Que du noir où se perdre, de Lyne Richard

L'autrice Lyne Richard
Photo : Sylvain Bruneau
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Lyne Richard fait partie des 21 personnes en lice pour le Prix du récit Radio-Canada 2020.
Qui suis-je?
Je suis poète, nouvelliste et romancière et je vis à Québec. Je consacre la majeure partie de mon temps à la création d’œuvres littéraires et visuelles. J’ai publié neuf recueils de poèmes, deux romans – Le bruit des oranges et Ne dites pas à ma mère que je suis vivant –, un roman pour adolescents et trois recueils de nouvelles, Il est venu avec des anémones, Hurler sans trop faire de bruit et Les cordes à linge de la Basse-Ville.
Mon récit en quelques mots
Texte qui raconte comment la beauté et les dépressions de ma mère ont laissé des traces indélébiles.
Ma source d’inspiration pour ce texte
Depuis quelque temps, j’écris beaucoup sur ma mère. Sans doute parce qu’elle va me quitter bientôt. Si je revisite mon enfance, deux images très fortes sont ancrées dans ma mémoire : ma mère, si belle, appliquant soigneusement son rouge à lèvres, et moi, la regardant, silencieuse et recueillie, et quand elle pleurait, souvent dans la cuisine ou au bord de son lit le matin et que j’observais, sans comprendre tout à fait, les effets de cette étrange maladie que mes parents nommaient dépression.
Les premières lignes de mon récit
Ma mère était belle. Une beauté qui dérangeait, qui montrait ses cuisses. Qui mettait le feu aux regards avant de s’évader entre quelques chuchotements. Des yeux tragiques. Comme la nuit qui l’emportait, parfois. On appelle ça la mélancolie. C’est beau pour bien du monde sauf pour ceux qui la portent. Ma mère n’était pas de l’écriture ni du violoncelle. Laver la vaisselle et porter nos vies au bout du chemin lui suffisait amplement. Éplucher les légumes, un ou deux téléromans. Du dehors, ma mère avait une vie aussi simple que celle des moineaux. C’est dans sa tête qu’il y avait des gouffres.
Véritable tremplin pour les écrivaines et écrivains canadiens, les Prix de la création Radio-Canada sont ouverts à toute personne qui écrit, de façon amateur ou professionnelle. Ils récompensent chaque année les meilleurs poèmes, nouvelles et récits inédits soumis au concours.
La gagnante ou le gagnant remportera :
- la publication de son texte sur Radio-Canada.ca;
- une résidence d'écriture de deux semaines au Banff Centre des arts et de la créativité en Alberta;
- une bourse de 6000 $, offerte par le Conseil des arts du Canada.
À écouter :
- La déesse des mouches à feu, lu par Karelle Tremblay
- Le balado On connaît tous quelqu'un
- D'un destin à l'autre, 6 portraits d'adoption