La production de semences locales, un savoir-faire crucial pour la biodiversité

Niklaus Forstbauer présente fièrement son entreprise familiale de légumes biologiques. L'agriculture est une vraie passion pour lui.
Photo : Radio-Canada / Camille Vernet
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Que ce soit pour les jardiniers amateurs ou pour les fermiers, les semences nécessaires à la production de légumes se sont faites rares en Colombie-Britannique au début de la pandémie. Cette pénurie a toutefois suscité un regain d'intérêt pour la production de semences locales, un art peu connu et pourtant important pour soutenir la sécurité alimentaire ainsi que la biodiversité.
Pour l'agriculteur Niklaus Forstbauer, qui cultive des aliments biologiques à Chilliwack, produire ses propres semences est une passion.
Il y a tellement de potentiel pour la vie dans cette toute petite graine. [...] Toutes les connaissances et les informations stockées dans cette graine se transmettent à la génération suivante.
Cette information génétique se perd toutefois à un rythme alarmant, soutiennent des experts.
La diversité : pour un système alimentaire résilient

La ferme Forstbauer produit ses propres semences de haricots, carottes et courgettes.
Photo : Radio-Canada / Camille Vernet
Selon un rapport (Nouvelle fenêtre) de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 75 % de la diversité des cultures a été perdue entre 1900 et 2000.
Cette perte pourrait compromettre notre alimentation. Cela réduit notre efficacité face aux défis croissants du changement climatique
, a déclaré dans le rapport M. José Graziano da Silva, directeur général de la FAO.
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Les semences produites localement pourraient être une solution pour favoriser la résilience de notre système alimentaire.
Lorsque vous faites pousser des semences dans un environnement ou dans une ferme particulière pendant de longues périodes, cette culture sera mieux adaptée à cet environnement
, explique Chris Thoreau, producteur de semences et secrétaire du conseil d'administration de BC Eco Seed Co-op.
Favoriser l’économie locale

Niklaus Forstbauer réside sur la ferme avec son frère, sa soeur, son père et ses 7 enfants.
Photo : Radio-Canada / Camille Vernet
Selon M. Thoreau, les agriculteurs de la Colombie-Britannique sont les plus gros consommateurs de semences biologiques au Canada. Ils dépensent près de 10 millions de dollars par an pour obtenir les précieuses graines.
Pourtant, en Colombie-Britannique, il n'existe pas de production de semences de légumes à grande échelle. La demande de produits biologiques locaux augmente, mais l'offre de semences biologiques locales ne suit pas.
C'est ce potentiel de développement qui a permis la création de BC Eco Seed Co-op, qui rassemble les multiples petits producteurs de semences de la région.
L'objectif était d'avoir une communauté de cultivateurs qui travaillent en collaboration pour produire des semences
, note M. Thoreau. L’agriculteur fait pousser la graine et la transmet à la coopérative, qui se charge de la commercialisation, de la vente, de l’emballage, de l’expédition et de tout le reste.
Pandémie oblige, les ventes de la coopérative BC Eco Seed ont doublé par rapport à 2019. C’est un peu une tendance quand les choses semblent devenir un peu difficiles : les gens font des réserves de graines
, dit Chris Thoreau.
Un travail difficile mais gratifiant

Il existe de nombreuses façons de vendre des légumes biologiques au public, mais le marché des semences est plus restreint et plus difficile d'accès.
Photo : Radio-Canada / Camille Vernet
Cultiver des semences biologiques demande beaucoup de travail et de compétences. Pour les passionnés, ce savoir-faire permet un lien plus fort avec le fermier et avec la communauté où elles sont cultivées.
Lorsque je reçois des semences d’un autre agriculteur, il y a quelque chose, vous savez, de presque spirituel à savoir que leurs mains ont travaillé ces semences et qu’il y a quelque chose qui est transmis de vraiment précieux
, confie Niklaus Forstbauer.