Des applications de rencontre pour musulmans cartonnent pendant la pandémie

Si les applications de rencontre pour musulmans Muzmatch et Minder ont gagné en popularité ces dernières années, elles ont vu une augmentation encore plus importante de leur nombre de téléchargements et de leur niveau d’utilisation durant la pandémie.

L’application de rencontre Minder, lancée en 2015, a vu une augmentation de 20 % de son nombre de téléchargements dans le monde pendant la pandémie.

Muzmatch, lancée en 2014, a pour sa part noté un nombre de téléchargements de 45 % supérieur à la normale dans le monde et de 16 % plus élevé au Canada en mars. Ce dernier a également enregistré une augmentation de 8,7 % du nombre d'assortiments amoureux proposés par la plateforme, révélant une augmentation de son nombre d’utilisateurs.

Une autre application de rencontre, Hawaya, lancée au Canada en mars dernier, a enregistré une augmentation de 200 % du nombre de balayages de ses utilisateurs canadiens, entre mai et juin.

Pandémie et cercle social limité

Yasir Sherazi, un résident de Calgary, a téléchargé l’application Minder en début d’année, mais n’a commencé à l’utiliser que lorsqu’il a pris conscience que la pandémie était là pour rester.

Je me suis davantage intéressé à cette application et j'ai commencé à l'utiliser davantage, indique-t-il.

Vous êtes plus souvent à la maison, ne sortez pas beaucoup et ne rencontrez pas autant de monde qu’avant, c'est ma principale raison.

Les raisons évoquées par le Calgarien trouvent écho auprès de nombreux autres utilisateurs qui ont récemment franchi le pas du jumelage en ligne.

Après avoir constaté l'augmentation du nombre de téléchargements, l’équipe de Muzmatch a décidé de sonder ses utilisateurs afin de savoir si la pandémie rendait difficile la recherche d’un conjoint et 83 % des personnes sondées ont répondu par l’affirmative.

Nous pensions qu'il y aurait peut-être eu du temps pour l'introspection ou que les gens trouveraient que l'environnement [de la pandémie] serait un peu trop triste pour trouver l'amour, a déclaré le responsable du marketing produit pour Muzmatch, Sim Ahmed, avouant que son équipe avait trouvé ces résultats assez surprenants.

Je pense que les temps incertains donnent envie aux gens de trouver une sorte de stabilité et de certitude et il n'y a rien de plus sûr que d'avoir un être cher auquel vous pouvez vraiment vous accrocher et vous connecter, ajoute-t-il.

Fenêtres sur le monde

À la recherche de cette connexion, Yasir Sherazi, a eu quelques jumelages qui n’ont toutefois pas porté fruit, d'abord parce qu’il n’était pas dans la même ville que la plupart des personnes proposées et qu’aucune des deux personnes n’envisageait de déménager.

Ensuite, parce que même si l'application est de plus en plus populaire, il semble toujours y avoir une stigmatisation associée au jumelage d’une personne en ligne, considérée comme une rencontre qui est interdite dans l’islam.

Yasir Sherazi précise que de nombreux groupes existent sur des réseaux sociaux tels que Facebook et Whatsapp dans le seul but de faire des rencontres.

Les familles des prétendants y publieraient des autobiographies complètes comprenant certains détails comme le nom, la carrière, le lieu de résidence, voire la taille et le poids de la personne célibataire.

Contrairement à ses cousins ​​traditionnels Tinder et Bumble, les applications pour musulmans n’offrent pas l’option de se limiter à une zone en particulier. Ainsi, les musulmans de l'Alberta peuvent correspondre avec tous les utilisateurs du monde.

Selon Muzmatch, les trois premiers pays avec lesquels la plupart des Canadiens correspondent à l'extérieur du Canada sont les États-Unis, le Maroc et le Royaume-Uni.