L’Université d’Ottawa pourrait-elle « adopter » le Campus Saint-Jean?

Le Campus Saint-Jean a longtemps eu des liens avec l'Université d'Ottawa.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La sénatrice albertaine Paula Simons a beaucoup fait réagir en affirmant dans une chronique d’opinion vendredi que l’Université d’Ottawa songe sérieusement à « adopter le Campus Saint-Jean (CSJ) comme campus satellite en Alberta ». La sénatrice y voit une solution pour sauver le CSJ, actuellement menacé de disparition.
Radio-Canada n’a pas pu confirmer cette information. La sénatrice Paula Simons dit l’avoir obtenue d’une source à l’Université d’Ottawa, mais elle ne veut pas dévoiler l’identité de cette source. L’Université d’Ottawa a refusé de commenter.
Philip Worré, du Service des communications du Campus Saint-Jean, affirme que l'Université d’Ottawa n’a fait aucune offre formelle et le doyen du CSJ a indiqué qu’il n’était pas question de se lancer dans de quelconques négociations aussi longtemps que [l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA)], l’Université de l’Alberta et le Gouvernement de l’Alberta sont en pourparlers suite à la mise en demeure déposée auprès de la Cour du Banc de la Reine.
Le gouvernement albertain et l’Université de l’Alberta doivent encore déposer leur défense face à la poursuite de l’ACFA relativement au financement du Campus Saint-Jean.
De son côté, l’Université de l’Alberta affirme dans un courriel que l’Université d’Ottawa n’a pas communiqué d’intérêt pour le transfert de nos programmes à leur institution. Il n’y a pas de plans ou de discussions pour un transfert du Campus Saint-Jean.
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envisage l’option d’un transfertLa présidente de l’ACFAadopter
le Campus Saint-Jean.
« J’ai cru comprendre qu’il y aurait peut-être eu quelques échanges à ce niveau-là entre le recteur [de l’Université d’Ottawa] et le doyen [du Campus Saint-Jean]. »
Elle ajoute qu’il faut considérer toutes les options pour sauver le Campus Saint-Jean, incluant celle-ci. On a déposé un mémo qui affirme qu’on préfère un modèle fédéré, avec plus de gouvernance et d’autonomie pour le Campus Saint-Jean
, rappelle-t-elle.
Dans un tel modèle fédéré, le lien avec l'université est plus flexible et son identité prend donc moins d'importance, selon Sheila Risbud.
Ça n’a pas besoin d’être l’Université de l’Alberta. On préférerait que cette relation se maintienne, mais on n'est pas liés à une institution comme telle
, explique-t-elle.
Beaucoup d’obstacles pour un transfert d’université
S’il s’avérait, le transfert d’un campus d’une université à une autre présenterait beaucoup d’obstacles administratifs, selon Rémi Léger, politologue et professeur à l’Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique. C’est une idée farfelue
, sans précédent à sa connaissance.
On rentre dans des relations intergouvernementales. Les ministères d’Éducation post-secondaire vont devoir se parler. Les programmes albertains vont-ils devoir suivre les consignes du ministère de l’Ontario?
, donne-t-il en exemple. Ce n’est vraiment pas simple.
Il émet également une mise à en garde à ceux qui voient l’Université d’Ottawa comme une sauveuse.
« Si on a créé l’Université de l’Ontario français, c’est parce qu’il y a des Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes qui sont déçus du modèle de gouvernance de l’Université d’Ottawa, qui est une institution bilingue. »
Dans une institution bilingue, on fonctionne dans les deux langues. Les francophones et anglophones sont intégrés dans les même facultés
, rappelle-t-il.
À son avis, le Campus Saint-Jean et l’Université de l’Alberta sont plutôt fondés sur le principe de la dualité, avec un campus exclusivement francophone et plusieurs campus exclusivement anglophones.
Reste à voir si, avec des négociations, le Campus Saint-Jean pourrait conserver son caractère exclusivement francophone, car je crois qu’il détonne avec le modèle de gouvernance de l’Université d’Ottawa
, conclut Rémi Léger.