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Pour acheter des vaccins, les pays pauvres écrasés par les pays riches

Un scientifique travaillant dans un laboratoire.

Tous les pays du monde auront-ils un accès égal au vaccin contre la COVID-19?

Photo : Reuters / Anton Vaganov

Agence France-Presse
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Dans la course au vaccin contre la COVID-19, les inégalités de richesse entre pays pourraient jouer, prévient Richard Hatchett, directeur général de la Coalition pour l'innovation en matière de préparation aux épidémies (CEPI). Celui-ci dit craindre que les pays riches ne s'accaparent les doses du remède, laissant les pays pauvres derrière.

Le travail de M. Hatchett consiste pourtant à s'assurer que les futurs vaccins contre le nouveau coronavirus seront partagés équitablement dans le monde, mais les États-Unis, l'Europe et d'autres pays riches ont déjà réservé les premières doses.

Sept mois seulement après le début de la pandémie, et avant même que des essais cliniques de vaccins expérimentaux aient abouti, quelques pays développés (États-Unis, Union européenne, Royaume-Uni, Canada, Japon) ont commandé pour leurs populations un total d'au moins 3,1 milliards de doses, selon un comptage de l'AFP. Donald Trump a été le pionnier : son gouvernement a signé des contrats garantissant au moins 800 millions de doses auprès de six fabricants, pour 330 millions d'habitants, à livrer dès la fin de l'année pour une partie d'entre elles.

Les États-Unis sont potentiellement en situation d'avoir trop de vaccins si tous les projets dans lesquels ils ont investi réussissent, dit Richard Hatchett depuis Londres, dans une entrevue accordée à l'AFP.

Cet Américain dit comprendre que les dirigeants nationaux servent leurs citoyens en priorité, mais appelle Washington à se comporter en leader mondial et à partager ses doses avec d'autres pays. Ce qui ne fait pas partie, à ce jour, des projets du président Trump.

Nous devons persuader les dirigeants mondiaux que les premières quantités limitées de vaccins devront être partagées mondialement, il ne faut pas qu'une poignée de pays ait la main sur tous les vaccins qui seront produits dans la première moitié de 2021, plaide Richard Hatchett, qui veut absolument éviter le scénario de 2009, quand les pays riches avaient réservé les premiers vaccins contre la grippe H1N1.

Je suis préoccupé, ajoute-t-il.

La situation au Canada

Le gouvernement canadien a annoncé avoir réservé jusqu'à 190 millions de doses de vaccins contre la COVID-19, en vertu d'ententes de principe avec quatre firmes différentes.

Les premiers vaccins pourraient être disponibles au premier trimestre de l'an prochain si les essais sont couronnés de succès.

Dans le cadre de la campagne (ultimement perdue) pour obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations unies, le Canada, par la voix du premier ministre Justin Trudeau, s'était engagé à verser 600 millions de dollars sur cinq ans à l'Alliance pour le vaccin, un regroupement devant permettre à plus de 300 millions d'enfants d'être vaccinés contre diverses maladies, notamment la COVID-19.

Un programme international en retard

Un dispositif a été monté pour acheter et distribuer équitablement 2 milliards de doses en 2021, baptisé Covax, à l'initiative de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), de la CEPI et de l'Alliance pour le vaccin (GAVI). Quatre-vingt-douze pays en développement et 80 pays développés y ont adhéré, et l'Union européenne a annoncé lundi une contribution de 400 millions d'euros.

Mais Covax n'a, à ce stade, acquis que 300 millions de doses auprès d'AstraZeneca, groupe pharmaceutique qui a séparément signé des partenariats avec les États-Unis, l'Europe, la Russie, la Corée du Sud, la Chine, l'Amérique latine, le Brésil. Novavax, une biotech américaine, a quant à elle signé un partenariat avec un groupe indien pour produire jusqu'à un milliard de doses de son potentiel vaccin en Inde.

Les négociations de la CEPI, principalement financée par des dons publics et privés, dont la fondation Gates, sont en cours avec les autres laboratoires, mais aucun contrat n'a été annoncé. Pas même avec la firme américaine en biotechnologie Moderna, dans laquelle la CEPI a pourtant investi très tôt. Les quelques millions de dollars donnés à Moderna pèsent peu face aux 2,5 milliards de dollars accordés ensuite par le gouvernement américain.

Bien que nous restions en contact avec Moderna, pour un si petit investissement, on ne peut pas avoir la même exigence, reconnaît Richard Hatchett.

Le but idéal de l'OMS est de vacciner la planète selon un ordre de priorité indépendant des nationalités, en commençant par les 20 % de gens les plus vulnérables de chaque pays, dont le personnel médical, avant de passer aux autres.

Je comprends pourquoi ils le font, mais il est malheureux que des gouvernements achètent plus de vaccin que nécessaire pour ces vaccinations prioritaires, dit le patron de la CEPI.

La coalition pense qu'avec 172 membres de Covax, elle peut pourtant négocier de bons prix.

C'est l'une des raisons pour lesquelles nous demandons aux pays de confirmer leur engagement dans le dispositif, plaide-t-il. Plus le nombre de pays négociant ensemble sera important, plus notre pouvoir d'achat sera élevé et plus le prix sera intéressant.

Mais l'Union européenne a scellé ses propres accords avec les grands laboratoires et n'a pas dit si le bloc utiliserait le dispositif de l'OMS.

À plus long terme, Richard Hatchett dit que la CEPI doit encore lever de 700 à 800 millions de dollars américains sur les 2,1 milliards nécessaires pour continuer la recherche de vaccins. Car rien ne garantit que les développements en cours aboutiront.

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