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« On n'était pas préparés mentalement à avoir cette deuxième vague aussi tôt »

Des travailleurs de la santé s'affairent dans une chambre où une femme est couchée sur le ventre.

Du personnel de l’hôpital de la Timone soigne une patiente gravement atteinte de la COVID-19.

Photo : Radio-Canada / Yanik Dumont Baron

La deuxième vague de patients atteints du coronavirus est bien réelle dans plusieurs hôpitaux français et elle frappe plus tôt que prévu. Mais cette fois, les soignants ont des armes plus raffinées à leur disposition. Visite dans « l’unité COVID » d'un des hôpitaux les plus occupés de France.

Des dizaines de dessins d’enfants sont affichés sur les murs du corridor menant à l’unité des soins intensifs de l’hôpital de la Timone de Marseille. Des « merci » aux soignants écrits par des enfants lors de la première vague de la COVID.

Que cette étoile vous protège, souhaitait Perla, 6 ans et demi, au moment du confinement. Quelques mètres plus loin, le décor change. Des affiches rouges avertissent : « accès interdit », « unité COVID-19 ».

Sur deux portes battantes, on peut lire : « accès interdit, unité COVID-19 ».

Les portes menant à l’unité des soins intensifs de l’hôpital de la Timone, à Marseille.

Photo : Radio-Canada / Yanik Dumont Baron

Le sas d'entrée, installé en urgence au printemps pour permettre aux soignants d’enlever des vêtements contaminés, n’a jamais été démonté. On l’a gardé, explique le professeur Lionel Velly. On savait qu’une deuxième vague allait arriver.

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Une représentation du coronavirus.

Une seconde vague arrivée plus tôt que prévu, cependant. On pensait l'avoir à la fin de l'automne, au début de l'hiver, explique le réanimateur, derrière son masque. Mais très clairement, pas à la fin de l'été.

Une rapidité de circulation qui a forcé les équipes à se remotiver, à reprendre les habitudes qu’ils avaient un peu délaissées depuis la fin de la première vague de cas.

On n'était pas préparés, mentalement, à avoir cette deuxième vague aussi tôt. Ce qui ne veut pas dire que tout se fait comme au printemps. Bien au contraire.

Portrait de Lionel Velly qui porte un masque N95 dans un corridor d'urgence.

Le docteur Lionel Velly pratique à l’unité des soins intensifs de l’hôpital de la Timone, à Marseille.

Photo : Radio-Canada / Yanik Dumont Baron

Moins de contraintes pour les soignants

C'est moins l'inconnu, lance Angélique Jarry, infirmière coordonnatrice dans le service COVID-19. C’est plus souple pour nous. Plus souple, parce que les méthodes de transmission de la maladie sont mieux connues.

L’unité de soins intensifs de la Timone accueille donc des patients atteints de la COVID, et d’autres qui ne le sont pas. Les soignants ne doivent revêtir leurs vêtements de protection qu’au moment d’entrer dans la chambre d’un patient contagieux.

Plus besoin de conserver ces chaudes et encombrantes protections durant 6 heures consécutives. Maintenant, explique Angélique Jarry, on peut sortir de la zone COVID, prendre un petit café le matin. Si on veut aller aux toilettes, on peut y aller…

Devant chaque chambre, une affiche indique la présence d’un patient contagieux. Au sol, des flèches indiquent le sens à suivre pour entrer et sortir.

Les soignants s’exécutent rapidement, presque gracieusement. L’habitude des gestes répétés des centaines de fois. Des automatismes qui se convertissent aussi en soins plus efficaces.

Ainsi, cinq soignants n’ont besoin que de quelques minutes pour retourner sur le dos une lourde femme placée dans un coma artificiel et sous respirateur. Avant, ils restaient 15-20 minutes avec un tel patient, se rappelle Lionel Velly.

« Une mortalité qui est beaucoup plus faible »

Le temps passé a aussi permis de raffiner les connaissances médicales, donc les traitements offerts aux malades les plus gravement touchés par le coronavirus.

Ce qui était craint il y a six mois est aujourd’hui appliqué, parfois sans arrière-pensée.

Un patient est alité.

Lors de notre visite, il ne restait qu’un lit de disponible à l’unité COVID-19 de l’hôpital de la Timone, à Marseille.

Photo : Radio-Canada / Yanik Dumont Baron

Le professeur Velly s’approche de la chambre d’un patient qui combat une forme grave de la COVID-19. L’homme est éveillé, assis sur son lit. Il porte des drôles de lunettes au cadre noir.

Ses lunettes vont dans le nez et permettent d’apporter 50 litres d’oxygène par minute dans ses poumons. C’est de l’oxygénation à haut débit, ce qui permet de ne pas l’intuber et donc d'éviter de le placer dans un coma artificiel.

Dans une autre chambre, un patient est également gravement atteint et conscient. Lui est alimenté en oxygène grâce à un masque qui lui couvre tout le visage. C’est de la ventilation non invasive, un autre traitement qui n’était pas permis non plus au printemps.

La science a montré qu'on pouvait faire ces techniques en toute sécurité, qu'avec un masque et des lunettes il n'y avait aucun risque de contamination des soignants.

Le temps et les travaux scientifiques ont permis d’écarter l’hydroxychloroquine des traitements possibles. Mais des corticoïdes sont dorénavant utilisés pour réduire les inflammations pulmonaires causées par le nouveau coronavirus.

Avec l’oxygénothérapie, ces traitements nous permettent d'avoir une mortalité qui est beaucoup plus faible, souligne Lionel Velly, en saluant par la fenêtre l’un des malades alités.

Prudent, le professeur précise sa pensée : on en meurt encore de la COVID-19. On prend mieux en charge les patients (puisqu’on fait) moins d'intubation, mais on n'a pas le médicament miracle.

COVID-19         : ce qu'il faut savoir

« Les gens ne sont pas aussi attentifs »

Mieux vaut rester à bonne distance des autres, donc. L’hôpital est peut-être mieux préparé pour cette seconde vague, mais celle-ci déferle dans un contexte différent.

La France doit vivre avec le virus, selon la formule employée par le président Emmanuel Macron. Cela veut dire permettre à l’économie de reprendre, éviter un autre confinement… et la paralysie des activités hospitalières.

Les accidentés de la route ont besoin de soins, des chirurgies doivent avoir lieu. La marge de manœuvre est donc plus mince. C’est une question de pragmatisme, explique le professeur Velly.

On est dans une situation où c'est difficile encore une fois de tout retarder pour une période qui reste indéterminée, puisqu’on ne sait pas combien de temps il faudra avant de bien maîtriser ce virus.

Lors de notre visite, il ne restait qu’un lit de disponible à l’unité COVID-19 de l’hôpital de la Timone. C’est par marche d’escalier, explique-t-il. C’est calme, et puis de nombreux patients arrivent.

Un graffiti montre une personne qui porte un masque.

La France compte présentement plus de 450 000 personnes infectées par la COVID-19, dont plus 30 000 en sont décédées.

Photo : Radio-Canada / Yanik Dumont Baron

Ces jours-ci, Marseille est considérée comme la ville où le virus contamine le plus de Français. Malgré cela, plusieurs continuent de s’embrasser et de se serrer la main en public. Dans les transports en commun, les masques sont souvent portés dans le cou.

Ce qui fait dire à l’infirmière Angélique Jarry qu’elle regrette un peu l’époque du confinement. Ce moment où les Français étaient alors plus méticuleux dans leurs efforts pour faire barrage au virus.

Chacun continue sa petite vie, les gens ne sont pas aussi attentifs à ce qui se passe dans les hôpitaux. Constater que certains ne font plus attention, ça nous fait râler, mais je ne pense pas qu'on ait de pouvoir pour changer les choses... c'est triste, hein?

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