Les comportements sexuels non désirés au Nord enfin quantifiés

Les comportements sexuels non désirés sont plus fréquents dans les villes qu'en milieu rural selon une étude de Statistique Canada.
Photo : Radio-Canada / Philippe Morin
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Une première étude de Statistique Canada sur les comportements sexuels non désirés dans les territoires permet aux organismes de sensibilisation d’obtenir des données jusqu’ici inexistantes.
L'étude menée en 2018 (Nouvelle fenêtre) démontre que 48 % des femmes et 32 % des hommes sondés au Yukon, aux Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.) et au Nunavut ont subi des comportements sexuels non désirés dans un lieu public, au travail ou encore en ligne.
L’étude définit ces comportements comme étant par exemple des sifflements, des regards, des interpellations, un langage corporel suggestif, mais s'est surtout penchée aussi sur des attouchements non désirés.
Le quart des femmes ont par ailleurs affirmé avoir subi ce type de comportement plus de deux fois dans la même année, généralement de la part d'un homme inconnu.
Les répondants appartenant à des groupes minoritaires étaient plus susceptibles de rencontrer des comportements non désirés, tels que 24 % chez les femmes LGBTQ2+, 15 % chez les femmes célibataires ou 13 % chez les femmes ayant une incapacité physique ou mentale.
Des trois territoires, c'est le Yukon qui affiche la plus forte prévalence suivi des T. N.-O. et du Nunavut, un classement que l’auteur, Samuel Perreault, explique par le fait que le phénomène soit plutôt urbain.
« Les gens qui ont subi des comportements sexuels non désirés, particulièrement ceux qui en ont subi plusieurs, étaient plus susceptibles de déclarer une consommation de drogues, d’alcool, ou avoir une moins bonne santé mentale. »
Pas de surprise chez les organismes communautaires
La directrice de la Direction de la condition féminine du Yukon, Hillary Aitken, n'est pas étonnée des conclusions du rapport.
« [L’étude] attire l’attention sur une vérité difficile, mais malheureusement nous savons que les femmes et les filles sont plus souvent victimes de violence basée sur le sexe donc ces résultats ne sont pas une surprise. »
Elle se réjouit toutefois d’avoir ces nouvelles statistiques précises pour les territoires en main.
Les données pour les territoires sont toujours plus difficiles à obtenir et mettent plus de temps en raison de la taille des échantillons. Le seul fait d’avoir pris le temps de fouiller la réalité nous aidera
, dit Mme Aitken.
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La directrice du refuge pour femmes Kaushee's à Whitehorse, Ketsia Houde, salue également l’initiative.
« De voir ce genre de rapport nous montre que oui, nous sommes entendues, qu’il faut avoir un accent sur les territoires qui sont différents, qu'il s'agit d'une population particulière et que c’est possible d'établir des statistiques sur ces populations-là. »
Ketsia Houde ajoute que cette étude met au jour une culture encore présente dans la société, mais elle a bon espoir, après plus d’une décennie dans le milieu de la représentation féminine, que ces tendances vont s'améliorer.
Le gouvernement vient tout juste de mettre de l’appui à une équipe d’intervention dans les cas d’agressions (Nouvelle fenêtre) à caractère sexuel, donc on a augmenté les services [...] à l’hôpital, auprès de la police, il y a maintenant une ligne d’aide, il y a du personnel pour accompagner les victimes le soir, la fin de semaine. [...] Les choses changent [mais ça semble des fois] toujours très lent
, avance Mme Houde.
Une première étude, mais peut-être pas la dernière
L’analyste Samuel Perreault explique que cette étude est d’intérêt puisqu’elle ne s’attarde pas aux études cycliques des comportements de nature criminelle.
Ce qui nous manquait comme bouts d’informations c’est tous les comportements qui vont affecter la sécurité des gens, mais qui ne sont pas nécessairement toujours de nature criminelle, ou qui sont sur la limite de ce qui pourrait être considéré criminel.
, explique l'analyste.
Samuel Perreault ne peut affirmer avec certitude si une autre étude du genre sera tenue dans l'avenir, mais qu’il s’agit d’une possibilité.