Rentrée scolaire : quel soutien pour les élèves ayant des besoins spéciaux?
De nombreux parents ont encore beaucoup de questions quant au soutien que recevront leurs enfants.
Photo : Reuters / Stephane Mahe
À deux semaines de la rentrée scolaire en Ontario, les familles ont reçu peu d’informations sur les services de soutien qui seront offerts. Certaines ont peur que leurs enfants aient de la difficulté à rattraper le retard qui s’est créé les derniers mois.
Valérie Thibodeau s’inquiète pour sa fille de huit ans qui commence la troisième année.
Cette dernière a des troubles d’apprentissage et des difficultés de motricité. Normalement, elle reçoit un soutien régulier à l’école d’une variété de professionnels, comme des orthophonistes, physiothérapeutes et ergothérapeutes.
Il s’agit de services externes offerts par des bureaux de santé, en collaboration avec les conseils scolaires.
La mère de famille s’inquiète que le soutien ne soit pas adéquat cette année, alors que sa fille a besoin de rencontres individuelles régulières avec une certaine proximité physique pour développer sa motricité fine, comme apprendre à tenir un crayon correctement.
Ma fille a tellement besoin d’aide, et je ne suis pas équipée pour lui montrer ce dont elle a besoin
, explique-t-elle.
À deux semaines de la rentrée, Valérie n’a reçu aucun détail sur les services qui seront disponibles, même si elle reconnaît que le conseil scolaire et la direction de l’école tentent de tout faire ce qui est en leur possible pour l’appuyer dans ce cheminement.
J’ai l’impression que les enfants qui ont des handicaps invisibles comme les difficultés d’apprentissage vont être laissés entre les craques à cause de la COVID.
Rattraper le retard
D’autres familles se préoccupent d’un certain retard à combler dans l’apprentissage de leurs enfants, comme Priscilla Paquette, une mère de famille de Hawkesbury.
Elle a trois enfants, dont un qui commence la cinquième année et qui souffre d’un trouble du déficit de l’attention.
L’enseignement à distance a été difficile pour son fils, explique Priscilla. C’est l’une des raisons pour lesquelles elle a opté pour l’enseignement en salle de classe dès septembre.
J’ai peur pour lui. Avec l’idée qu’il n’a même pas complété sa quatrième, je suis inquiète.
Malgré les circonstances, elle demeure tout de même confiante pour l’année scolaire : On va y aller un jour à la fois, on n’a pas le choix
, partage-t-elle.
Jean-François Gagné, un père de famille de Timmins, a lui aussi pris une décision similaire pour son fils de 13 ans qui a des troubles d’apprentissage et d’écriture.
En retournant en salle de classe, son fils aura ainsi à nouveau accès à une travailleuse sociale, explique-t-il. Il craint que ce ne soit pas le cas en choisissant l’enseignement en ligne.
S’il reste à la maison, il perd l’avantage de la travailleuse sociale. Il en a besoin parce qu’il a des troubles d’apprentissage et des troubles d’écriture.
Jean-François affirme avoir reçu encore très peu d’information jusqu’à maintenant sur le fonctionnement de ces services cette année.
À quoi s’attendre?
Certains détails à ce sujet ne seront finalisés qu’en début d’année scolaire.
À titre d’exemple, le Conseil des écoles publiques de l'Est de l'Ontario explique que les plans d’enseignement individualisé (PEI) des élèves à besoins particuliers seront développés et monitorés
en fonction d’un inventaire qui se fera au début de l’année sur les apprentissages de chacun.
Le conseil scolaire Viamonde explique quant à lui que les protocoles avec les bureaux de santé sont en train d’être finalisés afin de continuer à proposer des services externes offerts aux élèves
.
Pour ce qui est du soutien à distance, Viamonde dit être en train de mettre en place des ressources et formations pour que les différents intervenants puissent adapter leur approche.
Lors de l’annonce de son plan pour la réouverture des écoles, le gouvernement de l’Ontario a annoncé un financement de 10 millions $ pour des services aux élèves ayant des besoins spéciaux.
Une période d’adaptation
L’Association ontarienne des techniques d’éducation spécialisée, qui représente les professionnels du milieu, fait remarquer qu’encore beaucoup de questions demeurent en suspens.
Nos membres réfléchissent 24 heures sur 24 aux moyens de se préparer à la rentrée, en fonction de l’information qui leur est acheminée.
Brittany Parsons explique que certaines réponses ne seront obtenues qu’après la rentrée scolaire, notamment en ce qui a trait à la forme que prendront les interventions et aux restrictions qui seront imposées.
Notre souhait est que les parents trouvent un certain réconfort
, affirme-t-elle.
Informer l’école à l’avance
Afin que tout le monde soit bien préparé, la présidente de la Coalition ontarienne de l’autisme, Laura Kirby-McIntosh, recommande à tous les parents de ne pas attendre la rentrée avant de contacter la direction de l’école au sujet des besoins de leurs enfants.
On a peur que dans tout le chaos, les conseils scolaires et le gouvernement oublient de créer un plan détaillé pour nos élèves [ayant des besoins spéciaux].
Elle recommande donc aux parents de fournir un document qui contient une description des forces et besoins des enfants, en y décrivant les stratégies d’apprentissage qui ont été développées pendant le confinement et les retards qui ont été constatés.
Selon Laura Kirby-McIntosh, un document d’information peut permettre d’entamer un dialogue avec l’école avant même la rentrée scolaire pour permettre un ajustement plus efficace en cours de route.