La transformation immobilière de l’île des Sœurs inquiète ses résidents
De plus en plus de tours poussent sur l'île des Sœurs, ce qui en change substantiellement le panorama.

L'île des Sœurs a la cote en matière d'immobilier présentement.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2020 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'immobilier va bien à Montréal et, parmi les endroits qui ont la cote, il y a l'île des Sœurs. L'arrivée du REM qui permettra dès l'an prochain de relier l'île au centre-ville en six minutes y est pour beaucoup. L'île est en train de changer, les tours poussent et bien des résidents sont inquiets.
L'île des Sœurs est composée de quatre kilomètres carrés de quartiers verdoyants à l'entrée de Montréal, où 21 000 personnes habitent. Parmi eux, plus de 3000 sont installés sur la pointe nord, dans un tout nouveau quartier juste à côté du pont Samuel-De Champlain.
En quelques années seulement, la vue a changé radicalement quand on arrive de la Rive-Sud, et les tours poussent encore.
« J'ai connu l'île des Sœurs à l'époque où il y avait 5000 personnes [...]. Je ne vois pas une île des Sœurs à 30 000 ou 35 000 personnes, ce serait selon moi invivable. »
L'île est reliée à Montréal seulement par les autoroutes 10 et 15. Elle manque d'infrastructures, mais aussi de certains services. On a dû, par exemple, ouvrir des classes de primaire dans un immeuble de bureaux par manque d'espace dans les deux écoles existantes. Mais avec la vigueur du marché immobilier et, surtout, grâce à l'arrivée du Réseau express métropolitain (REM) l'an prochain, les résidents savent que leur île sera plus attrayante que jamais.

L'Île-des-Soeurs est un secteur en pleine effervescence où la construction de tours à condos bat son plein. L'arrivée du REM qui permettra de se rendre au centre-ville en six minutes y est pour beaucoup. Mais certains résidents ne partagent pas cet engouement. Reportage de Jean-Sébastien Cloutier.
Montréal propose un plan particulier d'urbanisme, un PPU, pour encadrer les promoteurs et prévoir l'aménagement de tout le secteur du nord de l'île.
Ce qui est mentionné dans le document du PPU, c'est que ces bâtiments vont disparaître. Derrière, il va y avoir un secteur résidentiel, et ce qu'il propose, c'est que les édifices soient tous collés sur le bord de la rue
, dit Daniel Manseau, président de l'Association des propriétaires et résidents de l'île des Sœurs.
Cette association s'inquiète. L'île des Sœurs, selon elle, ne doit pas devenir un deuxième Griffintown.
« On veut un développement harmonieux avec le quartier et avec la nature qui existe dans le quartier. On veut des études qui nous prouvent que les infrastructures sont capables de recevoir 25 000 ou 30 000 personnes. On veut aussi une planification des achats de terrain pour les équipements collectifs de proximité. »
Le maire Jean-François Parenteau se fait rassurant. Ce qui est proposé avec le plan métropolitain d'aménagement, on parle de 110 personnes à l'hectare. Si on fait un comparable, si on prend Griffintown, c'est 150 personnes à l'hectare
, soutient-il.
Il promet que les nouveaux quartiers auront 30 % d'espaces verts, que les stationnements seront surtout souterrains et que les futures tours autour du REM ne dépasseront pas celles déjà construites. Actuellement, la plus haute compte 36 étages.
On vise des tours de hauteurs variables, allant de 58 à 72 mètres, explique le maire de l'arrondissement de Verdun.
« On ne veut pas des tours collées et toutes de la même hauteur, on veut une variation et que ce soit respectueux, et on veut surtout que la lumière percole à l'intérieur. »
Mais c'est de l'autre côté, au sud, que s'apprête à être construit le plus haut gratte-ciel de l'île des Sœurs : une tour de 42 étages. Il s'agit de la troisième phase du projet Symphonia qui offrira à terme 900 unités résidentielles. Tout est conforme aux règles, le zonage est respecté, mais plusieurs se demandent quel effet aura ce projet sur la circulation dans l'île.
Quoi qu'il en soit, tous ces nouveaux développements ont la cote chez les acheteurs, tout comme le marché des immeubles déjà existants.
Pour l'agente immobilière Diane Lorrain, l'engouement pour l'île se fait particulièrement sentir depuis l'an dernier. Les propriétés se vendent rapidement, dit-elle.
« Les gens veulent être à l'île des Sœurs, oui. Définitivement. Ça va vraiment très bien, on se trouve souvent dans des situations d'offres multiples, ce n’est pas rare de voir 2, 3, 4, 5 offres sur un produit après seulement une semaine sur le marché. On ne vivait pas ça souvent, maintenant on vit ça presque constamment. »
Sa clientèle recherche la tranquillité de l'île et la proximité du centre-ville. Des atouts énormes pour des gens plus aisés... L'arrivée prochaine du REM ne fait qu'accroître leur intérêt.