’en porter un en sortant à l’extérieur
, explique Mme Patrise.
La mesure a aussi préoccupé certains parents d’enfants en bas âge, selon la directrice, inquiets de l’impact que le port du masque pourrait avoir sur leur développement cognitif.
Il y a plusieurs parents qui nous ont dit qu'ils ne voulaient pas que leurs tout petits soient avec une personnes qui porte un masque et une visière. Comme parents, ils voulaient que leurs enfants soient capables de voir un visage, et ils se sentaient rassurés dans une maison où il n'y a que 4 ou 5 autres enfants en plus de la gardienne. Ils voulaient être capables de prendre la décision eux-mêmes et ne pas être soumis à une règle
, souligne Mme Patrise.
La crise sanitaire aura toutefois engendré une augmentation de la demande des services de garde en milieu familial dans les diverses communautés où sont établies des garderies Wee Watch, selon la directrice, qui estime qu'il lui faudra d'ailleurs recruter beaucoup plus de fournisseurs de services de si la tendance se maintient.
Plusieurs parents ne veulent pas remettre leurs enfants dans les garderies en milieu scolaire et optent pour des garderies en milieu familial [...]. C'est une option qui n'a peut-être pas été considérée par plusieurs avant, mais maintenant, on reçoit de nombreux appels.