Kim Yaroshevskaya : une histoire à sa manière
La comédienne Kim Yaroshevskaya en entrevue à l'émission « En toute liberté », le 23 octobre 1994.
Photo : Radio-Canada
La comédienne Kim Yaroshevskaya a marqué l’imaginaire de générations d’enfants par son immense talent de conteuse. Découvrez son parcours hors du commun qui l’a menée de sa Russie natale à notre petit écran.
Kim Yaroshevskaya naît à Moscou en 1923 de parents révolutionnaires.
Elle arrive en sol québécois à l’âge de 10 ans. Dans cette entrevue tirée de l’émission Jeunesse oblige du 29 décembre 1969, elle raconte ses premières années de vie montréalaise à l’animateur Guy Boucher.

Entrevue de Guy Boucher avec Kim Yaroshevskaya. Deux jeunes, anciens membres du fan-club de Fanfreluche, Louise Morin et Gilbert Lachapelle lui posent également des questions. La comédienne évoque son origine russe et son enfance au Canada. Elle raconte ses débuts au théâtre, la création et l'évolution de son personnage de Fanfreluche, les autres rôles qu’elle a joué.
À son arrivée, elle fréquente l’école anglaise. Elle y restera quelques années avant de devoir la quitter en raison de la tuberculose dont elle est atteinte.
Son éducation, elle la fera à travers les livres des grands écrivains russes qu’elle lit avidement. À son retour du sanatorium, Kim Yaroshevskaya choisit de s’inscrire aux Beaux-Arts. Elle suit également des cours de danse à l’insu de sa famille, qui refuse qu’elle pratique cette discipline en raison de sa santé fragile.
Elle devient danseuse, puis professeure de danse. À ce titre, une troupe de jeunes comédiens la choisit comme conseillère. C’est en fréquentant ces artistes qu’elle perfectionne son français.
Comme elle l’explique à Guy Boucher, Kim Yaroshevskaya n’a jamais choisi d’être comédienne. C’est arrivé comme ça
. C’est avec la troupe du théâtre Le Grenier, en préparation d’un spectacle pour enfant, qu’elle crée le personnage de Fanfreluche.
« Et j’ai pensé, si j’étais une petite fille, qu’est-ce que je voudrais voir sur scène? Une poupée. Une poupée qui marche, qui parle, qui danse. »
Les contes de Pouchkine et le ballet russe Coppélia sont des inspirations importantes dans la création du personnage de Fanfreluche.
Dans cet extrait de Fafouin du 30 juin 1954, le clown Fafouin, joué par Guy Messier, réveille pour la première fois la poupée Fanfreluche, qui s’anime.

Dans le grenier de grand père Cailloux, Fafouin (Guy Messier) réveille la poupée Fanfreluche (Kim Yaroshevskaya) qui s’anime. Auteure: Lise Lavallée. Réalisateur Fernand Doré.
Le personnage évolue et fera partie de la bande de La boîte à surprise de 1956 à 1967.
De 1968 à 1971, Fanfreluche obtient sa propre émission.

Kim Yaroshevskaya interprète la chanson de Fanfreluche-shérif.
Kim Yaroshevskaya se produit également au théâtre. Elle interprète Une femme douce de Dostoïevski, un personnage dont elle apprécie le mystère.
Elle joue également dans la pièce Le joueur du même auteur et dans la Cerisaie d’Anton Tchekhov. Elle personnifie Alma dans Été et fumées de Tennessee William, son premier grand rôle au théâtre.

Première expérience de récit de science-fiction pour la télévision de Radio-Canada. Le docteur Pierre David (Pierre Boucher) qui a créé un être cybernétique discute avec Gaëla Nathan son assitante (Kim Yaroshevskaya) Auteur : Guy Fournier. Realisateur : Jean-Paul Fugère.
La comédienne participe à la première expérience de récit de science-fiction pour la télévision de Radio-Canada. Dans Cyborg, diffusé le 8 mars 1964, elle interprète Gaëla Nathan, assistante du docteur Pierre David, personnifié par l’acteur Pierre Boucher. Dans cet extrait, il est question de la création d'un être cybernétique.
Dans l’émission jeunesse Passe-Partout, elle est la Grand-mère de tous les enfants québécois. De la fin des années 1970 au milieu des années 1980, elle leur raconte de sa voix douce les plus beaux contes classiques.
La vie à Moscou et la grande traversée vers l’Amérique

Entrevue d’Isabelle Albert avec la comédienne Kim Yaroshevskaya. La comédienne fait ensuite la lecture d’un conte.
Dans une longue entrevue accordée à la journaliste Isabelle Albert le 23 octobre 1994 pour l’émission En toute liberté, Kim Yaroshevskaya revient sur son enfance à Moscou.
Elle définit d’abord son nom, Kim, dont l’acronyme en russe signifie communiste international de la jeunesse.
« Mes parents étaient très idéalistes. Mon père était trotskiste, ma mère anarchiste. […] Je me trouve très chanceuse d’avoir eu des parents comme ça. Ce qui me reste est un idéalisme. Ils se donnaient entièrement à ce qu’ils croyaient. »
La jeune Kim porte un nom de garçon, s’habille en pantalon, ne possède pas de poupées et n'a pour jouets que des fusils et des blocs de construction.
Avec les cuillères de bois qu’elle enveloppe de tissu, avec la jupe des fusils et surtout avec son imagination débordante, elle se crée des poupées.
Elle perd ses parents tôt dans sa jeunesse et, après un séjour dans une maison pour enfants, elle vit quelques années avec sa grand-mère paternelle. Une femme forte, présente et aimante.
Se sachant atteinte d’un cancer, la grand-mère cherche un autre foyer pour sa petite-fille. La jeune Kim arrive alors chez une tante inconnue, sa tante Sonia de Montréal, après une longue traversée qui la mène de Moscou à Québec en passant par Liverpool et New York.
Kim Yaroshevskaya a livré le récit de son immigration à Hugo Lavoie pour l’émission C’est pas trop tôt en 2006. (Nouvelle fenêtre) Une histoire racontée dans le livre Mon voyage en Amérique, publié en 2017 aux éditions Boréal.
« J’ai appris en travaillant avec les contes que ce sont des outils, peut-être les plus importants, pour apprendre la survie aux enfants. Les sorcières, les ogres sont des images intérieures et il faut être victorieux contre tout ça. »