La coiffeuse à l'origine d'éclosions à Thetford Mines : « Je ne suis pas méchante »

La coiffeuse assure qu'elle ne se savait pas porteuse de la COVID-19 lorsqu'elle a offert ses services dans des résidences pour aînés.
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Mitraillée par les critiques et les rumeurs, la coiffeuse qui a fait entrer la COVID-19 dans trois milieux d’hébergement de Thetford Mines assure ne pas être « assez méchante » pour avoir intentionnellement contaminé des personnes vulnérables.
Jointe au téléphone, la dame, qui souhaite rester anonyme par peur de représailles, explique que jamais dans 100 ans, [elle] n’aurait voulu contaminer quelqu’un
.
On sait que c’est quelque chose de grave. Je ne suis jamais assez méchante pour souhaiter ça à quelqu’un
, affirme la coiffeuse, en larmes à l’autre bout du fil.
Avant d'avoir reçu des résultats positifs, celle qui manie les ciseaux depuis 50 ans a visité 6 résidences pour aînés afin de coiffer des clients, dont sa propre mère.
Conséquence : 25 résidents et 10 travailleurs de la résidence Le Crystal, à Thedford Mines, sont maintenant contaminés. Un résident du CHSLD Saint-Alexandre et un autre à la résidence privée Les Jardins St-Alphonse sont aussi atteints du nouveau coronavirus, et il y a un décès.
Quand j’ai visité ma mère pour la coiffer dans sa chambre avec le masque, je n’avais aucun symptôme. Je n’avais aucune intention de contaminer personne
, assure-t-elle.
En conférence de presse mardi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, l’a néanmoins accusée d’avoir visité les résidences pour aînés alors qu’elle se savait porteuse du virus. M. Dubé s’est ensuite rétracté sur son compte Twitter.
Selon son cabinet, le ministre a depuis appelé la coiffeuse pour prendre de ses nouvelles de son état de santé et clarifier la situation auprès d’elle
.
Mise au point : j’ai dit qu’une coiffeuse a offert des services en RPA sachant qu’elle était atteinte de la COVID-19. Or, on m’indique qu’elle était contagieuse, sans le savoir. Mon message reste clair : chaque individu a sa part de responsabilité et doit respecter les mesures.
— Christian Dubé (@cdube_sante) September 15, 2020
Rien n'indique que la coiffeuse est responsable de tous les cas déclarés dans les résidences pour aînés. La direction régionale de santé publique avait toutefois confirmé que les premières personnes contaminées dans chaque milieu de vie étaient parmi ses clients.
Fièvre, fatigue et courbatures
La dame explique que ce n’est que deux jours après avoir offert ses services dans les résidences qu’elle a commencé à éprouver des symptômes. Elle était alors à son salon de coiffure, qu’elle a quitté immédiatement.
Je ressentais de la fièvre et une grande fatigue. Je savais que ce n’était pas normal
, relate-t-elle.
Arrivée à la maison, elle a reçu l’information qu’elle et son mari avaient été en contact avec quelqu’un qui venait d’être déclaré positif.
Le lendemain, ils ont tous les deux passé un test de dépistage pour apprendre qu’ils étaient contaminés à leur tour.
La coiffeuse ne comprend pas comment elle a pu transmettre le virus. Elle met ses mains au feu
et assure qu’elle portait un masque lors de ses visites.
Antidépresseurs
Le couple a maintenant le feu vert de la santé publique pour sortir de son isolement.
Même si la COVID-19 frappe fort, c’est plutôt les rumeurs qui courent au sujet de la dame dans la rue et les journaux locaux qui l’ont touchée.
J’ai eu beaucoup de fatigue et de fièvre, mais c’est terminé. Les symptômes que j’ai, c'est que je prends des antidépresseurs et c’est beaucoup plus ça, et les qu’en-dira-t-on du monde, qui m’écrasent.
La Direction de la santé publique a visité son salon de coiffure et autorise sa réouverture.
Démolie, la coiffeuse affirme espérer que les gens feront preuve d’empathie à son égard.
J’ai confiance en mes clients. Ils m’ont vue travailler et ils savent que j’ai suivi les consignes. Malgré ça, je me fais taper dessus. C’est beaucoup plus les journaux locaux, ce que les gens ont dit sans trop savoir...
conclut-elle.