Un Québécois fait une première projection architecturale sur une fusée

Lors de la projection de PaintScaping, on pouvait voir un rappel de l’histoire de United Launch Alliance, de John Glenn, le premier Américain à effectuer un vol orbital, jusqu’au futur de la société spatiale. Six projecteurs Christie 45 000 lumens ISO ont été utilisés.
Photo : ULA
Une projection architecturale 3D sur une fusée avant son lancement, au Cap Canaveral, a été réalisée par l’entreprise d’un artiste québécois. Philippe Bergeron, installé à Los Angeles depuis 34 ans, est le cerveau derrière cette première. Une compagnie qu’il a créée... à partir d’une erreur.
En 2009, Philippe Bergeron projetait une image dans le jardin de sa maison californienne. Par erreur, j’ai touché ma souris et j’ai peinturé une roche. Ça a changé ma vie. Vraiment et instantanément. Par la suite, j’ai pris une marche pour comprendre l’impact de ma découverte
, raconte-t-il en entrevue téléphonique.
Je pensais que j’avais inventé ça, puis j’ai réalisé plus tard que ce n’était pas le cas. Je me sentais comme Thomas Edison, sans savoir que je n’avais rien innové.
C’est après cette découverte
que Philippe Bergeron cofonde la compagnie PaintScaping, société de projection architecturale 3D qui s’est maintenant imposée comme un incontournable aux États-Unis.
Des réalisations partout aux États-Unis
Outre cette œuvre sur la fusée, l’entreprise de Philippe Bergeron a réalisé la plus grande projection jamais créée aux États-Unis sur le Park MGM, à Las Vegas, pour le spectacle en résidence de Britney Spears en 2018, qui malheureusement a été annulé par la suite.
L’entreprise a aussi participé au vidéoclip de Calvin Harris et Rihanna, This Is What You Came For.
PaintScaping a également réalisé des projections aux zoos de San Diego et de Los Angeles, sur des édifices ou des maisons.
Peu de projections au Québec
Ironiquement, PaintScaping a peu travaillé au Québec, sauf en 2013. L’entreprise a réalisé une projection sur le Palais Montcalm, pour le Carnaval de Québec, une expérience dont il se souviendra toujours. Imaginez amener votre équipe de la Californie au Québec en hiver alors qu’il fait -40. Heureusement, les projecteurs émettent beaucoup de chaleur. On s’y retrouvait derrière comme si c’était un feu de foyer
, dit-il en rigolant.
Mais sur le plan météorologique, ce n’était pas la pire épreuve de la compagnie. On a tout vu, de la tempête de sable en Arizona au blizzard à Telluride
, raconte Philippe Bergeron.
Les projections racontent une histoire
Faire des projections architecturales est plus compliqué que de faire un diaporama sur un bâtiment ou un objet. Ce sont des images qui sont alignées avec la réalité et le lieu où elles sont projetées. Ça ne marche que sur l’endroit pour lequel [le spectacle] est conçu
, explique Philippe Bergeron.
Le Québécois explique que ces projections sont très compliquées à réaliser sur le plan technique. D’ailleurs, avant même de penser à l’histoire que va raconter le spectacle, l’entreprise doit s’assurer qu’il est possible de le faire techniquement. Il faut être très précis, car si ça ne colle pas, c’est horrible, c’est comme regarder [quelque chose] à travers des lunettes mal ajustées.
Et sur quel endroit au Québec rêverait-il de faire une projection? Sans hésiter, il nomme l’oratoire Saint-Joseph. Je ne sais pas si ça serait possible, mais j’aimerais le faire en 360, et ça serait très respectueux. Le stade olympique est aussi très intéressant.
Comédien dans Les Soprano et Iron Man
Si Philippe Bergeron se concentre maintenant à son entreprise, sa première carrière a été comme comédien lors de son arrivée à Los Angeles, où il est parti après ses études à l’Université de Montréal.
J’ai commencé à faire du stand up et de l’impro, puis j’ai commencé une carrière d’acteur grâce à mon accent [en anglais] que j’ai gardé. Je trouve que l’erreur, c’est de ne pas utiliser son accent. Donc je suis devenu unique et ça donne un air d’authenticité. J’ai peu joué des rôles d’Américains
, explique-t-il.
Son accent lui a donc permis de tourner dans plusieurs films et séries télévisées, dont Iron Man 2, Mad Men, Rush Hour 3, The Family Man, Contact avec Jodie Foster et Godzilla avec Jean Reno. Il a même joué un mafioso québécois dans Les Soprano.
Il raconte que les plateaux de ces séries et films américains sont énormes, mais qu’après la surprise initiale, c’est un travail comme un autre.
C’est intimidant lors des cinq premières minutes. Puis tu te mets au travail une fois que les caméras commencent à tourner. Le plateau de Contact, avec Jodie Foster et Matthew McConaughey [en 1997], était énorme.
Outre le travail de sa compagnie, Philippe Bergeron fait encore quelques voix hors champ. Il est notamment la voix de Walt Disney pour certaines campagnes de promotion de films au Canada.
La carrière de Philippe Bergeron a commencé au Québec lorsqu’il a coréalisé en 1985 avec Pierre Lachapelle, Pierre Robidoux et Daniel Langlois le court métrage d’animation par ordinateur Tony de Peltrie, le film de clôture au SIGGRAPH à San Francisco. Il s’agissait du premier être humain synthétique à véhiculer des émotions. La revue Time a souligné que c’était une première.
À voir :
Dans cette vidéo, Philippe Bergeron montre et explique en anglais l’arrière-scène de la projection sur le Park MGM à Las Vegas.